Par Nicolas Lecaussin, diplômé de Sciences-po Paris, ancien président de l’iFRAP (Institut Français de Recherche sur les Administrations Publiques) et directeur de l’IREF (Institut de Recherches Économiques et Fiscales) ♦ Le Larousse nous apprend que l’adjectif (et nom) « bénévole » provient du latin « benevolus » et s’applique à une personne « qui apporte son aide volontaire et sans être rémunérée ». La définition est claire mais cela n’empêche pas le gouvernement de la dévoyer.
Un arrêté du 25 janvier dernier reprend une proposition socialiste de 2014. A l’époque, Madame Aurélie Fillipetti, ministre de la Culture, s’était émue du sort des bénévoles, et en particulier de ces gens qui participent à des « théâtres vivants », comme le Puy du Fou. Dans un grand élan de justice sociale, elle a estimé qu’il n’était pas normal que ces gens-là n’aient pas de statut : ils devraient être salariés. Trois ans plus tard, en mai 2017, un arrêté signé par les socialistes Bernard Cazeneuve et Audrey Azoulay réglemente le travail de ces personnes bénévoles. Et, enfin, un arrêté du 25 janvier 2018 institue un strict encadrement du statut de ces bénévoles qui participent à des spectacles payants.
On réglemente le nombre de spectacles auxquels les bénévoles peuvent participer, les autorisations accordées, la publicité pour les spectacles, les dates de représentations, les délais de programmation, etc… Toute une série de mesures contraignantes pour les milliers d’associations de bénévoles qui existent en France et qui vont sûrement tuer le bénévolat, au moins dans le secteur des spectacles. Bien entendu, la CGT-Spectacles, grand suppôt des intermittents, se réjouit de ces mesures liberticides.
Les agents de l’Etat ne comprennent pas ce que c’est qu’un bénévole. Donner volontairement de son temps, travailler sans avoir le statut de salarié, sans être rémunéré, est une aberration dans le pays de la lutte des classes et de l’Etat providence. Cette mesure va probablement décourager des milliers de bénévoles et obliger des dizaines d’organisateurs à réduite le nombre de représentations. Le bénévolat français se porte plutôt bien et montre un élan de solidarité assez remarquable dans un pays qui cultive l’assistanat. Le secteur compte environ 1.3 million d’associations et 13 millions de bénévoles. C’est donc assez impressionnant même si c’est moins qu’au Royaume-Uni ou en Allemagne (respectivement environ 15.2 millions et 23 millions de bénévoles). Le nombre de bénévoles compense, en partie, le retard pris par la France concernant les dons privés qui sont 6 fois plus importants au Royaume-Uni, 3 fois plus en Allemagne et 100 fois plus aux Etats-Unis !
Le bénévolat est une forme de liberté et une des réponses à l’Etat nounou. Ne tuez pas les bénévoles !
Nicolas Lecaussin
19/03/2018
Source : IREF – (Institut de recherches économiques et fiscales) – Pour la liberté économique et la concurrence fiscale.
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