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La sociologie politique des Etats-Unis plaide en faveur d’une victoire de Trump

La sociologie politique des Etats-Unis plaide en faveur d’une victoire de Trump

par | 4 novembre 2024 | Politique

La sociologie politique des Etats-Unis plaide en faveur d’une victoire de Trump

L’élection présidentielle américaine aura lieu ce mardi 5 novembre 2024 et son issue semble totalement imprévisible. Pour Polémia, Denis Bachelot, journaliste et essayiste, nous livre ses analyses sur ce qui peut faire basculer les élections en faveur de Donald Trump. Il avait déjà livré à nos lecteurs des éléments de réflexion passionnants sur cette échéance électorale américaine en 2016. Tout reste incertain pour cette élection mais vous trouverez dans le texte ci-dessous de nombreuses informations vous permettant d’y voir plus clair.
Polémia

Avantage à Donald Trump ?

L’entourage de Trump se dit résolument optimiste sur le résultat de l’élection. Les votes déjà réalisés donneraient un avantage aux camp républicain et les sondages, en dynamique, sont plutôt favorables à Trump. La barre des 270 grands électeurs qui permet la victoire est considérée comme acquise et les plus optimistes des républicains espèrent jusqu’à 300 grands électeurs en faveur de leur candidat.

S’il faut savoir tempérer les ardeurs militantes dans une scène électorale où bien des facteurs peuvent peser sur l’issue du scrutin, la fraude en faisant partie, quelques constats sociologiques permettent, cependant, d’appréhender les dynamiques en cours.

Le premier constat ponctuel porte sur la personnalité des candidats. En dépit de l’intense propagande médiatique qui a poussé sa candidature, la personnalité de Kamela Harris n’a pas tenu la route bien longtemps. Ses insuffisances notoires n’ont pu être dissimulées.

Mais, au-delà des limites de sa personne, les évolutions structurelles du paysage politique américain ne jouent pas en faveur de la candidate du Parti démocrate.

La stratégie communautariste en échec ?

Ce dernier a été pris à revers sur un aspect fondamental de sa stratégie politique qui consiste à jouer la carte des minorités, ethniques prioritairement, pour s’assurer un socle électoral puissant. C’est cette construction historique que la campagne actuelle semble avoir ébranlé, en amplifiant des évolutions qui se confirment au fil des ans.

La plus marquante est celle du vote communautaire noir, pilier traditionnel du vote démocrate. En 2016, Donald Trump avait obtenu 8% du vote afro-américain et 12% en 2020. Aujourd’hui, il serait crédité de 30% des voix noires. Une révolution dans le paysage politique américain si ce chiffre se confirmait.

Donald Trump a également renforcé ses soutiens au sein du vote latino.  En 2016, il avait remporté 28% de ce vote et 32% en 2020. Aujourd’hui, il obtiendrait 50% des voix issues du monde hispanique.  Des raisons économiques expliqueraient d’abord ces choix, l’inflation des dernières années a durement impacté le niveau de vie de populations les plus fragiles dont font partie ces minorités, mais aussi des classes moyennes. L’emploi n’est plus une garantie d’insertion sociale ni même de survie économique.

Mais la dimension idéologique du scrutin doit également être prise en considération. La culture woke, pur produit des classes blanches progressistes des métropoles urbaines, choque des populations qui restent globalement marquées par des cultures religieuses et patriarcales. Si ces populations peuvent trouver avantage à l’idéologie de la culpabilité historique du monde blanc, elles rejettent largement la culture woke de la déconstruction sexuelle. On peut évoquer, à ce titre, le choc qu’a représenté , en 2023,  pour le camp « progressiste »  la décision du premier conseil municipal musulman d’une ville américaine, celui de Hamtramck au Michigan, d’interdire le drapeau arc-en-ciel dans l’espace public.

Le contexte international impacte l’enjeu du scrutin

Toujours dans le Michigan, un des swings states qui déterminera l’issue du scrutin, des responsables religieux musulmans ont récemment pris parti pour le candidat républicain, en invoquant la volonté de Trump d’imposer un plan de paix au Moyen-Orient. Si la communauté musulmane accuse le gouvernement Biden d’être un complice actif de la guerre menée par Israël, une partie importante de l’électorat juif voit désormais dans le Parti démocrate une menace pour Israël au regard des évolutions de ses électeurs. La position du Parti républicain, résolument pro-israélienne dans le cadre d’un leadership américain assumé et tourné vers l’arrêt du conflit en cours, est mieux perçu à la fois du côté musulman et juif. Ce n’est pas le moindre des paradoxes de ce scrutin.

Les sondages sur l’électorat juif donnent des résultats contradictoires peu éclairants ; mais les Républicains espèrent au moins recueillir la moitié du vote juif, ce qui serait une première dans l’histoire américaine. Il est intéressant de noter, qu’en 2020, un sondage du VoteCast de l’Associated Press (AP) montrait que Trump avait remporté 30 % des votes juifs, contre 69 % pour Biden. C’était déjà six points de plus que sa performance de 2016, où il avait gagné 24 % des votes juifs, contre 71 % pour Hillary Clinton, selon un sondage du Pew Research Center réalisé à l’époque.

Le socle de l’électorat de Kamela Harris se définit à contrario par une très fort soutien du vote des femmes blanches des milieux urbains les plus éduqués et de l’ensemble des femmes noires. Un état de fait en faveur du camp « progressiste », déjà perceptible dans les deux précédents scrutins présidentiels. Une « genrisation » de la vie politique qui en dit long sur les évolutions de la société américaine, quel que soit le vainqueur qui sortira du vote du 5 novembre.

Denis Bachelot
04/11/2024

Denis Bachelot

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