Par Camille Galic, journaliste et essayiste ♦ Le 1er janvier 2021, la France exultait. Sur son site, la Sécu annonçait en effet en fanfare que, parce que « trop de Français renoncent à s’équiper d’une paire de lunettes à leur vue, à se faire poser une prothèse dentaire ou à s’équiper d’une aide auditive », « le Président de la République [s’était] engagé à ce que tous les Français aient accès à des soins de qualité intégralement pris en charge par la Sécurité sociale et leur complémentaire santé dans le domaine de l’optique, de l’audiologie et du dentaire ». D’où, à compter de ce jour bénit, le plan « 100% Santé » : « des soins et un large choix d’équipements de qualité pour tous, 100% remboursés ».
Les promesses n’engagent que ceux qui y croient
16 juin 2023. Cette fois, ce n’est plus le chef de l’État qui exige le maintien de cette gratuité des soins mais, interrogée par France Info, Marguerite Cazeneuve, directrice déléguée de la Caisse nationale d’assurance maladie, qui s’exprime. Pour avouer la baisse de la prise en charge des soins dentaires (et, bientôt, il en ira sans doute de même pour les lunettes et l’appareillage acoustique) de 70% à 60% à partir du 1er octobre 2023. La différence, qui représente 500 millions d’euros par an — exactement le prix de chacun des dix-huit canons automoteurs Caesar généreusement offerts à l’Ukraine —, devant être compensée par les complémentaires santé, lesquelles vont donc augmenter d’autant leurs tarifs. Qu’on se rassure toutefois : il ne s’agit pas de baisse mais, précise Mme Cazeneuve, de « répartition différente ». Ah qu’en termes galants ces choses-là sont mises !
Le Pouvoir a de la chance. Ce tripatouillage indigne a été éclipsé par le tremblement de terre survenu en Charente-Maritime et, surtout, par le dramatique naufrage au large de la Grèce d’un bateau transportant des migrants — d’ailleurs non équipés de gilets de sauvetage par les passeurs qui les auraient entassés à 750 sur un antique et minuscule chalutier, les vouant à la mort une fois leur fric encaissé, 3 500 à 6 500 euros par passager.
Sinon, certains auraient tenté de faire la comparaison entre les nouvelles restrictions et le scandale du Fonds Marianne créé après la décapitation du professeur Samuel Paty pour lutter en principe « contre le séparatisme », doté de 2,5 millions d’euros et dont la gestion avait été confiée à Marlène Schiappa, alors ministre délégué à la Citoyenneté : c’est en effet dans la plus totale opacité que dix-sept associations, dont la liste n’avait pas été divulguée, ont reçu des fonds, l’Union des sociétés d’éducation physique et de préparation militaire du très équivoque influenceur algérien Mohamed Sifaoui se taillant la part du lion avec près de 300 000 euros.
Un scandale sur lequel planche actuellement une commission sénatoriale et qui a déjà provoqué la démission du préfet Christian Gravel, bras droit dans cette affaire de Marlène Schiappa dont les laborieuses dénégations (« Je ne m’en occupais pas… Je ne savais rien… ») ont si peu convaincu les Pères conscrits et le public que le maintien dans un prochain gouvernement de la chouchoutte de Brigitte Macron relèverait de la provocation. Au fait, qu’est devenue l’enquête sur le fonds Marianne qu’avait dû ordonner Sonia Backès, successeuse de Schiappa à la Citoyenneté, et dont les conclusions devaient être rendues fin mai ? Comme le chalutier, elle semble elle aussi avoir sombré par le fond.
Une aide médicale ou cosmétique ?
Au demeurant, puisque l’État est si impécunieux qu’il est obligé de renier ses promesses, conseillons-lui de supprimer l’AME (instaurée en 2000 par Lionel Jospin, Chirac trônant à l’Élysée), comme le stipulait un amendement voté en mars au Sénat et, selon un sondage CSA pour CNews, approuvé par 66% de nos compatriotes, qui estiment avec Marine Le Pen qu’au lieu de « demander encore des sacrifices aux Français », il faut « arrêter d’offrir l’ensemble des soins aux clandestins ».
Car, destinée à tous les étrangers en situation irrégulière sur notre sol et concernant bon an mal an près d’un demi-million de clandestins avec « les personnes qu’ils ont à charge », l’Aide médicale d’État, dont le ministère de la Santé mais aussi celui de l’Intérieur font la retape, nous coûte 1,5 milliard d’euros chaque année. Ce qui signifie que sa suppression comblerait sur trois ans le manque à gagner pour la Sécu de la gratuité des soins dentaires… outre qu’elle dissuaderait nombre d’indésirables de s’installer en France.
Les partisans de cette aide d’État soutiennent évidemment qu’en soignant les clandestins, la France fait non seulement preuve de son grand cœur mais surtout — quel aveu ! — s’épargne les maladies contagieuses dont ces chances pour la France risquent d’être porteuses. Possible, mais on doute que ce soit également par prophylaxie que l’AME prend en charge les affections découlant de l’excision, les restaurations de l’hymen, les anneaux gastriques empêchant les obèses de se goinfrer et les rhinoplasties, certaines clandestines rêvant du nez de Meghan Markle, et autres exigences ayant peu à voir avec la Santé publique.
Si l’amendement voté par le Sénat venait un jour à être examiné par l’Assemblée nationale, quelle attitude pariez-vous qu’adopteraient alors le gouvernement et le parti Renaissance ?
Camille Galic
19/06/2023
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