On sait que l’assemblée nationale, réduite en réalité à 78 députés (sur 577 !), a voté le 28 mars dernier une proposition de résolution qui « condamne la répression sanglante et meurtrière des Algériens commise sous l’autorité du préfet de police Maurice Papon le 17 octobre 1961 ». Polémia a déjà rendu compte de ce qu’il fallait penser de ce prétendu « massacre », régulièrement invoqué depuis des années par une gauche soucieuse de faire oublier qu’elle a inventé le colonialisme et par une macronie aux abois, avide de flatter à des fins électoralistes, l’importante diaspora algérienne de France. Cette ridicule initiative du microcosme parlementaire illustre une fois encore la coupure entre le pays réel et le pays légal français. Mais elle montre aussi la volonté permanente du Pouvoir d’alimenter une repentance nationale maladive, destinée à nous rendre étrangers à nous-mêmes et mûrs pour la servitude. Dans ce contexte il nous a paru intéressant de remettre en ligne un texte de Michel Geoffroy paru en 2012 car il n’a rien perdu de son actualité, malheureusement.
Polémia
02/04/2024
Mauvaise nouvelle : la secte des repentants est de retour ! Elle se faisait plus discrète depuis quelque temps, élections obligent. Mais, une fois les électeurs rentrés à la niche, elle met un malin plaisir à réapparaître. François Hollande a ainsi découvert que la France devrait avoir honte de la « sanglante répression » du 17 octobre 1961, comme elle devrait aussi se repentir de la traite négrière après que l’intéressé se fut rendu au Sénégal. Il paraît que les membres d’une communauté noire autoproclamée souhaiteraient en conséquence bénéficier d’un droit à réparation qui ne soit pas seulement morale.
Le retour des flagellants
À la différence des flagellants d’hier, la secte des repentants ne s’inflige toutefois personnellement ni sévices ni privations ni mutilations.
Les repentants réservent cela aux autres, c’est-à-dire à nous les Français de souche. Eux se drapent dans la bonne conscience médiatique, et tout enduis de moraline, ils profèrent des jugements sans appel sur l’action passée de nos pères ou de nos ancêtres, en toute impunité. Car les repentants ne sont pas discrets : ils adorent jeter publiquement leurs anathèmes historiques.
La gauche repentante
La gauche anticléricale et anticolonialiste avait posé les fondements doctrinaux de la secte à la fin du XIXe siècle : en imposant une lecture idéologique de l’histoire de France, réduite aux grenouilles qui empêchaient les seigneurs de dormir, aux prisons de Louis XI, aux guerres de religion causées par les méchants catholiques, et à la Révocation de l’Édit de Nantes. En expliquant ensuite que c’était le patriotisme qui était coupable de la Grande Guerre.
Puis les Européens, et les Français en particulier, furent coupables du colonialisme, de la répression et de la torture en Algérie, du sous-développement et aussi du néocolonialisme. Ils furent aussi responsables de la faim en Afrique.
La droite repentante
Pour ne pas être en reste, les intellectuels médiatiques nous expliquèrent bientôt que « l’idéologie française » était la matrice de tous les fascismes et que sous l’Occupation les Français étaient tous des salauds de pétainistes ou de collabos. Grand mufti de la repentance, Jacques Chirac inaugura sa présidence en déclarant que la France était coupable des arrestations et des persécutions antisémites commises lorsque notre pays était occupé par les parents de Mme Merkel, rompant ainsi avec la ligne gaullienne et mitterrandienne selon laquelle ni la France ni la République n’étaient responsables des agissements du régime de Vichy. D’autres repentants affirmèrent ensuite que la France était responsable, cette fois par abstention, des génocides au Rwanda.
Les repentants parlementaires ont alors voté différents textes mémoriels de repentance sur ce modèle : notamment pour nous accuser d’esclavage ou assimiler la traite négrière à un crime contre l’humanité.
Les repentants néolibéraux nous ont aussi expliqué que toutes nos difficultés tenaient à cette terrible exception française et surtout au fait que nous n’étions malheureusement pas nés anglais.
Et les écolos aussi
Les repentants immigrationnistes affirmèrent aussi que les Français étaient « tous des immigrés » et que finalement rien de bon ne s’était fait en France sans l’apport des étrangers ; et que, si les immigrés ne s’intégraient pas bien c’était, bien sûr, la faute de ces Français de souche décidément xénophobes et islamophobes bornés.
On n’oubliera pas aussi des repentants écologistes qui prétendent que, si la planète se réchauffe, c’est encore à cause des Européens qui roulent en auto et que ces derniers se rendent donc coupables de crimes contre l’humanité future, comme disait encore J. Chirac en 2002 au sommet de Johannesburg ; ou que, s’il y a « malbouffe », c’est à cause du productivisme agricole inventé par ces mêmes Européens.
Le retour des Albigeois
Bref, les repentants voient notre histoire, notre identité et finalement notre existence comme une succession de fautes ou de crimes inexpiables qui menacent au surplus la survie de la planète. Comme autrefois la secte des Albigeois, dont ils ont repris les délires mais pas le vœu de chasteté ni de pauvreté, les repentants affirment que notre monde – du moins celui des Européens de souche – serait le règne de Satan.
Car les repentants sont des imprécateurs : ils ne démontrent rien mais se contentent d’affirmer et de condamner.
Mais de quel droit ?
« La France se grandit toujours lorsqu’elle reconnaît ses fautes », déclarait sans rire François Hollande le 25 septembre 2012 dans son message aux Harkis. C’est fou comme les repentants veulent faire grandir notre pays en l’accusant de toutes les fautes possibles pour son bien !
Mais la repentance est à la contrition sincère ce que le socialisme est à la charité : dans les deux cas nos bien-pensants disposent de valeurs qui ne leur appartiennent pas.
De quel droit, en effet, prononcent-ils des anathèmes sur l’action de nos ancêtres ? Qu’est ce qui les autorise à les juger et, plus encore, à les condamner à l’issue d’un procès instruit uniquement à charge ? En quoi un président de la République serait-il habilité à porter un jugement négatif sur notre histoire ? Serait-il donc un moraliste, un philosophe, un historien, un parangon de vertu, un saint laïc ?
Et comme il est facile de juger nos pères rétrospectivement, tout en étant confortablement installé au cœur du Système oligarchique et lorsqu’on connaît la suite des événements ! Comme il est facile de tancer ceux qui avaient peur ou qui avaient faim, quand on vit confortablement au XXIe siècle, sans avoir jamais rien risqué dans sa vie ni manqué de rien !
Sortons les repentants !
Et de quel droit les repentants disposent-ils ainsi de notre histoire, sans nous demander notre avis ? Car notre histoire nous appartient : elle participe de notre identité. La déconsidérer revient donc à nous dévaluer également.
La repentance exprime en réalité tout le mépris qu’a l’oligarchie d’en haut pour la France d’en-bas. Le discours repentant est d’ailleurs un signe de reconnaissance de l’oligarchie occidentale.
On ne saurait donc que conseiller à tous ces repentants qui portent tellement notre histoire européenne comme un fardeau, de se taire ou bien d’aller se repentir ailleurs. Love it or leave it, comme disent les Anglo-Saxons !
Michel Geoffroy
23/10/2012
Voir aussi
- 17 octobre 1961 : un « massacre » imaginaire, par Bernard Lugan
- Esclavage : malgré la réalité historique, la repentance au cœur de Paris
- 17 octobre 1961 : un « massacre » sans cadavres
- La culture de la repentance affaiblit le mental de la nation
- 1972-2014 : idéologie « antiraciste », la grande catastrophe !
Photo : image générée à partir de l’IA.
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