Par Pierre Boisguilbert ♦ C’est un fait acquis, on peut tout dire sur le président Poutine. On peut le présenter comme dictateur, fou, paranoïaque, criminel de guerre, génocidaire et même comme un vulgaire « boucher ». Ce portrait relayé par nos médias – bien sur objectifs – fait peur. Avec un tel homme, tout est possible. La paix du monde est menacée aussi bien que l’avenir de l’humanité. On aimerait donc se rassurer avec, face à ce tyran d’une autre époque, un leader des démocraties aussi éclairé que lucide. On assumera comme un doute.
Il faut confesser que Biden n’est pas rassurant. Il est même très inquiétant et on commence à s’en rendre compte.
Peut-on demander si le président américain n’est pas aux portes des ravages de l’âge ?
Il déambule comme une sorte de somnambule avec une démarche trop visiblement assurée pour ne pas être fondamentalement chancelante. N’est pas Rambo qui veut.
Le ton de ses discours force à tendre l’oreille pour bien comprendre ce qu’il dit. Lui-même n’entend pas tout. Il a dû revenir vers une journaliste lui ayant tendu la perche pour se refaire poser la question et affirmer que, bien sûr, Poutine était un criminel de guerre.
Mais il y a eu bien pire : l’intermède polonais. Le président américain est venu à quelques kilomètres de la frontière de l’Ukraine jouer les pompiers pyromanes comme jamais.
Il a annoncé le renforcement de l’Otan, c’est-à-dire de la présence militaire américaine sur notre continent. Pour la défense européenne indépendante, c’est mal parti. Où est-il, le temps où l’on manifestait chez les amis de l’URSS au cri de « Yankee go home » ?
Dans certains pays de l’ex-Europe de l’est le « vilain américain » est devenu l’occupant protecteur bien aimé et même désiré. Cela se comprend. Biden est-il un va-t’en guerre au nom du bien qu’il ne relativise jamais ? On peut se poser la question.
Il rend par l’insulte personnelle la négociation plus difficile. Alors que le président ukrainien, pourtant ayant appelé à l’intervention militaire de l’Otan, reconnait qu’il va falloir parler de tout : de la Crimée, du Dombas et même de la neutralité militaire de l’Ukraine, quitte à manger un peu son chapeau. Biden, lui, reste sur le ton de l’affrontement. Ça commence à se voir : ce président démocrate, comme d’autres avant lui, est dangereux pour la paix.
« Pour l’amour de Dieu, cet homme ne peut pas rester au pouvoir ! »
Voici l’une des déclarations choc de Joe Biden, qui a également comparé Vladimir Poutine à un boucher dans une improvisation hasardeuse lors de son séjour en Pologne.
Heureusement, cela n’a pas tardé à faire réagir. La tournée de Biden, jugée historique, a en réalité tourné au fiasco diplomatique. On se demande ce que dieu vient faire dans cette histoire. Mais Biden lui apparemment le sait.
Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a tenté d’éteindre l’incendie, en marge d’une visite en Israël : « Comme vous le savez, et comme vous nous avez entendu le dire à plusieurs reprises, nous n’avons pas de stratégie de changement de régime en Russie ou ailleurs. Dans ce cas, comme dans tous les cas, c’est au peuple du pays en question de décider. C’est donc au peuple russe de décider ».
Les irakiens apprécieront.
Le Kremlin a aussi vite réagi, par l’intermédiaire de son porte-parole Dimitri Peskov : « Ce n’est pas à Biden de décider. Le président de la Russie est élu par les Russes. Ce discours – et les passages qui concernent la Russie – est stupéfiant, pour employer des termes polis. »
On rendra hommage au président Macron d’avoir compris le danger. Le président français a quant à lui mis en garde contre l’escalade verbale : « Je pense qu’il faut d’abord être factuel et ensuite en effet tout faire pour ne pas que la situation dérape. Je n’utiliserai pas ce genre de propos parce que je continue de discuter avec le président Poutine. Que voulons-nous faire collectivement ? Nous voulons arrêter la guerre que la Russie a lancée en Ukraine sans faire la guerre et sans escalade. C’est ça l’objectif qui est le nôtre depuis un mois. Mais si nous voulons y parvenir, nous ne devons pas verser dans l’escalade, que ce soit en paroles ou en actes. »
Le président Biden est reparti aux Usa. La guerre en Europe, elle, continue.
Pierre Boisguilbert
30/03/2022