« Le cœur de métier de Polémia, c’est de s’intéresser aux idées qu’on met dans la tête des gens : un combat culturel et métapolitique. »
À l’occasion de la sortie de La Désinformation publicitaire, le quotidien Présent a publié un entretien avec Jean-Yves Le Gallou. Les questions sont de Samuel Martin. Les réponses cognent.
Polémia
Présent : Nous avalons une heure de publicité par jour, en moyenne. Suffit-il d’être un esprit fort pour en sortir indemne ?
Jean-Yves Le Gallou : Non, tout le monde subit les effets de la publicité. Les esprits forts s’en protègent peut-être davantage mais ils n’échappent pas à son influence en terme d’incitation à des comportements d’achat et à des comportements politiquement corrects. Car la publicité a un contenu idéologique. C’est la promotion de la mondialisation, de la disparition des frontières, y compris morales : elle anticipe les réformes sociétales en montrant, par exemple, des couples différents du couple naturel.
Son efficacité est donc à craindre ?
Là où elle est redoutable, c’est vis-à-vis des jeunes enfants. Les publicitaires estiment que si le petit enfant acquière la démarche d’achat, il la conservera toute sa vie. On sait aussi que cette démarche est transférée aux parents. Au supermarché, dans le caddie, une partie des produits y est parce que l’enfant a voulu qu’ils y soient… Le Comité supérieur de l’audiovisuel prétend protéger les enfants. Il devrait interdire la publicité qui leur est destinée dans les émissions de télévision ! Évidemment il ne le fera jamais. Le viol des consciences enfantines par la publicité n’est pas compris. Les moyens qu’elle emploie sont pourtant révélateurs : manipulation mentale, méthodes subliminales… La publicité est une des troupes d’occupation mentale.
Lorsque vous parlez de « goulag mental », c’est une image forte, expressive, ou une réalité ?
Le goulag est un système qui permet de contrôler une population en évacuant les déviants. La publicité vise, elle aussi, à maîtriser les déviants en prenant le contrôle de leur esprit. Les murs de ce goulag-là sont psychologiques.
À qui profite la publicité ?
Elle bénéficie aux très grandes entreprises, qui affirment leur pouvoir et obtiennent des marchés grâce à elle. C’est particulièrement vrai des entreprises d’agro-alimentaire et des chaînes de supermarché. Au-delà de cet aspect commercial, il y a une très forte interconnexion entre le monde de la publicité et le monde des relations publiques. Des agences comme Euro RSCG ou Publicis s’occupent et de publicité et de relations publiques. Nous touchons là au politique. La boîte de publicité dit au magazine : « Je vous obtiens une publicité pour des yaourts, pour des grandes surfaces, pour des marques de luxe ; en échange, vous mettrez Manuel Valls et son épouse en une de votre journal. » Une fois que Manuel Valls est premier ministre, il se trouve être pour l’ouverture des commerces le dimanche. C’est ce qu’on peut appeler, sinon de la corruption, du trafic d’influence : je te fais connaître, cela te permet d’accéder à un poste important, à toi de modifier la loi en un sens conforme à mon intérêt.
Que pensez-vous des anti-pubs, classés à l’extrême gauche ? Il y a le groupe Résistance à l’agression publicitaire, la Brigade anti-pub…
Honnêtement je ne les fréquente pas. Peut-être ne souhaiteraient-ils pas ma fréquentation ; c’est même probable. Cela dit, leurs actions vont plutôt dans une bonne direction. Je regrette qu’elles ne soient pas plus efficaces. On a vu ces groupes en action dans le métro, mais c’est déjà ancien. N’est-ce pas, tout simplement, parce que la répression a été terrible ? La répression policière et judiciaire ne s’applique que lorsque le Système estime que le danger est réel. Lorsqu’on s’attaque à la publicité, le Système se défend, et il sait le faire. Remarquez que ce n’est pas dans le métro que la publicité est le plus dommageable : le massacre des entrées de villes est autrement plus grave.
En octobre, Polémia a tenu sa Journée de réinformation sur le thème de la Bataille culturelle. Le combat antipublicitaire fait partie de cette bataille ?
Bien sûr. Le cœur de métier de Polémia, c’est de s’intéresser aux idées qu’on met dans la tête des gens : un combat culturel et métapolitique. D’où ces Journées et ces livres sur La Tyrannie médiatique, sur La Désinformation publicitaire et… sur un antidote : la réinformation, c’est-à-dire l’information alternative à l’information dominante. Sans oublier les Bobards d’Or ! Les lecteurs de Présent peuvent d’ores et déjà noter que la prochaine cérémonie des Bobards d’Or aura lieu le 10 mars 2015. C’est encore une façon de dénoncer les endoctrinements médiatiques et publicitaires. Car il faut bien se rendre compte qu’aujourd’hui plus de 2% de la richesse produite passe en publicité, donc sert à conditionner les esprits. Du jamais vu dans l’histoire du monde !
Propos recueillis par Samuel Martin pour Présent
21/11/2014
Jean-Yves Le Gallou, La Désinformation publicitaire et la La Tyrannie médiatique aux éditions Via Romana à commander à la Boutique de Polémia.
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