La primaire socialiste a conduit à désigner François Hollande pour la candidature à la présidence de la République et finalement, par une succession de malheureux rebondissements, à son élection. Les élections à l’UMP ont conduit à ne pas désigner clairement un président et à un processus tragi-comique d’implosion chaotique.
Le choc des nuls
Le duel du méchant Copé et du gentil Fillon ne relevait pas du choc des Titans. Ce n’était qu’un duel de politiciens sur le dos des militants et des sympathisants, de même nature que celui auquel se livre la droite vis-à-vis de ses électeurs depuis 20 ans.
Le gentil Fillon s’en tenait à la ligne politique de G. d’Estaing : la droite doit gagner au centre, et si possible en mordant sur la gauche, stratégie suicidaire de ceux qui n’ont rien appris ni rien oublié depuis 1981, et Fillon devenait donc la coqueluche des médias. La base militante qui en avait assez de perdre et de voir partir l’électorat contestait cependant cette géniale stratégie.
Le méchant Copé, donc plus politique, avait, lui, compris qu’il fallait au contraire tenir un discours plus en phase avec l’évolution de la société et de l’électorat de droite qui en assez de se faire cocufier par les états-majors. Sans complexe il a donc repris la stratégie – purement verbale – de Sarkozy entre les deux tours de la présidentielle.
Ce duel restait cependant à fleurets mouchetés car sur la question, cruciale pour la droite, du Front national, les deux compères adoptaient la même position : pas d’alliance.
Titanic et les sales gosses
Il aurait quand même pu s’agir d’une élection permettant de jeter les bases d’un débat entre deux stratégies, incarnées en outre dans deux personnalités bien différentes : good Fillon et bad Copé. Mais le système institutionnel des partis est tellement bloqué, à l’image de ce qui se passe au plan national, que ce choix n’a même pas pu se concrétiser.
On attendait « règlement de comptes à OK Corral ». On a eu Titanic mais joué dans la cour de récréation d’un collège du 9.3.
Les aventures du petit Nicolas
On assiste en effet depuis dimanche soir à un ridicule et désolant pugilat entre les mauvais perdants et les petits gagnants. Et tous leurs petits copains qui se mettent à donner des coups de pieds et des claques. M’sieur, il a mal organisé les élections ! M’sieur, il a triché dans le dépouillement ! M’sieur, il a pas compté l’outre-mer ! M’sieur, il a copié mon programme ! M’sieur, je vais aller chez les centristes !
Avec Juppé dans le rôle du surveillant général, il ne manquerait plus que le petit Nicolas – dont l’ombre de l’autre planait, paraît-il, dans cette consultation – pour retrouver le climat rafraîchissant des célèbres nouvelles de Goscinny et Sempé. Même le nom de la commission électorale censée trancher le conflit fait sourire : la Cocoe, ce qui évoque plutôt le cri d’un volatile ridicule qu’un collège respectable.
Black Sunday
Ce dimanche 18 novembre restera sans aucun doute dans les annales de la science politique : car il symbolise la décadence de la droite institutionnelle française.
Depuis dimanche, les Français voient en effet en direct un affrontement de nains ridicules, qui hier encore jouaient aux hommes d’État bardés de « valeurs » dans les palais de la République. Ils ne voient plus que des tricheurs, des menteurs et des mauvais joueurs qui se battent comme des chiffonniers, pour conserver des places et des prébendes au sein d’un appareil vermoulu.
Assurément, ce triste spectacle aura d’importantes conséquences systémiques. C’est une bonne nouvelle.
Michel Geoffroy
22/11/2012
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