Éditorial de Dominique Garraud (La Charente Libre).
On attendait beaucoup du sommet de l’OTAN réuni hier au Pays de Galles au moment où l’Ukraine l’appelait au secours face à la déroute de ses forces armées devant les séparatistes prorusses militairement soutenus par Moscou.
Le résultat est à la mesure du véritable casse-tête posé aux Occidentaux par cette crise ukrainienne, scène tragique de la confrontation voulue par Vladimir Poutine pour imposer un coup d’arrêt à l’expansionniste oriental de l’Alliance atlantique vers les anciens membres du Pacte de Varsovie, disparu avec l’effondrement de l’URSS.
Privée de son ennemi principal depuis un quart de siècle, l’OTAN n’avait pas tardé à s’attribuer un nouveau rôle cumulant les missions d’un « gendarme du monde » légitime à intervenir en Afghanistan à celle de garant de la paix et de la sécurité sur l’ensemble du continent européen.
Jusqu’à la Russie qui jouissait, il y a peu encore, du statut de « partenaire privilégié » de l’Alliance et au prix de promesses initiales non tenues sur le maintien des Pays Baltes hors de la sphère de l’OTAN.
Aux yeux de Poutine, les offres d’intégration de l’Union européenne et surtout de l’OTAN à la nouvelle Ukraine relèvent d’une agression caractérisée. Peu lui importe que sa réponse – l’annexion de la Crimée et l’invasion millimétrée de l’Ukraine orientale – viole les traités internationaux signés par la Russie.
Pendant ces mois de guerre, Vladimir Poutine a pu mesurer combien Européens et Occidentaux tergiversaient et répugnaient globalement à une confrontation directe. Aujourd’hui pratiquement certain d’obtenir au minimum une fédéralisation de l’Ukraine garantissant une très large autonomie aux russophones, Vladimir Poutine est en passe de gagner la première manche de cette nouvelle « guerre froide ».
Ni les menaces calibrées de François Hollande sur la livraison du premier Mistral vendu par la France à la marine russe, ni le nouveau train de sanctions annoncé par l’Union européenne, ni les roulements de mécanique sur la création d’une force de réaction « très rapide » de l’OTAN, ne changeront l’épure poutinienne du nouveau rapport de force initié en Ukraine.
Dominique Garraud
Source : La Charente Libre
05/09/2014