Officiellement la France est une démocratie. De fait, le peuple élit ses parlementaires et le président de la République. Mais cela n’a guère de conséquences pratiques. Sur les sujets essentiels, le peuple n’est pas consulté. Or l’expérience des référendums dans les pays voisins (Suisse, Islande, Allemagne notamment) montre que le peuple ne vote pas comme les élites dirigeantes le souhaitent.
Aides aux banques : le modèle islandais
Lors de la crise financière l’Etat français a apporté 110 milliards d’aide aux banques. Le gouvernement français a, certes, agi comme tous les autres gouvernements occidentaux qui ont transféré aux contribuables les dettes privées imprudentes des banques. Mais en Islande, le seul pays où il y a eu un référendum sur ce sujet, plus de 90% des électeurs se sont prononcés contre la prise en charge des dettes de la banque Icesave. Mis sous pression des créditeurs britanniques et hollandais, le gouvernement islandais a tenté de passer en force et de payer quand même. Les Islandais se sont à nouveau opposés au règlement moins défavorable qui leur était proposé. Cette fois par 60% des suffrages.
Frein à l’immigration : le modèle suisse
Les gouvernements successifs ont imposé aux Français une immigration croissante sans solliciter leur avis ni même leur dire officiellement la politique qui était conduite. De même, les Français n’ont pas été consultés lorsqu’en 2003 le gouvernement a décidé de permettre le maintien en France des étrangers criminels. Les Français ne sont pas davantage consultés lorsqu’il s’agit de construire sur terrains et fonds publics de grandes mosquées. Il en va différemment en Suisse : le peuple s’y est prononcé par référendum pour le renvoi des étrangers criminels et pour l’interdiction de mosquées avec minarets (c’est-à-dire de ces grandes mosquées qui poussent partout en France). De même les Suisses vont probablement être appelés à se prononcer sur un référendum visant à limiter à 0,2% de la population le taux d’immigration ; un référendum demandé cette fois par les écologistes dans le but d’éviter le surencombrement de la Suisse.
Choix environnementaux : le modèle allemand
La démocratie en Allemagne est fort loin d’être parfaite puisque la police fédérale (comme l’ancienne STASI) peut infiltrer certaines formations politiques à des fins de provocations. Mais en matière d’environnement les électeurs peuvent se prononcer sur des sujets concrets. Ainsi les électeurs de Garmisch-Partenkirchen se prononceront le 8 mai 2011 sur la tenue des Jeux olympiques d’hiver à Munich. Un choix démocratique qui ne sera pas offert aux électeurs d’Annecy ou de Chamonix. De même les Parisiens n’auront aucunement la possibilité de se prononcer par référendum sur le bien-fondé de la construction de tours de grande hauteur à Paris.
Choix européens : le précédent du vote sur le Traité constitutionnel
Il est vrai que les Français ont pu se prononcer par référendum en 2005 sur le Traité constitutionnel européen. Ils l’ont refusé. Deux ans plus tard et sous le nom de Traité de Lisbonne le même texte était adopté par le Parlement. Un déni de démocratie exemplaire.
La réforme constitutionnelle : plus de pouvoirs aux juges, moins de pouvoir au peuple
Deux réformes majeures caractérisent la révision constitutionnelle française de 2008 :
– officiellement, le référendum d’initiative populaire est possible mais à des conditions… impossibles : obtenir la signature de 20% des parlementaires et de 10% des électeurs sur un texte préalablement validé par le Conseil constitutionnel ; un parfait faux-semblant ;
– officiellement, tous les citoyens pourront saisir le Conseil constitutionnel de la constitutionnalité des lois via la Cour de cassation ; en pratique, cela revient à renforcer le pouvoir des juges au détriment du pouvoir des parlementaires représentant le peuple.
L’intolérance d’une caste médiatique de plus en plus hostile à la démocratie
La démocratie suppose la liberté du débat et la libre information des électeurs. Ces conditions ne sont plus réunies. A quelques très rares exceptions près (Ménard, Zemmour) l’ensemble de la caste journalistique défend de manière militante le politiquement correct et frappe d’interdits certains sujets. Fait nouveau : des journalistes régulièrement invités sur les grands médias justifient la censure. Lors de l’émission « On refait le monde » du 29 novembre 2010, sur RTL, Anne-Sophie Mercier, journaliste à Charlie-Hebdo, fait part de son indignation sur le vote suisse sur le renvoi des étrangers criminels et déclare : « Je suis pour une société de tabous. Je ne suis pas pour une société de la parole libérée. Je ne suis par pour qu’on donne la parole au peuple ». De même Ariane Chemin du Nouvel Observateur a déclaré à l’émission « Mots croisés », sur France 2, le 11 avril 2011 : « Pourquoi as-tu (Robert Ménard) besoin de parler de la peine de mort ? C’est navrant que la première radio de France t’emploie à dire cela ». Dans le même ordre d’idée, il est choquant que Robert Ménard ait été sommé, le 18 avril 2011, sur Canal+, de dire qu’il ne votait pas Front national. Il y a là l’aveu de la part de la caste médiatique de l’existence d’un système d’interdit professionnel, peu différent de celui pratiqué par les régimes totalitaires.
Loin d’être anecdotiques, ces faits sont significatifs : ils révèlent la coupure croissante des élites dirigeantes vis-à-vis de la démocratie et de la souveraineté du peuple.
Andrea Massari
Polémia
21/04/2011