Raouldebourges, essayiste
♦ « Endormissement » puis, « réveil de la France » sont les lignes-forces de l’ouvrage d’Ivan Rioufol La Guerre civile qui vient. Elles structurent son analyse en deux grandes parties, l’une dédiée au diagnostic du déclin français, l’autre aux moyens du sursaut et de l’espérance.
« Durant des années, je me suis surpris à soliloquer sur la crise identitaire, dont j’assurais qu’elle était beaucoup plus grave que la crise économique » confesse, à raison, le journaliste et essayiste, inlassable alerteur de la déconstruction en cours, aux côtés des Sévillia, Zemmour, Villiers, Finkielkraut et quelques autres. Il poursuit : « Je luttais contre le découragement par la conviction d’approcher une vérité ». C’est à coup sûr ce qui frappe et force l’admiration chez Ivan Rioufol dans ses « alertes éditoriales sur l’immigration irraisonnée » : cette sorte de mission obstinée qu’il s’est assignée, pour défendre l’identité française et la patrie en danger, guidé par des voix intérieures procédant sûrement de quelque Providence, lui intimant de combattre la France multiculturelle qu’on tente de nous imposer de force. Lutte qu’il mène sans relâche. Malgré les coups. Malgré l’opprobre médiatique et politique.
Entre « Se reposer ou rester libre » qu’offre au choix Thucydide, Rioufol, le croisé de la liberté, a tranché. Il refuse de subir la tyrannie insidieuse du politiquement correct. Il a une parole libre, forte, dérangeante, prophétique, à rebours des poncifs et des éléments de langage préfabriqués et millimétrés.
Héraut valeureux, Ivan Rioufol ne doit pas se décourager car il ne prêche pas dans le désert. Les partisans d’une France fière de son histoire voient leurs rangs croître de jour en jour et la Révolution Conservatrice qu’il espère prend corps. Des voix, trop longtemps étouffées, ne veulent plus se taire. Ainsi, le général de gendarmerie Bertrand Soubelet, catholique -donc suspect, et sanctionné par son ministère de tutelle- alerte, dans son pamphlet Tout ce qu’il ne faut pas dire, sur un système judiciaire français angélique et permissif, jugeant au trébuchet de l’idéologie plutôt que du strict Droit -se souvenir du Mur des Cons du Syndicat de la Magistrature-, inadapté aux menaces terroristes et à la « cinquième colonne » prête à l’action, sur un réseau carcéral obsolète -indigne d’un pays développé- et sous-dimensionné au regard des besoins. Nombre de condamnés ne purgent plus leur peine de prison faute de place, pire, les sanctions sont décidées en fonction des possibilités dans les maisons d’arrêt, autant dire que des criminels parfois très dangereux se baladent dans la nature. Nous vivons ce que les spécialistes appellent « une guerre civile de basse intensité » dont on comprend, avec les 10.000 soldats du dispositif « Sentinelle » et les réservistes désormais mobilisés, qu’elle ira crescendo.
Ivan Rioufol appartient au camp de ceux qui croient encore au salut, à la possibilité de s’en sortir, malgré la crise d’identité aiguë et la déliquescence de notre nation. Avec Sévillia, le catholique, qui voit dans les familles traditionnelles des lucioles qui scintillent et s’affairent pour des lendemains meilleurs. Du côté des pessimistes, plus nombreux, qui sont dans sa famille de pensée, on trouve Houellebecq bien sûr, Finkielkraut, notre « fiévreux inquiet » qui dans La Seule Exactitude exhorte aux combats jugés d’arrière-garde par la bien-pensance -le refus de « l’antiracisme dogmatique, ce communisme du XXIe siècle », ou encore, la défense acharnée de l’école et de la langue française-, ensuite Onfray -dont nous commenterons prochainement les 2 derniers ouvrages parus Penser l’Islam et Le miroir aux alouettes-, l’un des rares à gauche à demeurer lucide sur la question de l’islam et sur les maux de la société française, Boualem Sansal, intellectuel et écrivain algérien, auteur de l’ouvrage orwellien 2084, la fin du monde, grand prix de l’Académie Française, qui prédit l’islamisation inéluctable du monde, Zemmour enfin, affirmant que « la déconstruction depuis 40 ans est un livre qui continue de s’écrire », sans réel espoir de briser cette spirale néfaste.
Notre pays est profondément affaibli par ses propres renoncements, à l’instar d’un président, fer de lance des « capitulards » qui ne veulent pas nommer l’ennemi et se complaisent dans le mensonge, le déni du réel, clamant contre toute logique : « l’islamisme n’a rien à voir avec l’islam » ou « il n’y a aucun choc des civilisations »-. Pour ces défenseurs inconditionnels de l’universalisme et de l’immigrationnisme, il n’y a pas vraiment d’islam radical, de wahhabisme, ou de frères musulmans. Souvenons-nous, comme le rappelle notre auteur, que dans les années 30, il ne fallait pas, dans un souci d’apaisement, s’opposer à Hitler, et pas plus se préparer à la guerre. On sait ce qu’il advint le 10 mai 1940. L’esprit munichois guette nos dirigeants prêts à collaborer avec l’islam et à s’accommoder de sa logique de suprématie -qu’on songe aux positions de Juppé. La France va plus loin encore dans le déshonneur en entretenant des relations troubles avec Bouteflika l’algérien islamiste, ancien du FLN qui abhorre la France, avec l’Arabie Saoudite qui finance le djihad international, avec la Turquie qui monnaye son aide pour traiter la question des migrants, et impose aux dhimmis de l’Europe apeurée -dans le Coran, les dhimmis sont des sous-citoyens non musulmans qui ont des droits inférieurs et doivent payer un tribut particulier- les exigences de sa future intégration européenne.
Ivan Rioufol fustige tous les idéologues fossoyeurs de la mère-patrie, les politiques actuels -droite et gauche confondues- qui ont choisi la Religion de l’Autre, obéissant à la double injonction des droits de l’hommistes mondialistes -dont le pape Bernard-Henri Lévy- et, du Think Tank Terra Nova, organe tête pensante du Parti socialiste, exigeant « d’abandonner les petits blancs pour se tourner vers la diversité », les islamo-gauchistes qui imposent leur vision multiculturaliste, dans un vivre-ensemble où les minorités –incluses, et pas assimilées ou intégrées- conservent leurs fondements communautaristes. Pour tous ces idéologues hors-sol, il est exclu de demander aux « minorités discriminées » de respecter la République et de comprendre la culture majoritaire de leur pays d’accueil. Ce communisme musulman a tous les droits pour prendre, sur place, en France, une revanche résolue, violente s’il le faut, sur l’Occident libéral, capitaliste, chrétien, blanc, perçu comme esclavagiste et raciste.
Notre auteur livre à notre connaissance quelques chiffres utiles : 800 zones sensibles en France, 150 mosquées salafistes, des écoles coraniques qui fleurissent régulièrement aux quatre coins de l’Hexagone. Il nous rappelle que l’antisémitisme est omniprésent dans les banlieues. Ces jeunes l’assument et le revendiquent face à leurs enseignants démunis. Ils refusent le plus souvent d’étudier la Shoah, désignent le responsable bouc-émissaire du conflit israélo palestinien : l’Etat hébreu, et par extension, l’Occident, deux cibles devenues prioritaires à leurs yeux.
Dans ce paysage d’apocalypse, face à une défrancisation accentuée par l’immigration de peuplement en cours depuis 40 ans -300.000 personnes immigrées chaque année en France-, Rioufol esquisse les modalités du « réveil » qu’il appelle de ses vœux. Dans une Europe ultralibérale, sans frontières, vendue au marché mondial, dont l’une des dix priorités de la Commission est de favoriser l’immigration, qui ne croit plus aux nations, on assiste à l’émergence de populismes, c’est-à-dire à l’expression des peuples qui se font entendre à nouveau, pour rejeter des élites politico-médiatiques corrompues et complices du Grand Remplacement théorisé par Renaud Camus, et prophétisé par Jean Raspail, dès 1973, dans son Camp des saints. Veut-on d’un totalitarisme sexiste dans notre pays, qui voilerait progressivement les femmes françaises considérées comme dépravées et à rééduquer ? N’oublions pas ce qui s’est passé le 31 décembre 2015 à Cologne.
Pour Rioufol, point tout à fait pertinent, c’est la société civile qui pourra nous sortir de ce très mauvais pas. Grâce à ce qu’il nomme le « grand retournement de l’opinion ». Les mouvements alternatifs, les combattants d’un monde libre, les amoureux d’une France qui a toujours refusé les dictatures, les veilleurs de toutes sortes, se lèvent plus nombreux chaque jour. Au sein des réseaux sociaux, la résistance du peuple et de la République s’organise spontanément. Les Français attachés à leur souveraineté ne veulent pas de cette terrible régression qu’est l’islam radical. Ils rejettent d’avance un paysage entaché de mosquées-cathédrales…
Il y a un devoir moral à combattre, jusqu’au sang peut-être. Notre auteur s’y prépare comme à l’idée de la mort, lui qui est régulièrement menacé. Il insiste : l’islam ne connaît pas cette notion occidentale d’égalité entre hommes et femmes. Le concept de liberté est étranger au Coran qui institue la suprématie mâle et vise à diffuser la charia dans le monde.
Dans ce vide culturel qu’est devenu l’Occident voué au marché-veau d’or et au Dieu-argent, Chateaubriand avait, dès le XIXe siècle, prédit : « Enlevez le christianisme, vous aurez l’islam ».
Nous nous devons cependant de croire encore en l’avenir, car 70 années de communisme criminogène par exemple n’ont pas empêché de voir une Russie moribonde redevenir triomphante et forte d’une orthodoxie et de racines retrouvées. Les jeunes Français doivent s’ubériser et recouvrer une parole libre. Les musulmans modérés, quant à eux, se positionner, dans le sillage de Sansal, Fadela Amara ou Kamel Daoud, chercher à s’intégrer, se couper des organisations étrangères salafistes et obscurantistes, rejoindre le camp de la résistance et de la liberté.
Il s’agit, tous azimuts, de susciter une « dynamique insurrectionnelle » de multiples « Je suis Charlie » comme autant de symboles protéiformes d’insoumission. Car ce n’est pas à la France de s’adapter à l’islam, stoppons cette folie, ce suicide, tant qu’il est temps. Notre auteur, tel un preux chevalier, croit en la « transcendance du sacrifice » à même de sauver l’héritage de notre grande et belle nation.
Reste, de notre point de vue, à œuvrer avec force, discernement, sans passion désordonnée, à la création de ce grand réseau ouvert à tous les résistants de toutes les sensibilités, à ce maillage qui mutualisera les idées et les actions, et créera la solidarité nécessaire pour faire face aux coups durs à venir. Peut-être qu’Ivan Rioufol, dans un prochain ouvrage, saura nous proposer un modus operandi pour fédérer ce réseau.
Raouldebourges
27/03/2016
Ivan Rioufol, La Guerre civile qui vient, ed. Pierre-Guillaume de Roux, collection PGDR EDITIONS, mars 2016, 208 pages.
Source : Mauvaise Nouvelle.fr
Correspondance Polémia – 4/04/2016
Image : 1re de couverture.