Le chroniqueur Jean Madiran est mort le 31 juillet à l’âge de 93 ans. (…). Je retiens (…) de Jean Madiran sa remarquable analyse des « deux démocraties ». (…)
La démocratie, [c’est] l’Athènes de Socrate et donc la naissance de la civilisation et aussi, contradictoirement, la « dissociété » contemporaine. Madiran explique cela lumineusement. Il y a deux démocraties : la classique, la grecque, régime politique parmi d’autres, plus ou moins adapté à une telle situation ; et la nôtre. Mais la nôtre n’est pas un régime politique ; elle est une religion qui exige que toute légitimité sorte de la prétendue « volonté générale », censément incarnée par les majorités parlementaires de hasard.
Ce qui implique que cette démocratie « religieuse » puisse dire non seulement le légal et l’illégal, mais aussi le bien et le mal et même le vrai et le faux. La loi Gayssot, par exemple, nous a dotés d’une vérité historique d’État, subvertissant ainsi radicalement la notion même de vérité historique. S’il existe aujourd’hui des opinions criminalisées, c’est la conséquence inéluctable de cette « démocratie » religieuse qui n’est rien d’autre qu’un totalitarisme. (…)
Source : Guillaume de Thieulloy, Les 4 Vérités, n° 905, 23/08/2013
Voir aussi : Jean Madiran et le « national-catholicisme »
Les idées à l’endroit – TVL (21 janv. 2024)
Jean Madiran (1920-2013), dont nous avons commémoré en 2023 le dixième anniversaire de la disparition, était certes un journaliste de combat, fondateur du quotidien Présent en 1981, mais également un intellectuel marqué par l’enseignement de Charles Maurras et de saint Thomas d’Aquin, autant soucieux de la cité terrestre que de la Cité de Dieu. Loin de l’image souvent caricaturale qui est faite de lui, cette émission montre un homme ouvert, ami d’André Frossard et d’Étienne Gilson, lecteur de Péguy et de Chesterton, et lui-même écrivain de talent.