La démocratie n’est que la façade de l’oligarchie. Une oligarchie courtermiste qui s’est éloignée des préoccupations du peuple et qui prend de plein fouet une série de crises : vieillissement, immigration, endettement. Mais du mal peu sortir un bien : le retour du peuple via la démocratie directe. Yvan Blot fait le point.
L’histoire nous apprend que la démocratie, et aussi la démocratie directe, ne se sont implantées qu’à l’occasion de crise grave : La guerre civile du Sonderbund en Suisse, la corruption en Californie, la réunification en Allemagne ont permis à la démocratie directe de faire une percée.
La démocratie représentative façade de l’oligarchie
La raison majeure de ces percées est qu’en démocratie représentative pure, laquelle est la façade d’un régime oligarchique, certains intérêts sont systématiquement favorisés et certains négligés. Le système sélectionne les intérêts particuliers à condition qu’ils soient très bien organisés : les syndicats d’enseignants ou de dockers, par exemple, mais il y a aussi des exemples dans le grand patronat. Les intérêts non organisés, et notamment l’intérêt général parce que sa cible à satisfaire est trop large, sont défavorisés.
L’oligarchie : des gérants courtermistes
A cela s’ajoute que l’oligarchie au pouvoir en Occident préfère le court terme et néglige les intérêts à long terme de la nation. On le voit dans des sujets aussi cruciaux que la natalité, l’endettement public, l’immigration, l’insécurité. Cette prédominance du court terme est typique des gérants et non des propriétaires. L’électeur de base a, sauf s’il est assisté, un comportement patrimonial, si ce n’est pour lui, pour défendre ses enfants : le long terme le concerne. L’élu pense plutôt d’abord à sa réélection.
Notre société a organisé la déresponsabilisation des décideurs : fonctionnaires, partis, syndicats, medias, oligarchies d’affaires échappent aux sanctions de la responsabilité : une grande banque ou un grand journal en péril fera appel à l’Etat, c’est-à-dire au contribuable auquel on ne demande pas son avis (sauf en démocratie directe). Le grand économiste Pascal Salin a montré qu’on n’était plus vraiment en régime capitaliste libéral car ce sont des managers qui dirigent beaucoup de grandes entreprises et qui agissent avec l’argent des autres, pas avec leur propre argent. S’ils commettent des fautes et partent, c’est avec un « parachute doré ».
Cette situation crée du mécontentement comme le montrent les sondages et beaucoup d’abstentions aux élections.
Le fossé entre l’oligarchie et le peuple
Le fossé entre les prétendues élites et le peuple a pris des proportions impressionnantes et cela dans tout l’Occident. Le phénomène n’est nullement purement français. Le professeur de sciences politiques à Harvard Samuel Huntington dans son livre « Qui sommes-nous ? » (Odile Jacob ; 2004 ; p.168) décrit bien le degré étonnant où l’on en est arrivé aux USA où l’oligarchie combat l’identité américaine elle-même, en refusant de défendre l’Anglais face à l’immigration mexicaine hispanophone : « en 1986, une proposition populaire d’amendement à la constitution de Californie visant à faire de l’anglais la langue officielle de l’Etat a suscité l’opposition de toutes les grandes personnalités politiques (sauf le sénateur Paul Wilson) parmi lesquelles le gouverneur, le ministre de la Justice, le deuxième sénateur de l’Etat, le président du Sénat, le président de la Chambre et les maires de San Francisco et de San Diego, des conseils municipaux de Los Angeles et de San José, de toutes les grandes chaînes de télévision et stations de radio, de la fédération des syndicats de Californie, affiliée à l’AFL/CIO la plus grande fédération de syndicats de l’Amérique), et de la conférence des évêques catholiques. Le jour des élections, 73,2% des électeurs californiens ont approuvé l’amendement qui a obtenu la majorité dans tous les comtés. » Tous les oligarques voulaient ainsi flatter les électeurs d’origine mexicaine bien que beaucoup de ces derniers aient voté pour la proposition (tous ceux qui veulent s’intégrer, et ce n’est pas rien).
De même en Suisse, le patronat prévoyait des ruptures de contrats avec les Emirs du golfe et les journaux prédisaient des émeutes comme en France si la proposition de référendum populaire sur les minarets passait : rien de tout cela n’est arrivé. C’était une pure illusion idéologique ! Mais la défiance du peuple ne fait que s’accroître. C’est pourquoi des partis accusés de « populisme » par l’oligarchie régnante, connaissent désormais une forte croissance dans toute l’Europe. Dans le même temps, l’abstention connaît aussi des sommets. Le peuple est écœuré. Un jour, l’oligarchie, si elle persiste à mépriser le peuple et à ignorer des besoins, sera renversée. L’histoire a montré comment les oligarchies perdent le pouvoir, parfois dans la violence, parfois pacifiquement comme dans les pays de l’Est mais toujours dans l’aveuglement le plus total.
La France a montré que le verrouillage des institutions a toujours été très fort et l’incapacité à se réformer patente : la liste des révolutions est longue : 1789, 1792, 1830, 1848, 1870 (la commune), 1936 (révolution partielle) 1940, 1948 (tentative d’insurrection) 1958, 1968 (échec partiel). Quand aura lieu la prochaine ? Il suffit de voir la liste des intérêts négligés, voir « trahis » par la gauche sur les sujets suivants qui intéressaient pourtant sa clientèle populaire : l’immigration, l’insécurité, l’environnement, la spoliation fiscale (elle touche plus de monde qu’on ne le croit) : sur tous ces sujets, la droite n’a pas été brillante non plus.
Vieillissement, immigration, endettement : la crise est inévitable
Pour l’économiste Hoppe, la crise est inévitable : la combinaison du vieillissement, de l’immigration, de l’endettement public va conduire à une explosion financière et à l’effondrement de notre soit disant modèle économique et social dirigiste. La crise n’est pas agréable et tous doivent la redouter. Mais elle porte aussi des bienfaits futurs : « C’est au cœur du danger que croît ce qui sauve » a écrit le poète Hölderlin cité par Heidegger. La crise ouvre une fenêtre dans l’histoire de l’Etre : ce fut le cas en France en 1958 ou en Allemagne en 1989 : ce qui était impossible (changement de régime en France, réunification en Allemagne) devenait possible.
Mais il faut être prêt à utiliser la fenêtre de l’histoire de l’être quand elle apparaît. C’est pourquoi, il faut prôner la démocratie directe dès maintenant pour pouvoir l’établir quand les circonstances historiques se présenteront. Cela peut arriver plus tôt qu’on ne le croit !
Yvan Blot
Président d’Agir pour la Démocratie Directe
Conférence sur « La crise qui vient »
Lundi 16 mai 2011 à 19h30
À l’Hôtel Néva (rez-de-chaussée
14, rue Brey – 75017 PARIS (près de l’Étoile)
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