Arnaud Imatz est essayiste, historien, écrivain (José Antonio : la Phalange espagnole et le national-syndicalisme, La Guerre d’Espagne revisitée…). Il nous livre ici ses réflexions sur la Guerre d’Espagne, enjeu culturel et politique capital pour la gauche et l’extrême gauche espagnole. Deuxième partie.
« Le pire de la prétendue “mémoire historique” ce n’est pas la falsification de l’histoire, sinon l’intention politique qu’elle renferme, sa prétention à fomenter l’agitation sociale. »
Au début des années 2000, les polémiques sur la « Guerre d’Espagne » font rage dans la Péninsule. La pratique courante devient le mépris et l’insulte. La méthode scientifique, la tradition de rigueur et de probité, constamment invoquées, sont bafouées. Devant la pugnacité des « nouveaux historiens indépendants », minoritaires, mais soutenus par quelques grands médias privés et de nombreux journaux en ligne, les historiens universitaires « officiels » réagissent en gardiens du temple. Mais on ne peut pas prétendre, comme ils le font, monopoliser la parole et faire un usage terroriste de l’argument dit « scientifique » sans se situer hors de l’espace de la recherche sérieuse et finalement de la démocratie.
2004-2011 : Rodriguez Zapatero et le retour de l’esprit de la Tcheka
Rares sont les universitaires qui osent prendre parti pour les historiens indépendants et en particulier pour leur figure de proue Pio Moa (1). Parmi eux, il y a l’un des plus grands spécialistes : Stanley Payne. J’ai reproduit l’édifiant témoignage de Payne sur son évolution personnelle dans ma préface à son livre La Guerre d’Espagne. L’histoire face à la confusion mémorielle (Le Cerf, 2010) :
« J’avais été éduqué, écrit-il, en acceptant l’interprétation habituelle et politiquement correcte de l’Espagne contemporaine selon laquelle la droite était inique, réactionnaire et autoritaire, alors que la gauche (malgré quelques excès lamentables) était fondamentalement progressiste et démocratique. Mes recherches sur les processus révolutionnaires en Espagne me conduisirent à des conclusions sensiblement différentes mettant en lumière que la gauche n’était pas nécessairement progressiste et encore moins démocratique, mais qu’en réalité, au cours des années trente, elle avait causé un recul de la démocratie relativement libérale, instaurée en 1931 et 1932. »
À propos des travaux de Moa, si décriés et méprisés par les historiens « officiels », Payne écrit ces mots :
« L’œuvre de Pío Moa est novatrice. Elle introduit un peu d’air frais dans une zone vitale de l’historiographie contemporaine espagnole, qui était enfermée, depuis trop longtemps dans d’étroites monographies formelles, vétustes, stéréotypées, soumises à la correction politique. Ceux qui divergent de Moa doivent affronter son œuvre sérieusement. Ils doivent démontrer leur désaccord par la recherche historique et l’analyse rigoureuse et cesser de dénoncer son œuvre en utilisant la censure, le silence et la diatribe, ces méthodes qui sont davantage le propre de l’Italie fasciste et de l’Union soviétique que de l’Espagne démocratique ».
Mais l’exhortation de Payne ne sera évidemment pas entendue.
Au lendemain de son accession au pouvoir, en 2004, José Luis Rodriguez Zapatero choisit de raviver encore davantage la bataille culturelle au lieu de contribuer à effacer les rancœurs. Avec l’aide du député travailliste maltais, Léo Brincat, le 17 mars 2006, il fait adopter par la commission permanente, agissant au nom de l’assemblée du Conseil de l’Europe, une recommandation sur « la nécessité de condamner le franquisme au niveau international ». Il fait ensuite voter par le Parlement et publier, le 26 décembre 2007, une « loi de mémoire historique » dont l’origine se trouve dans une proposition du Parti communiste (Izquierda Unida). L’expression « mémoire historique » devient le lieu commun de la culture espagnole.
Cette loi accrédite une vision manichéenne de l’histoire. Son idée fondamentale est que la démocratie espagnole est l’héritage de la Seconde République : un point de vue d’autant plus discutable que le processus de transition fut mené conformément aux mécanismes prévus par le régime de Franco et qu’il fut dirigé à la fois par un roi, désigné par le généralissime, et son premier ministre, Adolfo Suárez, qui était l’ancien secrétaire général du Movimiento. Selon ce raisonnement subjectif, la Seconde République, mythe fondateur de la démocratie espagnole, aurait été un régime presque parfait dans lequel l’ensemble des partis de gauche aurait eu une action irréprochable.
En fait, les anomalies de cette loi ne se comptent pas. Elle effectue un amalgame contestable entre le soulèvement militaire, la Guerre civile et la dictature de Franco qui sont autant de faits distincts relevant d’interprétations et de jugements différents. Elle confond les morts en action de guerre et les victimes de la répression. Elle jette le voile de l’oubli sur toutes les victimes républicaines qui moururent aux mains de leurs frères ennemis de gauche. Elle encourage et justifie tout travail visant à démontrer que Franco a programmé et mené systématiquement une répression sanglante pendant et après la Guerre civile, tout en sous-entendant que le gouvernement de la République et les partis qui l’appuyaient n’avaient, eux, aucun projet répressif. Enfin, elle conforte l’idée, radicalement fausse, que la dictature de Franco a cédé la place à la démocratie grâce à l’action décisive de l’opposition « progressiste » de gauche, alors que c’est la majorité de la droite franquiste qui a pris l’initiative et a joué un rôle déterminant dans la transition démocratique. Il ne pouvait d’ailleurs en être autrement. La gauche n’avait aucun pouvoir et la majorité de celle-ci n’avait pas une origine démocratique. Quant aux franquistes à l’esprit de bunker, ils étaient complètement marginalisés.
« L’affaire Garzón » ou des « fosses du franquisme » est venue se greffer sur cette loi de « mémoire historique ». Le 15 décembre 2006, au nom de « la récupération de la mémoire », plusieurs associations ont déposé des plaintes contre les autorités du régime franquiste pour « génocide et crime contre l’humanité » auprès du juge d’instruction de l’audience nationale, Baltasar Garzón. Les informations les plus fantaisistes sur de présumées fosses cachées et sur le nombre de victimes de la répression franquiste ont immédiatement circulé dans la presse et les grands médias (2).
Les historiens sérieux connaissent le bilan pratiquement définitif de la terrible répression pendant la durée du conflit : 57.000 victimes chez les « nationaux » (dont près de 7000 religieux assassinés) et 51.000 victimes chez les « républicains ». Ce relatif équilibre n’est rompu que par les 28.000 exécutions de républicains après la fin du conflit (3) – un terrible bilan final, injustifiable, bien que, au regard de l’histoire du communisme dans le monde, on est en droit de se demander si ce bilan n’aurait pas été encore beaucoup plus disproportionné mais aux dépens des nationaux dans le cas d’une victoire de républicains dominés par les communistes. Néanmoins, pour le besoin de sa cause, le juge Garzón a retenu le chiffre de 114.266 républicains disparus, ne citant pour ce faire que des « experts et des historiens » de son cru. Garzón s’est déclaré compétent pour instruire la totalité des crimes franquistes. Par la suite, il a été blâmé entre autres pour avoir contourné la loi d’amnistie de 1977 et voulu réaliser une sorte d’inquisition générale rappelant l’instruction générale (« Causa general ») menée par le ministère public de Franco entre 1940 et 1943, ce que la Constitution interdit formellement. Jugée sévèrement par ses pairs, la carrière du magistrat très médiatique à l’Audience nationale fut dès lors stoppée net. Mais le mal était fait.
Devant l’attitude de Garzón et de ses amis, l’ancien député, président de la Communauté autonome de Madrid, Joaquín Leguina, une des figures historiques du socialisme démocratique espagnol, particulièrement représentative de l’esprit de la Transition, est très sévère :
« Le message que le juge et ses hooligans ont réussi à coller est tellement négatif qu’il en est sinistre, écrit-il. En fait, cette malheureuse affaire a semé l’idée qu’en trente ans de démocratie les Espagnols ont été incapables de surmonter le passé, que la Transition a été une lâcheté, que la Guerre civile est un thème tabou et qu’une bonne partie de la droite continue d’être franquiste. Un tissu de mensonges. »
L’historien Stanley Payne n’est pas moins cinglant :
« Le pire de la prétendue “mémoire historique” ce n’est pas la falsification de l’histoire, sinon l’intention politique qu’elle renferme, sa prétention à fomenter l’agitation sociale. »
Quelques clefs pour comprendre la Guerre d’Espagne
Pour comprendre la Guerre d’Espagne, il faut d’abord connaître ses antécédents et ses origines. Les facteurs fondamentaux de l’explosion du conflit sont la rigidité du conservatisme de la CEDA (Confédération espagnole des droites autonomes), qui fut incapable de mener à bien la réforme agraire nécessaire, mais encore la faiblesse du centre libéral-démocratique (le Parti radical, d’Alejandro Lerroux, un parti dominé par les franc-maçons qui fut discrédité par des scandales financiers), le sectarisme laïciste et l’insistance des gauches républicaines bourgeoises à poursuivre l’unité avec les gauches révolutionnaires au lieu de chercher l’alliance avec le centre libéral, l’extrême radicalisation ou « bolchévisation » du Parti socialiste (« nous ne nous différencions en rien des communistes », « nous implanterons la dictature du prolétariat », disait leur leader Largo Caballero en 1934, alors que le socialiste Indalecio Prieto, qui passe pour un modéré, dirigeait en personne le débarquement d’armes du vapeur Turquesa sur la côte des Asturies), enfin, les terribles erreurs de deux des principaux leaders de la République, deux libéraux, l’un du centre droit, le président de la République Niceto Alcalá Zamora, et l’autre, du centre gauche, le président du conseil, futur président de la République du Front Populaire, Manuel Azaña, qui jouera le rôle de Kerenski.
En 1936, aucun parti aucun grand leader politique ne croyait en la démocratie libérale. Le mythe révolutionnaire, partagé par l’ensemble de la gauche, était celui de la lutte armée. Il suffit de lire les discours de leurs leaders et les articles de leurs journaux pour s’en convaincre. Les anarchistes (un mouvement de masse, la CNT ayant au moins 500 à 800.000 adhérents) et le Parti communiste (un parti ultra minoritaire, d’obédience strictement stalinienne qui deviendra dominant pendant la Guerre civile), ou le POUM, parti marxiste anti-stalinien (fondé en 1935), ne croyaient évidemment pas en la démocratie libérale. La majorité des socialistes (et du syndicat majoritaire UGT : 1 à 1,5 million d’adhérents), dirigée par Francisco Largo Caballero, préconisait la dictature du prolétariat et le rapprochement avec les communistes. À l’exception d’une petite minorité de sociaux-démocrates, totalement marginalisée, les socialistes ne voulaient pas d’un régime pluraliste, fondé sur la division des pouvoirs et la garantie des libertés individuelles. La démocratie libérale n’était pour eux qu’un moyen pour parvenir à leur fin : l’État socialiste.
Les gauches républicaines (des petits partis bourgeois, jacobins, laïcistes, dogmatiques et sectaires) n’y croyaient pas non plus. Ces gauches républicaines (à ne pas confondre avec les socialistes) étaient dominées par la personnalité de Manuel Azaña qui se compromit lourdement dans le soulèvement socialiste de 1934. « Il n’y a pas de liberté contre la liberté, telle est l’essence de notre politique ! » clamait Azaña, ou encore : « À une République entre les mains de fascistes ou de monarchistes nous préférons n’importe quelle catastrophe, même s’il nous faut répandre le sang ». Quant aux nationalistes basques et catalans du PNV (Parti nationaliste basque) et de l’ERC (Esquerra Republicana de Catalunya), ils poursuivaient leurs propres objectifs, qui n’étaient ni la révolution sociale, ni la démocratie espagnole, mais l’autonomie la plus large voire l’indépendance de leurs peuples.
À droite, la CEDA (Confédération des droites autonomes, un parti composé de conservateurs catholiques et de démocrates-chrétiens) défendit scrupuleusement la loi et l’ordre républicains jusqu’en février 1936, mais ensuite ses leaders en vinrent à souhaiter le soulèvement militaire. Dans l’intimité, son président, Gil Robles, avouait admirer le dictateur portugais Antonio de Oliveira Salazar.
Les monarchistes de Rénovation espagnole (dont l’idéologie était proche de celle de l’Action Française), les carlistes (ou monarchistes traditionalistes) et les phalangistes (du petit parti de l’avocat madrilène José Antonio Primo de Rivera qui défendait le national-syndicalisme (4)), ne croyaient évidemment pas non plus en la démocratie libérale.
Le seul parti qui défendit la démocratie libérale jusqu’au bout, sans arrière-pensée, est le parti Républicain radical d’Alejandro Lerroux. Mais, après les scandales financiers qui éclaboussèrent ses leaders et au lendemain des élections de février 1936, il ne représentait plus rien. Dès le déclenchement de la Guerre civile, ses membres furent poursuivis par les miliciens et les tchékistes. Le gouvernement du Front Populaire prit lui-même la tête de la répression. Il chargea un tribunal populaire de juger les ex-ministres du Parti radical : Rafael Salazar Alonso, Gerardo Abad Conde et Rafaël Guerra del Rio. Accusés, sans preuves, d’avoir « favorisé le soulèvement », ils furent condamnés à mort et exécutés.
Quant aux intellectuels démocrates, ceux qui avaient appelé de leurs vœux la République, ils marquèrent très tôt leur désapprobation et leur tristesse devant l’évolution du régime. Les « Pères fondateurs de la République », Gregorio Marañon, José Ortega y Gasset et Ramón Perez de Ayala, ont soutenu le soulèvement de juillet 1936 et leurs fils ont combattu dans les rangs du camp national. Le philosophe catholique libéral Miguel de Unamuno, ami des antifascistes italiens Benedetto Croce et Giovanni Amendola, fit lui aussi le même choix.
La légalité et la légitimité du régime était contestée de toute part. Les républicains (toutes tendances confondues, républicains de droite et de gauche et les socialistes) avaient organisé un coup d’État contre la monarchie en 1930. Les anarchistes se lancèrent dans trois insurrections contre la République en 1931, 1932 et 1933. Un minuscule groupe de militaires conservateurs fit une tentative de putsch en août 1932 (c’est l’épisode du général Sanjurjo, un général qui avait favorisé l’avènement de la République). Beaucoup plus grave, en raison de la dimension de leur tentative, les socialistes se soulevèrent dans toute l’Espagne contre le gouvernement de la République, que présidait le radical Alejandro Lerroux, en octobre 1934. Appuyée par toutes les gauches, cette insurrection socialiste fut planifiée comme une guerre civile pour instaurer la dictature du prolétariat. Elle ne fut peut-être pas la première étape de la Guerre civile (on peut en discuter), mais elle fut le premier assaut menaçant, la première tentative sérieuse pour détruire la République. La gravité de ces événements de 1934, que beaucoup d’historiens circonscrivent un peu rapidement à la révolution des Asturies (dont la reconquête dura 14 jours et fit 1200 morts), a été soulignée par plusieurs auteurs de gauche (dont Gabriel Jackson, Ramos Oliveira, Sanchez Albornoz ou Brenan). « Avec la rébellion de 1934, écrit le libéral antifranquiste Salvador de Madariaga, la gauche espagnole perdit jusqu’à l’ombre d’autorité morale pour condamner la rébellion de 1936. »
La situation de l’historiographie de la Guerre d’Espagne dans les années 2010
Un mot pour conclure cette ébauche de bilan historiographique. Sous le gouvernement de Mariano Rajoy (à partir de 2011), les polémiques sur la Guerre d’Espagne se poursuivent. Mais elles ont cependant moins d’impact sur l’opinion publique. Celle-ci est fatiguée, lassée par le thème. Elle a surtout d’autres préoccupations depuis l’éclatement de la terrible crise financière et économique de 2008.
Un enseignement peut être néanmoins tiré. Grâce aux travaux d’une minorité d’historiens indépendants, un coup mortel a été porté à la vision manichéenne, prétendument « progressiste », de la Seconde République et de la Guerra civil, qui avait été élevée au rang de dogme officiel par les gouvernements du PSOE sous l’influence et la pression de l’extrême gauche. Désormais, l’historiographie de la Guerre d’Espagne apparaît plus complexe et surtout plus rééquilibrée. La vision partiale et manichéenne reste sans doute prédominante au sein de l’université d’État où rares sont ceux qui osent la remettre en cause. Elle est aussi inculquée sans partage dans l’enseignement secondaire public. Mais dans les grands médias, et surtout dans l’opinion publique, la perception de la grande tragédie espagnole du XXe siècle est désormais plus diversifiée. L’interprétation « officielle », idyllique et politiquement correcte selon laquelle les bons « républicains » défendaient la légalité, la liberté, la démocratie, l’émancipation des travailleurs et la modernisation de la société espagnole face aux méchants « fascistes » n’est plus du tout hégémonique dans l’opinion publique. La fiction a vécu.
Arnaud Imatz
15/11/2014
Première partie : La contamination idéologique de l’histoire : l’exemple emblématique de la Guerre d’Espagne (1/2)
La contamination idéologique de l’histoire : l’exemple emblématique de la Guerre d’Espagne (1/2)
Notes
- Dans le groupe des historiens qui soutiennent ou citent les travaux de Moa, on trouve, entre autres, Stanley Payne, José Manuel Cuenca Toribio, Carlos Seco Serrano, Hught Thomas, César Vidal, José Luis Orella, Jesus Larrazabal et Ricardo de la Cierva.
- On a fait état de 100 à 130 000 victimes du franquisme. Les plus extrémistes ont repris les élucubrations de la propagande du Komintern de l’après guerre : 200 000 à 400 000 voire même 500 000 victimes du franquisme. De nombreuses monographies ont été publiées sur le sujet mais, pour la plupart, sans grande de valeur scientifique. Parmi les auteurs qui prétendent qu’il y eut un véritable « génocide », citons Santos Julia, Casanova, Solé y Sabaté, Villa et Moreno, Victimas de la guerra civil, Temas de hoy, 1999. Les résultats de leurs travaux et leurs méthodologies ont été durement critiqués en raison de leur manque de rigueur. Voir Ángel David, “Victimas de la guerra civil: la izquierda historiográfica y la necesidad de un genocidio”, Razón Española, nº 187, septembre-octobre 2014, p. 163-191 et José Javier Esparza, El terror rojo en España. Epílogo: El terror blanco, prologue de Stanley Payne, Madrid, Áltera, 2007.
- 51 000 condamnations à mort ont été prononcées dès la fin de la guerre civile, dont seulement 23 000 commuées en peines de prison.
- Sur le fondateur et chef de la Phalange, voir : Arnaud Imatz, José Antonio, la Phalange et le national-syndicalisme, Paris, Godefroy de Bouillon, 2000.