La politique d’Angela Merkel « n’est pas tenable dans la durée ». Ainsi s’exprimait Manuel Valls en février, inquiet de voir la chancelière allemande ouvrir ses frontières aux réfugiés du Moyen-Orient. La lucidité devrait obliger aujourd’hui le premier ministre à s’intéresser d’un peu plus près à la France, où une bombe migratoire est en train de se former.
Le nombre de demandeurs d’asile a augmenté de 18 % entre janvier et juin (ils seront 100 000 à la fin de l’année). Dans le même temps, celui des expulsions a diminué de 20 %. À Calais, la population de la « jungle » a doublé en trois mois et les grandes villes, dont Paris et Lille, sont débordées par l’afflux massif de sans-papiers. Sans compter tous ceux qui, par centaines toutes les nuits, arrivent d’Italie avant de se disperser sur nos routes depuis Nice et Menton.
Accaparées par leurs missions antiterroristes, les forces de l’ordre ne savent plus où donner de la tête. Résultat : la délinquance de voie publique progresse et les risques liés aux passages d’islamistes dissimulés dans la multitude mettent les services sur les dents. Dépassés, les élus locaux, de gauche comme de droite, sont démunis et doivent faire face à l’exaspération croissante de leurs administrés. Les belles âmes, qui répètent à l’envi que notre pays a les moyens d’accueillir tous ces clandestins, vivent bien loin des réalités.
Ce tsunami migratoire touche l’ensemble de l’Union européenne. C’est, bien sûr, à ce niveau que des solutions, autrement plus drastiques que celles de Schengen, doivent être trouvées. Mais la France ne peut éluder ses propres responsabilités. Elle est moins regardante que beaucoup de ses partenaires pour accorder sa protection aux demandeurs d’asile. Les aides sociales aux sans-papiers y sont également plus accessibles. Enfin, les procédures de reconduites aux frontières se perdent plus qu’ailleurs dans les méandres des recours judiciaires.
Si la générosité assumée d’Angela Merkel est intenable, le laisser-faire de François Hollande n’est plus tolérable. Avis aux candidats : c’est aussi sur ce terrain-là que se jouera la bataille de 2017.
Editorial par Yves Thréard
1/09/2016
Source : Le Figaro du 2/09/2016
Image : La jungle de Calais