Par Pierre Boisguilbert, journaliste spécialiste des médias et chroniqueur de politique étrangère ♦ Réel ou ressenti, le dérèglement climatique produit de nombreux dérèglements politiques. L’écologie ou respect de la nature, émanation d’un divin divers, est à l’origine une thématique de la droite traditionnelle. Elle a été captée et pervertie par l’écolo-gauchisme.
Le jeunisme au pouvoir
Le dernier avatar du mondialisme environnemental est le jeunisme. C’est une maladie récurrente des démocraties séniles. Le jeunisme se manifeste par une flagornerie totale des adultes et notamment des gouvernements vis-à-vis de tout ce qui vient des ados. On estime que ces jeunes sont formidable par définition, qu’ils nous mettent face à nos responsabilités, quand à leur avenir. On a eu la grande éruption de Mai-68 en France et la multiplication des jeunes gens et jeunes filles en fleurs contre la guerre du Vietnam, pour ne citer que deux exemples de ce jeunisme récurent.
Le voici donc de retour par le climat.
Il est obligatoire d’être en admiration devant la jeune Suédoise Greta Thunberg et ses émules qui mobilisent la jeunesse du monde.
I-Média n°239 – 500M€ pour Le Parisien, Europe 1-punité, Climato-fanatisme
Tout ça est bien sûr cousu de fil blanc et le fait que cette adolescente autiste mais très télégénique soit déjà, sans avoir rien fait, nominée pour le prix Nobel de la paix, montre bien que ces jeunes sont manipulés par le mondialisme qui s’appuie sur l’horreur climatique annoncée pour instrumentaliser la nécessité d’un gouvernement mondial. Mais depuis qu’Obama a obtenu le Nobel de la paix, ce prix déjà bien est discrédité et est redevenu clairement ce qu’il a toujours été : le prix du politiquement correct.
Quand on voit ces jeunes médiatisés pour instrumentaliser une cause, on peut penser à Minou Drouet. Dans la mode Sagan, cette gamine fut un temps célébrée comme grande poétesse et symbole du génie précoce. Sur ce phénomène fabriqué, Cocteau eut une phrase terrible et définitive : « Tous les enfants ont du génie, sauf Minou Drouet. »
Il faut se méfier des valeurs médiatiques émergentes. Tous les parents ont des enfants géniaux qui veulent sauver la planète, comme hier ils voulaient collecter des sacs de riz pour faire comme Kouchner. Depuis, plus de famines, bien sûr ! a méditer le proverbe arabe : « Tout crapaud pour sa mère est une gazelle. » Il est normal que les parents soient en admiration devant des enfants, les leurs, qui semblent sortir du lot. Mais ce n’est pas suffisant pour changer le monde. C’est aux adultes de le dire.
Une grève-gadget
La grève mondiale des enfants pour le climat est bien entendu un gadget qui sera sans doute institutionnalisé comme la journée sur l’esclavage ou contre les discriminations. La religion sans prêtres (à l’exception notable de journalistes) du mondialisme a besoin de rites et d’icônes.
Cette grève des écoliers est une stupidité. On ne fait pas grève contre les tremblements de terre. Les bons sentiments ne sont pas suffisants, les écoliers doivent étudier et pas faire grève pour leur avenir sur ce qui bâtit leur avenir.
La valorisation de la jeunesse par les politiciens mondiaux du climat s’inscrit dans une stratégie de mise en conformité de l’opinion par battage médiatique, avec des objectifs qui ne sont pas tous environnementaux.
« Les enfants montrent la voie aux parents » s’extasie le très conformiste Journal de Genève. C’était déjà le cas lors de la croisade des enfants pour délivrer le tombeau du christ… On sait comment cela s’est terminé.
L’exploitation de la sincérité fougueuse et naïve de la jeunesse ne sert à rien, comme les fondateurs de « Touche pas à mon pote » pourraient nous l’expliquer.
Pierre Boisghilbert
17/03/2019
Source : Correspondance Polémia
Crédit photo : Anders Hellberg [CC BY-SA 4.0], via Wikimedia Commons