« La liberté d’expression, par définition, ne peut pas être « circonscrite » sans risquer de devenir l’ennemi de la liberté de pensée : de la manipulation ».
Nous ne pouvons que condamner l’attaque de Charlie Hebdo car elle exprime une violence infinie d’autant plus cruelle qu’elle est organisée et froidement exécutée. Le consensus autour de cette condamnation et l’émotion de la rue est, bien sûr, rassurant et semble témoigner d’une forme de conscience nationale, d’un socle commun de valeurs et d’interdits et de la persistance au sein de notre société, rongée par l’individualisme, d’une ligne rouge au-delà de laquelle se trouve l’horreur.
Si les représailles pour délit d’opinion sont inacceptables, il faut respecter cette ligne de conduite dans tous les cas de figure. Car la liberté d’expression, par définition, ne peut pas être « circonscrite » sans risquer de devenir l’ennemi de la liberté de pensée : de la manipulation.
Il ne peut pas y avoir « deux poids, deux mesures » dans ce domaine. Si la liberté d’expression se limite à certains sujets, elle devient de la bonne conscience qui cherche à ignorer les questions où la liberté d’expression est piétinée.
Il y a la mort physique, dramatique et sans appel ; il existe aussi la mort sociale et les persécutions personnelles et professionnelles. Ces dernières années, les victimes de ces acharnements s’appellent Aymeric Chauprade, Sylvain Gouguenheim, Bernard Lugan, Richard Millet, Éric Zemmour…(*)
Les membres du gouvernement revendiquent haut et fort leur attachement à la sacrosainte « liberté d’expression » alors qu’il y a quelques semaines Manuel Valls affirmait, avec son ton docte habituel, que « le livre d’Éric Zemmour ne méritait pas d’être lu ».
Le monde des médias affiche une hypersensibilité au respect de cette liberté et Radio Courtoisie se bat contre le CSA depuis sa création afin de pouvoir élargir sa diffusion limitée actuellement à quelques régions de France.
Il est curieux de noter le point commun des réalisations qui ne bénéficient pas du respect de la liberté de parole. Nous y trouvons un travail réfléchi qui s’inscrit dans le temps long et ose remettre en cause les piliers de la globalisation du monde : l’immigration, le pouvoir américain, les effets collatéraux et pervers des démarches humanitaires…
Il s’agit d’un véritable ostracisme qui touche les réflexions nécessaires à la prévention et aux soins du malaise occidental qui abreuve les élans terroristes.
L’islamisme fait souche dans le désamour que les Français portent à leur pays et que les médias classiques cultivent avec pugnacité. Il est difficile de s’intégrer à un pays qui ne s’aime pas et crache sur son histoire.
Charlie Hebdo contribue depuis des années à traîner dans la boue les valeurs spirituelles essentielles à la bonne santé d’une société. Alors, bien sûr, nous sommes dans le domaine de l’humour qui revigore et témoigne de la vitalité d’un pays, mais Dieudonné aussi est un humoriste.
La liberté d’expression est en danger en France mais depuis bien plus longtemps que ce 7 janvier 2015. Il faut se battre pour la défendre mais y associer le deuxième mot de notre devise « l’égalité ». La ligne rouge de notre indignation ne doit pas être celle du sang car celle-ci arrive trop tard. Si nous sommes dans l’incapacité d’être des Éric Zemmour, des Aymeric Chauprade, des Bernard Lugan, des Richard Millet et des Dieudonné, nous ne pouvons pas être Charlie.
Laurence Maugest
08/01/2015
Note de la rédaction
Dans cette liste non exhaustive, aurait pu figurer le chercheur révisionniste, père de huit enfants, condamné à un an de prison ferme au titre de la loi Fabius-Gayssot.