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« Je coupe et j’en rejoue » ou la belote républicaine

« Je coupe et j’en rejoue » ou la belote républicaine

par | 28 février 2014 | Économie

« Je coupe et j’en rejoue » ou la belote républicaine

« Faisons un rêve («The Economist » ne rêve pas, l’article envisage sérieusement la vente), imaginons les bijoux de famille cédés pour payer les dettes. Une fois cela fait, il n’y aurait plus d’excuses, plus d’alternatives, il faudrait devenir sérieux.»

Le très sérieux The Economist a publié en janvier un article qui se penche sur les propriétés des États dits développés. On y trouve des détails passionnants, la nature de ces biens, leur valeur, des comparaisons avec le produit intérieur brut (PIB), l’endettement public, etc.

On attendait la France dans la moyenne mais, ô surprise, nous faisons mieux que les autres. Comprenez, nous sommes, enfin l’État français est, plus riche. La valeur des biens qu’il possède égale le PIB, 102% exactement, mieux que l’Allemagne (48%), l’Amérique (62%) et nos amis anglais (53%).

Las ! Nous sommes aussi en tête des pays endettés. De combien? D’un montant égal au même PIB ! Le bilan est équilibré ! La valeur des propriétés est égale aux dettes. Les autres pays ont autant de dettes (parfois plus) et moins de biens.

Le Français et son bas de laine !

La tentation est forte de suggérer de compenser l’un par l’autre, de vendre en tout cas une partie des biens pour rembourser les dettes. D’ailleurs, The Economist le prédit à l’ensemble des pays qu’il examine.

Curieusement tout se passe comme si les biens appartenaient à l’État et la dette aux citoyens. Maint article de presse a brandi le montant de dette que nous allons léguer à nos enfants. Celui de The Economist est le premier qui donne un peu d’espoir à ces chers petits.

On se rappelle surement (j’ironise) l’épisode où le Roi Louis XIV qui aimait trop la guerre, il l’a regretté, a fait fondre sa vaisselle pour aider à renflouer les finances de l’État. La République est moins bonne fille ; elle laisse le FMI, dirigé par une Française qui ignore sans doute ces chiffres, suggérer calmement un impôt exceptionnel sur le patrimoine pour effacer la dette.

Quand on veut on peut. Et l’exemple devrait venir d’en haut.

Est-il nécessaire d’entretenir  des hôtels particuliers au centre de Paris pour abriter des dirigeants qui voyagent beaucoup ? Roissy serait plus pratique ! Et le régiment de cavalerie lourde qui sert à leur protection, mieux employé à patrouiller dans les quartiers sensibles ou à briguer des médailles en concours hippique.

L’article de The Economist souligne que les informations sur les biens publics sont difficiles à obtenir, en France et ailleurs. Il précise cependant que les participations financières, les plus faciles à céder, représentent 10% du patrimoine public. Notre premier ministre, interrogé sur un plan de cession de ces participations, a répondu que cela était tenté, que quelques opérations avaient été réalisées, mais qu’on rencontrait des difficultés juridiques… En fait, on constate plutôt l’inverse avec la montée de l’État au capital pour sauver Peugeot, comme en d’autres temps il a sauvé Renault…

Mais voilà, il y a les postes ! Ceux des fonctionnaires qui gèrent ( ?) les propriétés, deux mille cinq cent milliards d’€ de musées, d’hôpitaux, de mairies, de prisons, de forêts, de châteaux, de cathédrales (il y en aurait 96, comptabilisées chacune pour 1 € !) cela mobilise du monde !

Il y a les mandats d’administrateurs, tremplins de carrière qui ouvrent l’accès aux postes stratégiques de l’économie mixte ou de la banque…

Faisons un rêve (The Economist ne rêve pas, l’article envisage sérieusement la vente), imaginons les bijoux de famille cédés pour payer les dettes. Une fois cela fait, il n’y aurait plus d’excuses, plus d’alternatives, il faudrait devenir sérieux, gérer convenablement (en père de famille, le mot risque de déplaire…), équilibrer les budgets, ce qui n’a plus été fait depuis quarante ans. Au passage, on aurait appris (réappris ?) aux citoyens (Saint-Simon utilisait déjà le terme) à compter, à surveiller les finances et à s’opposer aux dépenses inutiles.

 Alain Pélops
Source : Politique magazine
20/02/2014

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