Voici un texte de Pierre Boisguilbert sur le conflit israélo-palestinien. Ce conflit qui déchaîne les passions autour du globe, et évidemment en France, impose de garder la tête froide. Dans ce texte, notre contributeur régulier livre son analyse personnelle du traitement médiatique de la situation. L’objectif : partir de ce triste cas d’école afin de dévoiler ce qu’il révèle en creux de notre société.
Polémia
Le traitement médiatique de la dernière horreur en date du conflit israélo-palestinien est une preuve de plus de la faiblesse du monde occidental face à la stratégie globale de culpabilisation.
Il fut un temps où les choses étaient simples. On était dans une vision étatique de l’histoire, pour les pays arabes ou pour l’État d’Israël. Pour le droit des Palestiniens à reprendre une terre qui leur avait été arrachée de force ou pour celui des Juifs d’avoir enfin un pays sur un territoire biblique. Ce conflit a toujours eu une dimension religieuse, mais elle n’était pas unique ; elle l’est quasiment devenue. La guerre Palestiniens/Israéliens est devenue une guerre de religion, la plus cruelle des guerres, étendue à la planète et à la France en particulier. Les musulmans étant des victimes en France ne peuvent, pour certains, être des bourreaux au Proche-Orient. Les Israéliens, eux, sont dans le camp des oppresseurs et colonisateurs.
Une chose est évidente : plus le temps passe, moins la possibilité pour Tel-Aviv d’agir en toute liberté se réduit. En France même où la mémoire de la Shoah est très vivante, dans les médias bien plus qu’à l’école, c’est frappant. De nombreux intellectuels de confession juive se sont bien sûr exprimés mais leur voix n’a pas suffi pour faire taire l’orchestre antisioniste qui a joué plus fort que jamais. Au bout de quelques jours, le temps d’antenne consacré au sort des Palestiniens de Gaza l’a emporté sur le récit des horreurs de l’attaque terroriste du Hamas. Pourtant, même en excluant certaines informations non vérifiées, on a assisté à des scènes de massacre pas vues depuis le génocide tutsi au Rwanda. La comparaison est sans doute plus valable d’ailleurs que celles renvoyant comme toujours à la Seconde Guerre mondiale en France.
La solidarité de l’Occident avec Israël, qui reste réelle, est combattue en Occident même par des partis politiques qui, toujours pro-palestiniens, le restent même si la cause avec le Hamas est devenue celle du terrorisme islamique. L’hostilité politico-médiatique militante vis-à-vis d’Israël est renforcée par la nature de l’actuel régime politique de l’État sioniste. La détestation médiatique de Netanyahu rejoint parfaitement celle de Trump. Le gouvernement israélien, même issu des urnes, n’est pas médiatiquement correct. C’est un gouvernement d’extrême droite. C’est indiscutable avec même des partis politiques qui ne pourraient légalement exister en France. Comme c’est un gouvernement d’extrême droite, il est forcément largement responsable de ce qui arrive à son peuple. Sa responsabilité dans la montée en puissance du Hamas et la radicalisation des Palestiniens de Cisjordanie est un vrai sujet. Mais, pour les médias, il y a un lien majeur et définitif. La bête noire des médias, ce n’est pas le Hamas, c’est Netanyahu ; cela explique bien des choses.
Ce traitement médiatique n’est rien cependant par rapport au traitement des chaînes arabes qui sont suivies dans l’ensemble du monde musulman, et en France également dans certains quartiers. Le récit est pris en compte par tous les gouvernements qui ménagent leurs opinions publiques. C’est vrai notamment pour ceux qui voulaient accompagner jusqu’au bout la paix dans le processus d’Abraham. L’Arabie saoudite fait marche arrière, le Maroc vacille.
Israël a perdu, malgré l’abomination terroriste, la bataille de la communication. L’intervention israélienne ne fera qu’aggraver ce déséquilibre. Il s’agit d’un jugement de réalité qui va au-delà du cas israélien et en dépasse les clivages. Quand on est attaqué par le terrorisme islamique, on est vite médiatiquement sur la défensive et la contre-attaque est toujours culpabilisée.
Pierre Boisguilbert
25/10/2023
Crédit photo : Domaine public
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