La presse allemande
♦ Polémia poursuit sa revue de presse sur l’invasion migratoire telle qu’elle est perçue par la grande presse germanique.
La chancelière voit sa popularité toujours en baisse : des troubles surgissent dans les grandes villes et de violents débats s ‘expriment dans les instances politiques. Voici donc à nouveau quelques titres de la grande presse allemande des 8-14 et 15 octobre que nous devons, tout comme la première partie, à un contributeur que nous remercions vivement.
Polémia
DIE WELT :
L’appel de bienvenue de Merkel se propage jusqu’en Afrique de l’Ouest (14 oct.)
La « Willkommenskultur » allemande produit son effet au Mali, même chez ceux qui jusqu’ici ne voulaient pas partir. Les images, à la télévision, de gens sympathiques offrant des cadeaux de bienvenue attirent les migrants. Un visa pour l’Allemagne s’achète.
Destitution du gouvernement : Merkel se bat contre sa propre fraction (14 oct.)
Lors d’une réunion mémorable du groupe CDU/CSU [au Bundestag], il y a eu un violent débat sur la politique des réfugiés. Certains députés ont exigé de Merkel la fermeture des frontières. La chancelière se bat pour préserver son autorité.
Strobl, vice-président de la fraction CDU/CSU [au Bundestag] exprime sa confiance en Merkel (14 oct.)
Malgré les critiques portées contre sa politique des réfugiés, la chancelière Merkel continue de jouir de la confiance de la fraction CDU/CSU, selon les mots de Thomas Strobl. Nouvelle bagarre à Hambourg. D’autres nouvelles dans le fil d’actualités.
L’UE promet de l’argent pour les réfugiés – et ne paye pas (14 oct.)
Mauvais payeurs : plusieurs pays de l’UE avaient promis de débloquer rapidement des milliards pour faire face à la crise des réfugiés. Pourtant, les sommes convenues n’ont toujours pas été versées.
La disparition des frontières menace l’existence de l’Allemagne (14 oct.)
La CSU exige des mesures efficaces pour limiter l’immigration. Le ministre de la Justice de Bavière redoute que l’Allemagne ne perde sa souveraineté. L’Etat fédéral doit agir, dit-il, menaçant.
http://www.welt.de/politik/deutschland/article147567638/CSU-will-das-Recht-auf-Familiennachzug-beschraenken.html
La CSU veut restreindre le droit au regroupement familial (14 oct.)
Un demandeur d’asile reconnu a le droit inconditionnel de faire venir sa famille en Allemagne. La CSU veut changer cela : « Sinon, il faudra multiplier les chiffres actuels par un facteur trois ou quatre ».
La « Willkommenskultur » a mis le feu à l’Espace Schengen (14 oct.)
La Grande-Bretagne essaie de maintenir les réfugiés à proximité de leur patrie abandonnée. La France défend l’Europe en Afrique du Nord. Seule, l’Allemagne « exhale » sa « Willkommenskultur » et met ainsi l’UE en danger.
« Ici, on nous traite comme des insectes »(14 oct.)
Chaque jour, des centaines de réfugiés attendent devant le LAGeSo [Landesamt für Gesundheit und Soziales, Office des affaires sociales et sanitaires] de Berlin pour s’enregistrer. On peut voir ici à quel point l’administration est dépassée. Il manque même les tickets de file d’attente. Une Syrienne raconte.
7 réfugiés sur 10 interrompent leur formation (14 oct.)
On a, en Allemagne, un besoin urgent de professionnels. Les réfugiés pourraient être une solution, disent certains experts. Les premières expériences réalisées dans l’artisanat avec des stagiaires laissent cependant extrêmement perplexe.
Un expert des questions sociales s’attend à des augmentations d’impôt massives (15 oct.)
L’Allemagne est le « seul pays d’immigration sans règle », déplore l’économiste Raffelhüschen. Les réfugiés s’intégreront au système des prestations sociales – pas au marché du travail. Cela aura des conséquences.
« Il n’est pas question de discuter qui doit s’aligner sur qui » (15 oct.)
Le ministre des Affaires sociales de Bavière reproche à l’Etat fédéral de ne pas tenir ses engagements. Les réfugiés devraient en supporter les conséquences, s’ils venaient à fouler au pied les valeurs de la société allemande – comme l’égalité homme-femme.
HANDELSBLATT :
« Fermez les frontières! » (14 oct.)
La chancelière Merkel défend sa politique des réfugiés devant la base est-allemande de la CDU. Dans la ville saxonne de Schkeuditz, les militants écoutent d’abord avec recueillement, puis s’en prennent frontalement à la présidente de leur parti.
Celle-ci riposte.
Tusk, président du Conseil de l‘UE : subordonner les aides à la Turquie à la réduction du nombre de réfugiés (14 oct.)
Le président du Conseil de l’UE, Tusk, a subordonné un accord avec la Turquie à la réduction du nombre de réfugiés. Dans une lettre aux chefs d’Etat et de gouvernement, il met par ailleurs en garde contre une vague plus importante encore, au printemps.
Crise des réfugiés dans la capitale : recherche désespérément sénatrice en charge de l’intégration (14 oct.)
A Berlin, une dispute violente a éclaté, en lien avec la crise des réfugiés. La CDU reproche son échec au SPD, son partenaire dans la coalition [Land et ville]. Au centre des critiques : Dilek Kolat, sénatrice en charge de la politique d‘intégration.
PEGIDA, NPD, AfD : la grande peur devant l’Allemagne du côté obscur (14 oct.)
Dans le contexte de la crise des réfugiés, les manifestations de PEGIDA prennent un tour de plus en plus radical – principalement en Allemagne de l’Est. L’AfD et le NPD s’en mêlent aussi avec entrain. Des politiciens parlent d’un développement très inquiétant.
Nombreux sont les jours où les réfugiés affluent par milliers. C’est un défi majeur pour tout le pays – mais, selon de nombreux économistes, c’est également une grande chance. Est-ce que cet afflux pourrait même accélérer la croissance économique ? Un entretien avec Hans-Werner Sinn, patron de l’institut Ifo de Munich.
L’héroïne tragique (15 oct.)
On pardonne beaucoup à sa patronne, mais rarement qu’elle touche à l’essentiel. Il en est ainsi de Merkel et de sa politique des réfugiés. A l’Est, désormais, la CDU lui tourne le dos – par peur de perdre le pouvoir.
FRANKFURTER ALLGEMEINE ZEITUNG :
Le SPD dans la tourmente (8 oct.)
Après l’interview de la chancelière chez Anne Will, le SPD se déchire sur la conduite à tenir dans la crise des réfugiés. Il pourrait se trouver à l’aube d’une épreuve de vérité analogue à celle qui frappe l’Union.
Sévère critique à la chancelière lors du congrès de la CDU en Saxe (14 oct.)
A Schkeuditz, en Saxe du Nord, la critique de la base de la CDU à l’égard de la politique des réfugiés d’Angela Merkel a été particulièrement audible, mercredi soir. Nombreux sont ceux qui ont exprimé publiquement leur souhait d’une nouvelle présidente.
Le maire de Magdeburg quitte le SPD (14 oct.)
Lutz Trümper, le maire de Magdeburg, ne veut pas que le SPD le prive de sa liberté de parole sur la question des réfugiés. C’est pourquoi il quitte le parti – non sans conserver son mandat.
La majorité des Allemands ne veut plus aucun réfugié supplémentaire (14 oct.)
Tendance claire dans la crise des réfugiés : deux tiers des Allemands ne croient plus à la promesse de Merkel que « Nous allons réussir ». Ils ne sont plus qu’un sur cinq à croire que l’Allemagne peut encore accueillir d’autres demandeurs d’asile. Les partis de l’Union perdent les faveurs des électeurs.
Demandeurs d’asile : Tusk ne veut d’accord avec la Turquie que si le nombre des réfugiés diminue (14 oct.)
Le président du Conseil de l’UE met en garde contre une hausse supplémentaire de l’immigration vers l’Europe. Il considère qu’il est du devoir du gouvernement d’Ankara d’agir.
La polémique, violente, enfle au sein de l’Union – malgré une nouvelle loi sur le droit d’asile (15 oct.)
Ce jeudi, le Bundestag délibère sur la nouvelle loi sur le droit d’asile, qui est censé limiter le flot des réfugiés. La polémique au sein de l’Union se propage malgré les changements législatifs prévus.
Une association d’enseignants demande une limitation de la proportion de migrants (15 oct.)
L’association des philologues met en garde contre la présence d’un trop grand nombre de réfugiés dans les classes. Dès 30% d’enfants non germanophones, on observerait une baisse de performance.
SÜDDEUTSCHE ZEITUNG :
Crise des réfugiés : le ministre de la Justice de Bavière considère que l’Etat est menacé dans son existence (14 oct.)
Bausback, ministre de la Justice de Bavière, craint que les Länder ne soient bientôt plus en mesure de faire face au flot de réfugiés. Il a déclaré à la Frankfurter Allgemeine Zeitung qu’il voyait l’Etat [Staat] menacé dans son existence si l’Etat fédéral [Bund] n’agissait pas.
DIE ZEIT :
Des bénévoles du « Tafel » chahutés par des xénophobes (15 oct.)
Les « Tafeln » [NDT : Organisation caritative] nourrissent 150.000 réfugiés. Récemment, des bénévoles ont été insultés à cause de leur engagement, a déclaré leur président. Des racistes ont demandé que les repas soient réservés aux seuls Allemands.
FOCUS :
Rude automne pour la chancelière : un destin à la Schröder menace-t-il désormais Merkel ? (15 oct.)
A la CDU et à la CSU, nombreux sont ceux qui tiennent la politique des réfugiés d’Angela Merkel pour une faute. Cette question n’est pas l’unique point de discorde au sein de l’Union. Gerhard Schröder a perdu sa place à cause de telles confrontations. Est-ce ce qui attend Merkel ?
Duel à distance avec Merkel : Horst Seehofer s’exprime au Landtag [de Bavière] sur la crise des réfugiés (15 oct.)
Le patron de la CSU, Horst Seehofer, fait une déclaration sur la crise des réfugiés dans le cadre de l’heure des questions d‘actualité au Parlement de Bavière. Le ministre-président va-t-il à nouveau faire feu contre la politique de la chancelière Angela Merkel ? Discours à suivre sur le fil d’actualité.
Polémia
15/10/2015
Correspondance Polémia – 15/10/2015
Image : Presse allemande