Entretien avec Guillaume Travers, professeur d’économie, collaborateur de la revue Éléments et auteur ♦ L’Institut Iliade vient de publier son manifeste, un texte dense et vigoureux appelant les Européens de souche à assumer leur héritage, à se communautariser et à incarner une éthique propre à leur civilisation. Les jeunes auteurs, membres de l’Institut Iliade, formulent une doctrine claire et ambitieuse pour appeler à la reconquête. Nous avons interrogé, Guillaume Travers, l’un d’entre eux.
Effondrement et reconquête
Polémia : Grand remplacement, grand effacement de la culture, attaques répétées contre notre identité ou notre patrimoine, etc. Le sort de l’Europe n’est-il pas déjà scellé, ne serait-ce qu’en raison des dynamiques démographiques qui submergent actuellement notre continent ?
Guillaume Travers : Il est évident que l’Europe traverse une crise d’une gravité inédite, qui menace son existence même. Ce qui se passe actuellement sur le plan démographique n’a pas de précédent sur notre sol depuis plusieurs millénaires. Face à cet « effondrement », beaucoup sont tentés par le désespoir, le repli hors du monde, ou un conservatisme purement nostalgique, qui permettrait de conserver quelques miettes de notre ancienne culture. Les auteurs du Manifeste refusent l’apathie : l’avenir est le double produit de l’imprévu et de ce que nous en ferons. Les imprévus sont multiples. Par exemple, des bouleversements écologiques ou sanitaires pourraient un jour inverser les courbes démographiques qui aujourd’hui prédisent une explosion de la population africaine et un déclin continuel de l’Europe. Quant à ce que nous pouvons faire dans l’immédiat, les chantiers sont considérables. Mais, pour le voir, il faut changer radicalement de perspective : l’effondrement a déjà eu lieu, de sorte qu’il est vain de se morfondre quotidiennement. Le travail auquel les jeunes générations sont appelées est la reconquête, la mise en œuvre de forces positives nouvelles. À cet égard, s’il faut toujours garder un œil sur le passé, ce n’est pas pour se lamenter ou s’attrister de ce qui a disparu, mais pour revenir à la source de ce que nous sommes, et renouer avec l’élan intérieur qui a permis à nos peuples de réaliser tant de choses dans l’histoire.
Identité : multiplicité et complémentarité
Polémia : Vous développez une vision de l’identité qui décrit les multiples appartenances – ethniques, familiales, sexuelles, politiques, civilisationnelles – comme autant de cercles concentriques. Quelle est l’originalité de cette conception ?
Guillaume Travers : Le drame de notre époque et la réduction des identités à un seul de leurs composants. Certaines se définissent comme « femmes » en excluant toute appartenance politique, quand bien même il n’y a à peu près aucun rapport entre une Parisienne de Saint-Germain-des-Prés et une mère de famille en burqa à Riyad. D’autres se définissent comme « Noirs », sans voir les différences considérables qui séparent un Malien d’un Éthiopien. Certains se proclament « Français » en mettant dans le même sac ceux qui sont là depuis mille ans et ceux qui ont été naturalisés hier. On pourrait continuer. Les identités sont presque toujours pensées comme exclusives et contradictoires : il faudrait être soit « femme », soit « noir », soit « français », etc. C’est une erreur. Plutôt que comme une cacophonie, les appartenances doivent être pensées de manière symphonique. L’homme vraiment accompli se sent bien à la fois dans ses appartenances familiales, provinciales, nationales, civilisationnelles, etc. Ces multiples composants de l’identité doivent être envisagés comme complémentaires, non comme contradictoires. Mais pour que tel soit le cas, encore faut-il qu’une certaine cohérence de peuplement et de culture soit préservée. Être Européen, c’est appartenir à une lignée de souche européenne, à une vision propre de l’homme et de la femme, à des communautés politiques historiques, et prendre part (souvent sans en avoir conscience) à une « vue du monde » civilisationnelle. Le caractère traumatisant des identités naît du déracinement, de l’incapacité à percevoir ces divers maillons.
À l’occasion de la parution de notre manifeste, la jeune génération d’Auditeurs de l’Institut Iliade a collé « Aux jeunes Européens » sur les murs de différents campus universitaires français.
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Identitaires contre universalistes
Polémia : À quelles actions appellent les auteurs du Manifeste ?
Guillaume Travers : L’urgence pour les Européens de souche est celle de la communautarisation. Tous les peuples extra-européens présents sur notre sol vivent selon des logiques communautaires. Jusqu’à récemment, ce n’était pas nécessaire pour les Européens, tout simplement parce qu’ils étaient majoritaires. Aujourd’hui, c’est devenu nécessaire, afin de pouvoir élever ses enfants, transmettre une culture, garantir une certaine sécurité, etc. Mais la communautarisation n’est malheureusement pas suffisante, car les pouvoirs étatiques feront tout pour l’empêcher, et avancer sur la voie d’une « socialisation forcée ». Parallèlement à toutes les initiatives communautaires, il est donc primordial de conserver un combat proprement politique, visant tôt ou tard au retournement des forces en présence.
Polémia : Vous montrer du doigt certaines erreurs que les militants de sensibilité identitaire doivent éviter. Quelles sont-elles ?
Guillaume Travers : Pour faire sérieusement de la politique, il faut avoir une conscience claire des clivages que l’on juge prioritaires. Nous sommes très directs sur ce sujet : le clivage le plus important à nos yeux est celui qui oppose toutes les prétentions à l’universel et les appartenances enracinées. Pour faire simple : identitaires contre universalistes. Une fois ceci posé, nombre d’erreurs peuvent être évitées. L’une d’entre elles est celle qui pousse de nombreux acteurs politiques à plaider pour l’assimilation des immigrés. Cela est une grave erreur, qui suggère que n’importe qui sur la planète pourrait se fondre dans la « communauté » française – et cela, sans limite de nombre. Une autre erreur est la volonté parfois affirmée d’imposer un modèle originairement européen dans d’autres régions du monde. Il nous faut évidemment être très fier de tout notre héritage civilisationnel, mais aussi comprendre les dangers qu’il y a à vouloir en faire un universel. Notre plus grande force, nous devons la trouver un nous, dans l’affirmation sur notre terre et dans nos vies de nos spécificités, et non dans l’illusion d’une domination extérieure. Nous retrouverons la puissance non pas le jour où tout le monde sera comme nous, mais le jour où nous pourrons pleinement exister selon notre identité spécifique.
Entretien avec Guillaume Travers
25/11/2021