C’était un débat qui avait enflammé les réseaux sociaux. Face à Charlotte d’Ornellas, dans l’émission Punchline sur CNews, Viktorovitch avait repris la journaliste de Valeurs actuelles avec des chiffres mensongers sur l’immigration. Jean-Yves Le Gallou, spécialiste de la question migratoire, avait alors vertement repris le jeune professeur de Sciences Po. Récemment, Libération – via CheckNews, leurs « décodeurs » – a repris les chiffres de Viktorovitch et Jean-Yves Le Gallou.
Si les journalistes de Libé sont bien évidemment gênés de l’admettre et ont recours à quelques artifices pour nuancer leur propos au maximum, Clément Viktorovitch a bien utilisé de mauvais chiffres. Un comble pour celui qui se prétend un chantre de l’exactitude factuelle.
Polémia
Pour mémoire, voici l’extrait de l’émission I-Média dans laquelle Jean-Yves Le Gallou développait sa critique des chiffres de Clément Viktorovitch.
Dans un article consacré à ce débat, Libération écrit : « Jean-Yves le Gallou entend corriger Clément Viktorovitch. Son principal argument consiste à expliquer qu’il faut ajouter aux admissions au séjour les «demandeurs d’asile» (qui sont bien au nombre de 100 000 en 2017, comme il le dit) et les «mineurs isolés» (qu’il estime à tort à 50 000, on y reviendra). Il arrive ainsi à 420 000.
Il est exact que les statistiques des premiers titres de séjour, si elles intègrent les réfugiés (personnes ayant obtenu la protection), n’intègrent pas les demandeurs d’asile (un peu plus de 100 000 en 2017). »
Jean-Yves Le Gallou a eu raison de parler des 100 000 demandes d’asile
Clément Viktorovitch oublie bien d’évoquer les demandeurs d’asile !
Evidemment, Libération ne peut pas laisser passer cela et tente de minimiser cet oubli : « Les demandeurs d’asile et les réfugiés peuvent être, pour partie, les mêmes personnes, tout réfugié ayant été, un demandeur d’asile, avant que sa demande soit «acceptée». Le calcul de Jean-Yves le Gallou reviendrait donc à compter deux fois certaines personnes. »
Problème : si certaines personnes peuvent effectivement être comptabilisées deux fois, une proportion évidemment plus importante des immigrés n’est comptabilisée que parmi les demandeurs d’asile ! Il est donc clair que Jean-Yves Le Gallou a raison de rappeler ce chiffre et il est encore plus clair que Clément Viktorovitch a eu tort de ne pas évoquer ces 100 000 demandeurs d’asile.
Quelques lignes plus tard, le ministère de l’Intérieur, interrogé par Libération, reconnaît d’ailleurs qu’il y a « souvent un délai pour l’obtention du titre de séjour». Ce qui nuance d’autant plus les possibles doublons demandeurs d’asile/admis par titre de séjour.
Libération conclu ainsi : « Pour cette raison de méthodologie évidente, le calcul de Le Gallou n’est pas possible, et le chiffre de 420 000 entrées par an est donc surestimé. »
Nous avons vu que la surestimation était possible mais très loin d’être significative. Dès lors, pourquoi la conclusion de Libération n’était pas différente ? Il aurait fallu rédiger la phrase ainsi : « Malgré une légère imprécision, le calcul de Le Gallou était le meilleur, et le chiffre de 240 000 entrées par an donné par Clément Viktorovitch est donc largement sous-estimé. »
Jean-Yves Le Gallou a eu raison d’inclure les mineurs isolés
S’embrouillant dans des explications compliquées, Libération finit par conclure que Jean-Yves Le Gallou se trompe en parlant de 50 000 mineurs isolés entrant chaque année en France : « Les 54 000 évaluations ne signifient pas forcément 54 000 personnes » note ainsi les journalistes.
Là encore, plutôt que de reconnaître que Clément Viktorovitch a bien oublié de comptabiliser un nombre considérable d’immigrés, Libération préfère noter que le chiffre de 50 000 n’est pas prouvable même si les journalistes admette malgré eux qu’il y a eu – dans le cas du plus strict minimum – plus de 29 000 entrées en 2017 !
En effet, en 2016, 25 000 mineurs isolés avaient été recensés par les départements contre… 54 000 en 2017 !
Libération a beau évoquer des réévaluations qui pourraient être comptabilisées dans ces chiffres, même si l’ensemble des mineurs isolés présents en 2016 avaient été réévalués (hautement improbable), il y aurait malgré tout eu une arrivée de près de 30 000 d’entre eux en 2017 !
Evidemment, ces chiffres sont des chiffres officiels qui ne comptabilisent pas les mineurs isolés qui préfèrent rester discrets par rapport aux autorités étatiques.
Le chiffre de 50 000 donné par Jean-Yves Le Gallou correspond parfaitement aux inquiétudes des fonctionnaires qui notent une inquiétante hausse des arrivées de ces mineurs isolés.
Jean-Yves Le Gallou a eu raison de reprendre Clément Viktorovitch sur les étudiants
Là encore, Libération a décidément du mal à reconnaître que Jean-Yves Le Gallou a eu raison !
« Sur le premier point Jean-Yves Le Gallou a raison : «seuls les ressortissants de pays tiers sont concernés par les titres étudiants», confirme le ministère. Les 80 000 étudiants sont donc tous extra-européens.
Peut-on pour autant parler d’étudiants venant «d’Afrique et de pays du Maghreb principalement», comme l’affirme Jean-Yves Le Gallou? Pas vraiment. »
Si les journalistes de CheckNews admettent que Clément Vicktorvitch se trompe, ils essayent de critiquer Jean-Yves Le Gallou en déclarant que son affirmation sur la provenance géographique principale des étudiants extra-européens est fausse.
Jean-Yves Le Gallou évoque bien une provenance principale d’Afrique. Et Libération chipote en évoquant un pourcentage de 47 %, et donc inférieur à la majorité.
Sauf que :
1/ Le terme « principal » n’est pas « majoritaire ». Et l’Afrique est bien la première zone de provenance géographique des étudiants.
2/ Même dans le cas où l’on pourrait confondre « principal » et « majoritaire », Jean-Yves Le Gallou a prudemment nuancé son affirmation en rajoutant à la fin de sa phrase : « En tout cas [ces étudiants viennent] de pays extra-européens. » Une nuance bizarrement oubliée par Libération !
Outre que 47 % se rapproche tellement de la majorité qu’il est osé d’attaquer Jean-Yves Le Gallou là-dessus, Libération est obligé de modifier puis tronquer la phrase de président de la Fondation Polémia pour être capable de l’attaquer.
Une sournoiserie à l’image de cet article qui donne raison à Jean-Yves Le Gallou tout en tentant au maximum de l’attaquer. Heureusement, les faits sont solides et sont du côté de Jean-Yves Le Gallou.
Alors, à quand un débat entre Jean-Yves Le Gallou et Clément Viktorovitch sur CNews ?