[colored_box bgColor= »#f7c101″ textColor= »#222222″]Période de vacances d’été 2017 – Pendant la période de vacances d’été, Polémia se met au repos du lundi 10 juillet au jeudi 31 août 2017. Voulant éviter à nos lecteurs tout assoupissement pendant ladite période, notre équipe a planifié un calendrier de mises en ligne d’articles déjà diffusés au cours des mois passés mais dont l’intérêt est toujours d’actualité et qui auraient pu échapper à certains d’entre eux…[/colored_box]
Jean-Yves Le Gallou, président de la Fondation Polémia, répond aux questions de l’hebdomadaire Minute ♦ Polémia remercie ce dernier de lui avoir donné l’exclusivité de cette interview. Avec Immigration : la Catastrophe. Que faire ?, Jean-Yves Le Gallou livre un ouvrage sans précédent sur les vagues migratoires qui sont en train de transformer radicalement la France. Le principal péril, explique le créateur de la Fondation Polémia, est ce Grand Remplacement démographique qui préfigure le Grand Remplacement civilisationnel. Pour lui, il est encore possible d’inverser le cours des choses. Polémia
« Minute » : Vous avez réalisé avec ce livre de près de 500 pages une véritable somme sur l’immigration en France et sur ses conséquences. Combien de temps cela vous a-t-il pris ?
Jean-Yves Le Gallou : Je peux vous répondre trente ans, dix ans ou trois ans. Je peux vous dire trente ans parce que c’est un sujet sur lequel je travaille, réfléchis et écris depuis trente ans. Je peux vous dire dix ans parce que, depuis la création de la Fondation Polémia (1), nous avons produit beaucoup de textes sur l’immigration et j’en ai repris un certain nombre dans ce livre, quand j’en étais l’auteur, ou je m’en suis inspiré, quand je n’en étais pas l’auteur. Je peux vous dire trois ans si je me limite à la phase rédactionnelle de cette somme.
Vous vous positionnez très clairement contre l’immigration dès le titre de votre livre : Immigration : la catastrophe, qui claque sur un fond rouge et noir de masses migratoires. En quoi est-ce une catastrophe ?
L’immigration est une catastrophe sur tous les plans et je vais prendre trois exemples.
Les hommes politiques aiment beaucoup parler de la lutte contre l’insécurité, parce qu’elle préoccupe à juste titre les Français, en présentant tout un tas de solutions qui, selon eux, vont régler ce problème – et bien sûr ne le règlent jamais. Ils ne peuvent pas le régler parce qu’ils ne s’attaquent pas à la cause. Pour dire clairement les choses, l’erreur – je dirais même la faute – est de croire qu’il y a juste un problème d’insécurité. Or il n’y a pas de problème d’insécurité : il y a un problème d’immigration ! Quand la quasi-totalité des bandes criminelles sont issues de l’immigration et quand 70% des détenus sont étrangers ou issus de l’immigration, parler d’insécurité et ne parler que d’insécurité, c’est une manière de ne pas parler de ce sujet qui en est la source : l’immigration.
Deuxième exemple : la communautarisation de la société française, qui alimente le discours d’un certain nombre d’hommes politiques, à droite comme à gauche, avec ce qui est présenté comme son corollaire, le problème de la laïcité. Là encore, il est faux de prétendre qu’il y a un problème avec la laïcité, et de vouloir travailler sur le sens qu’il faut lui donner et sur son champ d’application. Il n’y a pas de problème avec la laïcité : il y a un problème avec l’immigration, et plus précisément avec l’islamisation.
Troisième exemple, avec le chômage et le montant des salaires, particulièrement du salaire minimum. Evidemment qu’il faut l’augmenter. Evidemment que le salaire minimum ne permet pas de vire dans des conditions décentes, notamment en région parisienne. Mais il est impossible d’augmenter le Smic quand, dans le même temps, les frontières sont ouvertes au point de permettre l’arrivée permanente d’une main-d’œuvre abondante et bon marché. Sur Le Bon Coin – vous savez, le site que ne connaît pas Nicolas Sarkozy… –, on vous propose des services de ménage pour la moitié du Smic. Quand on parle d’emploi et de salaire, le vrai problème derrière, c’est aussi l’immigration.
« L’Africain africanise, le musulman islamise »
Je m’attendais à ce que vous me répondiez plutôt sur la mise en péril de notre civilisation…
J’allais y venir. C’est ce que j’appelle « la catastrophe la plus catastrophique », parce qu’elle a un côté irréversible. La pire catastrophe de la folle acceptation de cette immigration est le Grand Remplacement, qu’il est de bon ton, à gauche mais pas seulement, de qualifier de mythe ou de vue de l’esprit paranoïaque, alors que le Grand Remplacement est une réalité qui tient en quelques chiffres que voici : en France, un tiers des naissances sont d’origine extra-européenne ; en Provence-Alpes-Côte d’Azur, la moitié des naissances n’est pas d’origine européenne ; et en Ile-de-France, ce sont les deux tiers des naissances qui ne sont pas d’origine européenne !
Nous sommes donc confrontés à un Grand Remplacement démographique qui entraîne un Grand Remplacement civilisationnel, tout simplement parce que les populations arrivent avec leur civilisation, et que les générations nouvelles sont élevées dans la culture de leurs ancêtres – ce qui est après tout bien naturel. L’Africain africanise, le musulman islamise, c’est dans la nature des choses, de la même manière que le pommier donne des pommes. Seulement cela se produit en Europe et c’est aussi dans la nature des choses – du moins cela devrait-il l’être – que les Européens veuillent s’en préserver.
Votre vision ne correspond pas aux statistiques officielles qui nous disent que la proportion d’immigrés est stable…
Je consacre tout un chapitre à ce que j’appelle « les entreprises de dissimulation des statistiques ». Et je montre par des dizaines d’exemples comment l’Insee (l’Institut national de la statistique) et l’Ined (l’Institution national d’études démographiques), deux organismes qui dépendent de l’Etat, présentent les chiffres de façon totalement biaisée. Ils nous disent que l’immigration est stable alors que, d’une part, c’est faux (3% d’étrangers en 1911, 6% en 2011), d’autre part, la nature de cette immigration n’est pas la même (aux Européens se sont substitués les Africains), et, surtout, les étrangers disparaissent chaque année des statistiques pour l’unique raison qu’on leur a octroyé la nationalité française (près d’un million et demi de néo-Français de 1999 à 2009), de telle sorte que les statistiques ne veulent plus rien dire !
Il est exact que les étrangers naturalisés français ne sont plus des étrangers. Sont-ils pour autant des Français ? Au sens administratif du terme, oui ; au sens culturel, au sens civilisationnel, on peut en douter pour un grand nombre d’entre eux.
« La remigration est indispensable et faisable »
Votre livre est sous-titré : Que faire ? Il y a trente ans, vous aviez théorisé le concept de préférence nationale. Sur la base des éléments que vous nous livrez, est-ce que la préférence nationale est encore une solution dans la mesure où de plus en plus de Français sont d’origine extra-européenne ?
La préférence nationale est toujours nécessaire ; elle permettrait de limiter les dégâts, ne serait-ce que parce qu’elle entraînerait de facto un tarissement des flux d’entrée. Il ne faut pas oublier non plus que, dans la préférence nationale telle que je la proposais, il y avait aussi une réforme du Code de la nationalité qui contribuerait à stopper certains problèmes.
Elle reste donc nécessaire pour ses bienfaits économiques et sociaux mais, en termes culturels, il faut désormais en venir à la préférence de civilisation, qui est le nécessaire complément de la préférence nationale.
Concrètement, en quoi consisterait cette préférence de civilisation ?
Concrètement, la préférence de civilisation consiste à favoriser et à promouvoir, dans tous les domaines, des politiques éducatives et culturelles qui renvoient à notre civilisation, à notre histoire, à l’histoire française et européenne, bref, à la civilisation européenne. Tous les programmes scolaires et toutes les politiques doivent être placées sous le signe de cette préférence de civilisation, qui est une des conditions de notre survie en tant que peuple.
Etes-vous favorable à ce que l’on appelait autrefois l’expulsion des étrangers et que l’on appelle aujourd’hui la remigration ? Et est-elle faisable ?
La remigration est indispensable et faisable, dès lors que la volonté politique est là, même si la tâche peut paraître immense. Je vais utiliser une image : si vous allez en Irlande et que l’on vous sert un très grand verre de bière, d’un litre par exemple, vous allez vous demander comment le boire. La bonne méthode, c’est de commencer à boire progressivement et vous allez voir que le verre va se vider, lentement mais sûrement.
Pour la remigration, c’est la même chose : il faut commencer par le commencement, c’est-à-dire par l‘expulsion des clandestins, qui n’ont absolument rien à faire ici, poursuivre par l’expulsion des criminels et des délinquants, qui n’ont plus rien à y faire non plus dès lors qu’ils ont enfreint nos lois, et puis il faut continuer, et vous verrez que ce n’est pas si ardu que cela paraît.
Il y a environ quatre millions d’étrangers qui disposent de titres de séjour. Or ces titres de séjour ne sont pas définitifs : par nature, ils sont provisoires, ils ont en quelque sorte une date de péremption. Il suffit donc de ne pas les renouveler. Une fois que vous avez fait ça, vous avez déjà accompli beaucoup de travail. Donc commençons par cela.
Ensuite, vous avez les binationaux. Là, la question qui se pose est de savoir s’ils ont une simple appartenance administrative à la France, auquel cas ce n’est peut-être pas tout à fait suffisant, ou s’ils ont aussi une appartenance affective, une appartenance culturelle. Mais cela, ce sera dans un deuxième temps.
Ce n’est pas parce que ce deuxième temps va être plus délicat qu’il faut s’interdire le premier temps.
« La souveraineté doit être au service de l’identité »
Est-il possible de renvoyer des gens de façon massive ? Y a-t-il des exemples dans l’histoire ?
Il n’y a pas de besoin de remonter très loin. Tout le XXe siècle est marqué par des déplacements massifs de populations.
A la fin de la Première Guerre mondiale, un million et demi de Grecs ont été évacués d’Asie mineure ! On ne peut même pas parler de remigration puisqu’ils étaient là depuis des millénaires, mais le transfert a eu lieu.
A la fin de la Deuxième Guerre mondiale, des millions de gens ont été déplacés et ont quitté des endroits où leurs ancêtres étaient depuis non pas seulement des dizaines d’années mais des centaines d’années. Ces expulsions, précisons-le, avaient été décidées par les puissances sorties victorieuses de la guerre.
Plus récemment encore, il y a eu, bien sûr, l’exode des Pieds-Noirs.
Êtes-vous hostile à l’accueil des réfugiés ?
Je crois qu’il y a un abus considérable du statut de réfugié politique et que la majorité des personnes présentées comme des réfugiés sont des migrants économiques. Or aujourd’hui, la situation est telle qu’il faut aller à l’essentiel.
Il y a peu, j’ai eu un débat – c’était une première –, sur Radio Sputnik, avec Catherine Wihtol de Wenden, qui est une sociologue, professeur à Sciences Po, et qui défend une position immigrationniste. Ce débat a été très intéressant en ce qu’il a mis en évidence deux points de vue totalement différents.
Le point de vue de Mme Wihtol de Wenden est qu’on doit donner des droits individuels aux gens qui arrivent, et que ces droits sont garantis par des juges qui décident en fonction de principes généraux tels qu’on peut les lire dans les conventions internationales et qu’ils se permettent d’interpréter à la sauce politiquement correcte sous l’œil humide des médias.
Le point de vue que j’ai défendu est non pas le droit des individus à émigrer mais le droit des peuples – français et européens en l’espèce – à préserver leur identité et que ce droit doit être garanti de manière démocratique par le fait que c’est aux peuples de voter pour les politiques migratoires qu’ils souhaitent, et absolument pas aux juges d’en décider. Or depuis trente ans, toutes les lois sur l’immigration sont faites par les grands organes judiciaires, que ce soit la Cour internationale des droits de l’homme, le Conseil constitutionnel, le Conseil d’Etat, etc.
Vous avez eu un autre débat, avec Jacques Sapir celui-là, sur Radio Courtoisie, et ce fut le débat de l’identité contre la souveraineté. Est-ce que vous partagez la thèse d’Eric Zemmour selon lequel la souveraineté sans l’identité n’a aucun intérêt ? (2)
Absolument. La thèse de Sapir, qui est une thèse constructiviste, part du constat que la France est devenue hétérogène, et que l’on peut reformer une sorte d’unité par l’affirmation d’une souveraineté politique. C’est une thèse tout à fait respectable mais que je ne partage pas et qui me paraît assez hors sol.
La souveraineté, c’est-à-dire la possibilité de décider par nous-mêmes, n’a de sens que si nous savons ce que nous sommes et que nous voulons le perpétuer : la souveraineté doit être au service de l’identité, sinon elle n’est qu’une coquille vide. L’identité est un préalable.
Propos recueillis par Marc Bertric
25/05/2016
J.-Y. Le Gallou, Immigration : la catastrophe. Que faire ?, éd. Via Romana, 484 pages. À commander sur le site de Via Romana ou sur la boutique de Polémia.
Notes :
- Parce que, « dans un monde en proie au chaos et de plus en plus dominé par le choc des civilisations, il faut avoir le courage de déceler les nouvelles lignes de fracture et de discerner les conflits à venir pour mieux les prévenir », Jean-Yves Le Gallou a créé, voici dix ans, la Fondation Polémia, dont la production alimente la réinfosphère.
- Dans un article qui fera date sur « Le souverainisme aux deux visages », paru dans le Figaro Magazine du 7 mai 2016, Eric Zemmour a eu cette formule : « Après tout, une république islamique pourrait être souveraine, mais serait-elle encore la France ? ». On peut le consulter sur Fdesouche.
Correspondance Polémia – 28/05/2016