Rares sont ceux qui, dans les médias, ont remarqué qu’il y avait un grand absent dans le discours de politique générale de Gabriel Attal. Cet absent, c’est l’immigration. Plus rares encore sont ceux qui l’ont souligné.
C’est pourtant le problème essentiel pour l’avenir de la France. On aura juste compris que cela sera réglé à l’échelon européen. L’Europe qui n’est jamais un problème, mais une solution. La limite en est tout de même l’agriculture. Pôle Sud, l’immigration ; pôle Nord, l’agriculture. Dans le traitement médiatique, qui ne voit que le système préfère de loin les étrangers venus d’ailleurs aux Français enracinés ici. C’est évident dans le traitement du mouvement agricole. Après un moment de sympathie car les tracteurs qui bloquent, ça fait de l’audience, on a vite montré sa défiance. Tous ces culs-terreux sont dangereux, car l’appel à la terre, ça sent forcément son vichysme et son extrême droite. Le physique de nos agriculteurs, très profil de rugbyman du terroir, est trop éloigné de ceux des bobos parisiens qui nous gouvernent et qui sont plus près de la gracieuse silhouette d’un Attal que de celle plus rugueuse d’un Chabal. Il n’est même pas sûr qu’ils soient si fiers que cela d’avoir un Premier ministre homosexuel revendiqué, c’est dire.
Sur BFMTV notamment, on a recherché ce qui pouvait s’apparenter à une violence. La musique étant : on laisse faire les agriculteurs alors qu’on ne passe rien à d’autres, suivez mon regard. Puis, dans un deuxième temps, c’est à peine si on n’a pas appelé, au regard des promesses verbales du pouvoir, à la levée des barrages. L’immigration et la ruralité démontrent ce que les journalistes de système veulent cacher : l’Europe n’est pas une multiplication de la puissance française mais un instrument mondialiste à sa soumission à la libre circulation des autres, humains comme marchandises.
Quand on voit l’évolution du mouvement des paysans de France, on se dit que sans violence on reste ignoré. À Bruxelles, le ton est différent car, là, la colère explose. Pour se faire entendre des petits commissionnaires des mondialistes, il faut pour le moins les bousculer. Les paysans d’Europe vont peut-être relancer le mouvement français trop policé dès le départ pour être vraiment inquiétant. L’image des blindés légers de la gendarmerie face aux tracteurs restera. Les agriculteurs ne peuvent prendre le risque de perdre leur gagne-pain, leur tracteur, et donc l’affrontement matériel est impossible : ils sont souris pour échapper au chat, faute de pouvoir se comporter en taureau. Il restera cependant un élément positif. L’écologisme politique connaît un coup d’arrêt médiatique évident. Les affameurs d’agriculteurs qui veulent tuer la terre pour sauver la planète sont sur la défensive. Il restera aussi l’image d’un président à la cour de Suède dans des petits souliers de petit marquis avec sa madame si loin des sabots du terroir. Ils mangeaient des kanelbullars loin du jambon-beurre de la révolte.
Quant à l’immigration, la loi votée et censurée a soulagé le Premier ministre. Il n’a pas même jugé utile d’en faire un point essentiel de son discours, bien joué car c’est un bon communicant, mais qui aurait pu être écrit par ChatGPT. Sauf que l’intelligence artificielle, elle, aurait sans doute traité l’immigration. Ce qui est artificiel, c’est la solidarité avec le monde agricole et la volonté affichée de réduire l’immigration. Il n’est pas besoin d’être très intelligent pour le comprendre. Sur les deux sujets, l’opinion publique se réveille. De plus en plus, l’élection européenne apparaît donc comme essentielle. Pour changer la politique européenne sur ces sujets et redonner vraiment sa souveraineté à la France, il faut changer la Commission européenne. Attal l’a bien compris, dont l’objectif premier est de diaboliser ceux qui veulent changer l’Europe par le vote en les traitant quasiment de traîtres à la solde de l’étranger, c’est-à-dire de Moscou sans le dire. Cette attaque diffamatoire n’a pas fait l’objet de grands commentaires dans les médias dominants, pas plus que le silence assourdissant sur l’immigration. Il y a bien en France un parti de l’étranger migratoire et agricole, mais il est au cœur de la macronie.
Pierre Boisguilbert
05/02/2024
Crédit photo : Domaine public
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