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Immigration de masse et démocratie

Immigration de masse et démocratie

par | 13 octobre 2016 | Géopolitique, Société

Immigration de masse et démocratie

Les phénomènes migratoires se passent en général en dehors de toute procédure démocratique alors qu’ils peuvent affecter profondément la vie du peuple d’accueil. Cette carence provoque le sentiment que les pouvoirs publics méprisent l’avis du peuple et déstabilisent le système politique. De plus, l’avis majoritaire des populations s’inscrit frontalement contre celui des élites médiatiques, administratives, judiciaires, économiques et syndicales. Cela fait apparaître une nouvelle « lutte des classes » autour de ce thème nouveau qu’est l’immigration.

Les causes de l’immigration de masse : certainement pas la volonté du peuple

  • La logique économique : au début, en France, les milieux industriels voulaient importer une main-d’œuvre à bon marché (sous le président Pompidou). Puis le « welfare state» a joué le rôle d’une pompe aspirante (voir les travaux de l’économiste Hans Hermann Hoppe et les prix Nobel comme Maurice Allais et Gary Becker). L’immigration clandestine s’est développée. Plusieurs économistes comme Gary Becker proposent des mécanismes pour limiter l’immigration comme l’obligation de payer un capital pour pouvoir s’installer dans un pays et profiter de son niveau de vie créé par les générations précédentes.
  • Le droit n’est pas adapté à la situation actuelle. Le statut de réfugié, par exemple, a été conçu pour un monde où les réfugiés étaient des personnes isolées victimes de dictatures. Le droit n’a pas été conçu pour des arrivées en masse. Le résultat est que le réfugié est protégé statutairement mais, dans 80% des cas, sa demande est rejetée car il ne s’agit pas de persécution politique. Pourtant l’État est incapable de lui faire quitter le territoire national. La loi n’est donc pas respectée.
  • La culture : dans des sociétés atomisées, individualistes et matérialistes, les citoyens ne voient que leur situation individuelle. Donc ils sont indifférents à l’immigration jusqu’au jour où elle menace la qualité de leur vie et la sécurité. Ils rejettent alors l’immigration mais avec retard. Ce rejet est à l’origine de partis politiques nouveaux qui connaissent depuis quelques années une faveur croissante. En France, le Front national représente presque 30% des électeurs mais le système électoral est tel que ces trente pour cent n’ont que deux députés sur 577, ce qui n’est guère démocratique.
  • L’absence de cause finale au sens d’Aristote : la société occidentale a perdu ses anciens idéaux. Le droit sert de seule référence mais il est froid. Il ne peut pas mobiliser la population pour défendre son identité nationale et culturelle, ou morale. Le taux de délinquance des immigrés est souvent très élevé sauf chez les Asiatiques en raison de structures familiales fortes. Le taux de conversion à l’islamisme révolutionnaire est difficile à appréhender mais il augmente. Dans cette société où les normes ont perdu de leur importance, des jeunes sans repères se tournent vers la guerre sainte (djihad).

Les effets de l’immigration de masse

Comme le disait le président Sarkozy, il s’agit d’une immigration subie et non choisie. Il est donc normal que ses effets soient plutôt négatifs :

  • effets économiques et budgétaires : l’emploi. Le taux de chômage des migrants est en France de près de 18% contre 10% pour les Français nés en France. Cela dit, le chômage des jeunes est de 25%, ce qui est grave pour l’avenir. Les syndicats critiquent l’impact d’une main-d’œuvre peu qualifiée sur les salaires. Il faut construire aux frais du contribuable des logements sociaux et l’augmentation de la densité de population nuit à l’écologie. Le système de santé et de sécurité sociale est très sollicité. Tout cela a un coût élevé ;
  • effets politiques : l’insécurité. Il est vrai que les prisons contiennent une part anormalement importante de migrants ou de personnes des minorités visibles. Le taux de délinquance des minorités, notamment musulmanes, est beaucoup plus élevé, comme l’ont montré plusieurs rapports parlementaires. Des zones de non-droit se sont formées où la police n’ose plus pénétrer. De plus, les gouvernements ont du mal à renvoyer les étrangers délinquants à cause de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme. Beaucoup de citoyens ont le sentiment d’une absence de liberté et d’une censure sur ces sujets : le résultat est que 70% des citoyens pensent que les médias ne sont pas dignes de confiance. Le taux n’est pas meilleur pour les juges suspectés de laxisme à l’égard des étrangers délinquants. Cela nuit à l’image de l’Union européenne parmi les citoyens ;
  • effets culturels : l’école. Les élites s’arrangent pour que leurs enfants quittent les écoles où il y a trop d’immigrés et où le niveau baisse. La censure médiatique qui limite la liberté de parole sur l’immigration exaspère de plus en plus de citoyens qui n’acceptent pas d’être jugés par des élites bien protégées dans leur vie quotidienne ;
  • pas de cause finale : le déchirement du tissu social se développe à deux niveaux. Les relations interethniques se dégradent. En Corse, on est parfois au bord de la guerre civile. Par ailleurs, une déchirure se produit entre les élites qui accusent le peuple de xénophobie voire de racisme, alors que dans leur situation personnelle elles évitent tout contact avec l’immigration (écoles, logement, transports).

La démocratie face à l’immigration de masse

  • Les diktats de l’oligarchie : l’immigration de masse ne gêne pas les classes oligarchiques. Elle conforte leur pouvoir sur une population interchangeable sans racines, utilisable pour l’économie. Cette vision matérialiste de la société n’est plus acceptée par tout le monde.
  • Une nouvelle lutte des classes ? Les intérêts de l’oligarchie et des classes populaires s’opposent de plus en plus. La compréhension de l’autre n’existe plus. Le tissu social se déchire. Première conséquence : le système politique n’est plus bipolaire mais tripolaire ; en France, la gauche, la droite classique et le Front national ont chacun un tiers des voix. Or les systèmes tripolaires sont instables.
  • Apparition et développement du populisme : devant l’incompréhension des élites, de nouveaux partis politiques apparaissent sur le thème du refus de l’immigration de masse. Ils sont diabolisés dans les médias et les classes dirigeantes mais ont une audience croissante. Le Brexit est un des effets de cette évolution. En France, selon un sondage IPSOS d’août 2016, 11% de Français seulement pensent que l’immigration a des effets positifs et une grande majorité pense que les immigrés pillent la Sécurité sociale. Les arguments favorables à l’immigration passent de plus en plus pour de la désinformation auprès des populations qui souffrent de la cohabitation avec les migrants du tiers-monde qui ont des cultures différentes (statut de la femme notamment).
  • Le cas de la Suisse et la démocratie directe : seule la Suisse (et certains États fédérés des État-Unis comme la Californie) fait des référendums sur l’immigration. Le dernier de ces référendums d’initiative populaire (déclenché par une pétition) a obtenu 50,3% de voix en 2014. Il a pour but de mettre en place des quotas et de plafonner l’immigration légale à l’encontre des accords bilatéraux signés avec l’Union européenne. Aux État-Unis, des référendums contre l’immigration et ses conséquences sur les dépenses sociales ont eu lieu mais les décisions ont été cassées par les tribunaux. La population estime alors qu’elle est méprisée et ignorée.

Conclusion : retour à la démocratie ou guerre civile ?

La tension est croissante en France non seulement entre Français de souche et immigrés mais aussi entre immigrés de diverses ethnies. C’est ainsi que les Chinois de Paris ont récemment manifesté dans la rue contre les agressions physiques commises par des migrants d’Afrique du Nord ou d’Afrique noire. L’armée entraîne une partie des troupes sur des scénarios possibles de guerre urbaine. Autrefois, il n’était pas envisagé que l’armée intervienne sur le territoire national. Cette situation n’est pas si tendue en Suisse ou un dialogue entre les citoyens et les gouvernants est maintenu grâce à la démocratie directe (les référendums). Il faut dire que si les étrangers sont nombreux en Suisse (25% sur 8 millions d’habitants), 80% sont des Européens qui ne posent pas de problèmes graves d’intégration.

Les classes dirigeantes qui sont aussi les classes économiquement favorisées sont insensibles aux dangers et inconvénients de l’immigration alors que la majeure partie du peuple est de plus en plus sensible. Ce sujet est donc cause d’un déchirement du corps social : l’introduction de la démocratie sur ces sujets pourrait être un facteur de pacification.

Ivan Blot
22/09/2016

Ivan Blot
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