Les migrations sont aussi vieilles que l’homme. Ce dernier, en quête de ressources, partage, en effet, avec la plupart des espèces animales, la capacité de coloniser sans répit de nouveaux territoires accessibles. Sans cela, l’homme n’aurait évidemment pas colonisé la planète entière dès les temps les plus reculés.
1. Mais le terme migration recouvre en réalité des choses bien différentes.
En premier lieu, il y a la colonisation de territoires vierges de toute présence humaine. En second lieu, il y a l’entrée, paisible ou violente, acceptée ou forcée, de territoires déjà occupés. C’est le second terme qui nous préoccupe ici.
2. Le XXIe siècle va être dominé par l’extraordinaire poussée démographique de l’homme, et notamment par l‘explosion démographique de l’Afrique. Selon les prévisions de l’ONU, les populations de ce continent pourraient atteindre 3,4 milliards d’individus à la fin de ce siècle. Dès lors un homme sur trois serait originaire d’Afrique. Un phénomène d’une telle ampleur ne peut qu’entraîner des conséquences difficilement imaginables, notamment en termes de flux migratoires.
3. L’immigration est, par définition, destructrice du tissu social, à des degrés divers selon l’intensité des flux migratoires. Comme le disait Paracelse, « c’est dans la dose qu’est le poison » .
Certes, l’immigration est, en soi et en principe, un élément de dynamisme économique, ne serait-ce que du fait de la stimulation de la demande globale de consommation (*). En revanche, elle nécrose le tissu social dans lequel elle s’implante.
En d’autres termes, l’immigration massive fortifie le corps mais altère ou, au pire, porte atteinte à l’identité à l’âme des populations d’accueil.
Au delà d’un certain degré, en effet, d’une part, elle dissout les liens de solidarité et les références identitaires existant entre les différents groupes sociaux (sentiment d’appartenance à une classe sociale, valeurs nationales, références religieuses, traditions, héritage culturel, modes de comportement etc.) et génère des tensions entre les différentes composantes de la population en quête de reconnaissance sociale et d’accès aux biens de consommation.
4. Le XXIe siècle verra l’opposition entre les nations à forte intensité migratoire – États-Unis, Europe à faible homogénéité sociale – et les nations à faible intensité migratoire mais à forte homogénéité sociale : Chine, Inde, Japon, Russie, Afrique, Amérique latine, Moyen-Orient.
Quelles seront celles, des sociétés composites et des sociétés homogènes, qui l’emporteront dans le combat pour les ressources et la domination géopolitique régionale ou mondiale ?
5. Car les sociétés composites souffrent d’un mal originel, à savoir la difficulté, ou l’incapacité, de dégager un consensus global sur les objectifs politiques et sociétaux à atteindre. La volonté collective se disperse et se dissout entre une multitude d’individus sans liens relationnels forts entre eux, si ce n’est la satisfaction des besoins de consommation.
À cet égard, il est prévisible que les États-Unis, de plus en plus dominés par des minorités avides de pouvoir d’achat et de consommation de biens matériels, auront de plus en plus de difficulté à définir et à mettre en œuvre une politique étrangère au service d’une vision stratégique d’ensemble du destin américain.
Qui va survivre ou dominer le monde de demain ?
Yves-Marie Laulan
02/07/2013
Note
(*) En fait, ce postulat, cher à Alfred Sauvy, le grand démographe, ne se vérifie pas toujours. La preuve en est la France, et l’Europe, terres d’immigration, mais frappées néanmoins par la stagnation chronique.