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Ils ont loué Staline, ils condamnent Poutine

Ils ont loué Staline, ils condamnent Poutine
Ils ont loué Staline, ils condamnent Poutine

L’ostracisation de Vladimir Poutine dans tous les médias mainstream est devenue flagrante, et prend une ampleur que les événements d’Ukraine ne font qu’attiser.

Depuis plusieurs années déjà la presse bien pensante occidentale nous présente Vladimir Poutine comme un autocrate anti-démocratique. Tout est bon pour dénigrer le maître du Kremlin : assassinat de journalistes, guerre en Tchétchénie, emprisonnement de Mikhaïl Khodorkovski, tout ça, c’est la faute à Poutine ! On le voit torse nu taquiner la truite, il est aussitôt raillé alors que Barack Obama avait suscité toute l’admiration bienveillante des magazines people lorsqu’il s’était complaisamment laissé photographier en maillot de bain. Si Poutine soutient le régime syrien, c’est qu’il est du côté des forces du mal et des dictatures.

Les militantes de Pussy Riots qui avaient chanté une prière punk anti-Poutine dans une cathédrale à Moscou sont condamnées : fascisme. Est-ce que la France a condamné les FEMEN pour avoir profané Notre-Dame ? Les Pussy Riots sont amnistiées : ce n’est qu’une opération de com de Poutine. Les jeux olympiques d’hiver à Sotchi furent l’occasion d’un déchaînement des médias occidentaux. Bien avant l’ouverture nous avions été prévenus car Poutine avait averti qu’il ne laisserait pas se diffuser à cette occasion la propagande homophile. Le VRP de la propagande bien pensante, BHL, s’est déplacé à Sotchi pour exhorter les sportifs à refuser les médailles olympiques de la honte. Et puis d’ailleurs ces jeux ont coûté bien trop cher. Les événements actuels en Ukraine permettent aux médias occidentaux de comparer Poutine qui organise un référendum d’autodétermination en Crimée à Hitler qui envahit les Sudètes. Pas un mot par contre des soutiens de groupes néo-nazis aux putschistes de Kiev « pro-européens ».

Il y a quelques années pourtant, le maître du Kremlin bénéficiait d’une extraordinaire complaisance de la part de notre intelligentzia. Derrière André Gide, Romain Rolland, André Malraux, Jean-Paul Sartre et tant d’autres « compagnons de route », toute une génération d’intellectuels a entraîné les artistes, les journalistes, les enseignants et les syndicalistes dans une complaisance affichée à l’égard de l’idéologie communiste et de son mentor Joseph Staline. À l’instar d’Yves Montand, le voyage à Moscou était un devoir militant.

Que s’est-il passé ? Pourquoi, comment l’intelligentsia, la presse sont-elles « passées à l’ouest » ?

Il n’aura échappé à personne que le régime communiste s’est effondré, même si Poutine s’efforce, très habilement du reste, de préserver l’unité de son pays en intégrant à la fois l’histoire orthodoxe des tsars et l’histoire communiste des vainqueurs de Stalingrad, ce qui ne devrait pourtant pas déplaire à nos « compagnons de route » staliniens. Mais ceux-ci ont basculé vers l’obamania.

Tentons une explication.

Le régime russe actuel tente de se guérir du communisme et de sa vision internationaliste qui ont conduit le pays à la ruine. « Prolétaires de tous les pays … », l’URSS a donné. Et la Russie actuelle a clairement abandonné les velléités internationalistes ruineuses et malheureuses du marxisme-léninisme. Elle a quitté toutes les anciennes terres d’influence soviétique qui se sont souvent effondrées avec l’URSS. Les États-Unis ont immédiatement profité de cet appel d’air pour s’implanter, ou tenter de s’implanter, dans les pays de l’ancien « bloc de l’est » : Tchécoslovaquie et Yougoslavie démembrées, l’Otan tente aussitôt d’y déployer son « bouclier anti-missiles » tandis que la Pologne achète des F16 américains et accueille des bases de l’Otan. La démarche des États-Unis à travers l’Otan est de contenir à l’ouest la Russie (voir la carte). La crise actuelle en Ukraine doit être comprise à cet éclairage.

Les États-Unis déploient également leur contrôle militaire ailleurs qu’en Europe : Irak, Syrie, la Turquie étant déjà acquise de longue date. Mais aussi Afghanistan. Et puis aussi l’Afrique et l’Amérique du Sud.

L’internationalisme est dorénavant assuré par les seuls USA puisque l’URSS a failli. Ayant abandonné depuis mai 68 l’idéologie anti-capitaliste, nos intellectuels se sont rangés du côté de « l’Internationale libérale » puisque « l’Internationale communiste » a échoué. A « Prolétaires de tous les pays … », succède à présent « Consommateurs de tous les pays … »

Obama ayant été mis en place par cette « Internationale libérale », il reçoit immédiatement le Prix Nobel de la Paix ce qui permet de laver les consciences, et de guerroyer sans entrave. Sans entrave ? Jusqu’à ce que Poutine s’oppose à cet expansionnisme qui frappe à sa porte.

Ainsi donc dans le fond, l’ennemi, ce n’est pas tant le capitalisme. Les communistes chinois s’en accommodent bien. L’ennemi, c’est l’opposant à cet expansionnisme militaire et marchand, cosmopolite et financier, aujourd’hui identifié : la Russie de Vladimir Poutine. Alors bien entendu, il gêne.

Georges Gourdin
rédacteur en chef de nice-Provence.info
Source :
metamag.fr
29/04/2014

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