On s’en doutait un peu à la façon dont les socialistes se sont glissés sans difficultés dans l’appareil d’État : il y avait comme un air de continuité avec les prédécesseurs. Mais aujourd’hui le doute n’est plus permis. Nous ne sommes plus en 1981 : la rupture est surtout médiatique. Tout est dans le masque, dit-on au théâtre. En politique aussi, manifestement.
La présidence normale s’inscrit déjà dans la continuité de la précédente, mais en le disant autrement, avec le soutien des médias et des syndicats. C’est cela, être de gauche !
Il faut refuser le diktat des marchés et de la finance internationale. On va donc approuver de nouvelles règles de surveillance budgétaire européenne, dans le cadre du « paquet européen », encore plus strictes qu’avant et adieu les eurobonds qui nous avaient bien occupés durant la campagne électorale. Vous voyez la différence avec Sarkozy ?
On ne doit pas prononcer le mot rigueur. Non, on doit seulement redresser les comptes publics et réduire les dépenses pour diminuer le déficit. Vous saisissez la nuance avec Sarkozy ?
Les syndicats de fonctionnaires vont être contents car on va cesser de supprimer « comptablement » des emplois publics, comme au temps de la RGPP. On va seulement « stabiliser les effectifs de l’Etat » en compensant les créations d’emplois à l’éducation nationale, à la police et à la justice, par des suppressions dans les autres ministères, selon le même ratio qu’avant mais calculé différemment. On arrête la RGPP : à la place il y aura un projet de refondation et de modernisation de l’action publique (on dira PRMAP, sans doute). Vous saisissez la nuance ?
On va faire payer les riches. On ne revient pas à l’ancien taux d’ISF. Non : on va établir une contribution exceptionnelle en 2012 sur la fortune. Mais curieusement le taux d’imposition exceptionnel à 75% est reporté. Par contre on annonce une augmentation de la CSG pour tous pour diminuer le coût du travail. Le Medef approuve.
Vous saisissez la nuance avec Sarkozy ? C’est simple : Sarkozy nous disait qu’il fallait diminuer les impôts, mais tout le monde n’en profitait pas. Hollande nous dit que les impôts c’est la justice et tout le monde va en profiter.
C’est cela être de gauche !
Michel Geoffroy
12/07/2012
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