« La perte de crédit de François Hollande n’est que le début d’un processus. L’extension du domaine de la lutte est à l’ordre du jour. »
Rien de plus tendance que le Hollande bashing ! C’est normal, mais c’est un peu court comme seule explication des difficultés de la France et du mécontentement de l’opinion.
Certes, Hollande n’a pas volé les difficultés qu’il rencontre. Après une campagne électorale mensongère, il a reçu – sans surprise – un héritage difficile : une France traversant une double crise, économique et budgétaire mais aussi identitaire et sécuritaire. Au lieu d’y faire face par un mélange de fermeté et de pragmatisme, il a adopté un comportement ressenti comme hyper sectaire et accompagné de reculades sélectives. La logique des institutions explique aussi que le rejet d’un système s’incarne dans la personne du Président.
Ceci étant, l’honnêteté conduit à reconnaître que les problèmes de la France dépassent largement la personnalité de Hollande (comme de Sarkozy d’ailleurs si celui-ci avait été réélu) ! Une série de cycles politiques sont au bord de l’épuisement.
Depuis 1980, l’alternance politique, c’est diastole et systole : un coup PS, un coup UMP (RPR, c’était pareil). La même politique sous des habillages différents : plus personne n’y croit !
Depuis 1968, les réformes sociétales, c’est toujours pareil : on bouscule les traditions, on nie les évidences (les différences de sexe, de race, de culture), on appelle « refondation » de l’école des réformes éducatives de plus en plus aberrantes. Un peu de « chienlit » (de Gaulle) ça va, 45 ans de chienlit, ça lasse. Le populisme a le vent en poupe.
Depuis 1972 (la loi Pleven, l’affaire Touvier), les Français sont constamment culpabilisés. Ils sont coupables, forcément coupables, de la colonisation, de l’esclavage, de la collaboration ! Leur poitrine n’est jamais assez vaste pour les mea culpa qu’on leur demande. Mais quand Hollande lance les cérémonies du centenaire de 1914 en dénonçant le « racisme », en nous bassinant avec la « diversité » et en évoquant la « Shoah », certains commencent à trouver que la coupe est pleine. Trop, c’est trop !
Depuis 1962 (le Kennedy Round) jusqu’à maintenant (le nouveau traité transatlantique), la mode est à l’ouverture des frontières à la libre circulation des marchandises, de la finance et des immigrés. Seulement voilà, à part les très riches, plus personne ne croit à la « mondialisation heureuse ». L’esprit du temps, c’est patriotisme économique et localisme.
Depuis 1936, c’est la montée de l’État-providence. Mais avec des dépenses publiques atteignant 57 % du PIB, il n’y a plus de marges de manœuvre. Les très riches s’évadent, les entrepreneurs s’exilent, les classes moyennes renâclent. Le consentement à l’impôt a atteint ses limites.
Depuis 1914, sur les ruines des sociétés traditionnelles, l’Europe a vu s’affronter quatre idéologies : le fascisme, le national-socialisme, le communisme, le mondialisme anglo-saxon. Les trois premières ont disparu. Le mondialisme anglo-saxon bat de l’aile et vit à crédit. L’aspiration à l’indépendance géopolitique et au ré-enracinement civilisationnel émerge.
Depuis 1750, la philosophie des Lumières s’est imposée dans les esprits et les sociétés. Mais l’arraisonnement du monde à la pure rationalité et au calcul marchand rencontre ses limites. Les préoccupations éthiques et environnementales reviennent en force.
Le temps des grands changements arrive. Et cela ne sera pas une « alternance » à la petite semaine ! La perte de crédit de François Hollande n’est que le début d’un processus. L’extension du domaine de la lutte est à l’ordre du jour.
Jean-Yves Le Gallou
12/11/2013
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