Par Pierre Boisguilbert ♦ Un drôle de sondage est récemment paru, gratifiant Valérie Pécresse, la candidate des Républicains à la présidentielle, d’un spectaculaire bond dans les intentions de vote des Français. Si ce sondage apparaît hautement suspicieux, le problème de fond n’en demeure pas moins : les électeurs de cette droite molle semblent tout à fait contents d’être cocus.
Polémia
11 points de plus ?
Au lendemain de sa désignation comme candidate par le parti Les Républicains, voilà, selon les sondages, Valérie Pécresse qualifiée pour le second tour. Et, dans l’un de ces sondages, en état même de battre Macron. Elle gagne 11 points.
C’est révélateur de la volatilité d’un électorat décidément à droite mais peu droit dans ses bottes. Normalement, il y aurait dû avoir, après son remarquable discours de Villepinte, un effet Zemmour. Les médias ont réussi à ne pas parler du fond pour détourner le regard sur quelques violences et provocations. L’agression contre le candidat par un excité est même passée au second plan après la raclée infligée à quelques militants de SOS racisme. C’est sur que la violence à peu de chances d’accompagner les meetings de Valérie, surtout que le premier a été annulé par trouille de l’omicron et de l’épidémie. Peu mobilisateur tout de même.
Valérie et Hillary
Ce qui est surprenant, c’est tout de même le retour de la droite de reniement. Depuis des années on analyse que « Les Républicains » sont en phase terminable de disparition et paient des décennies de trahisons de leurs promesses politiques. Il semble que les cocus soient à nouveau prêts de l’être et contents. Certains électeurs de droite sont ils les plus bêtes du monde ou les plus naïfs ? Le fait que Pecresse soit une femme joue certainement dans sa nouvelle popularité provisoire. Mais elle devrait se souvenir que l’on avait expliqué que c’est ce qui allait assurer le triomphe d’Hillary Clinton face au macho- facho Trump. On a vu ce qu’il est arrivé.
Il y a beaucoup d’Hillary dans Valérie Pecresse. Le sentiment d’un ravalement de façade politique effaçant la spontanéité. Comme un visage figé autour de formules imposées. La femme de « FAIRE » en est sans doute un exemple. Elle assène la formule avec une conviction qui sonne faux. C’est son principal handicap, elle joue un rôle, elle le connait par cœur, mais elle ne le joue pas bien.
Il faut dire qu’elle a droitisé son discours par obligation et qu’elle est à des années lumières de celle qui avait quitté le parti de Wauquiez, trop a droite pour ses exquises sensibilités de femme de cœur. Elle ne partage pas ce qu’elle dit, c’est dur à assumer sur la longueur. Elle aura bien du mal à assumer la ligne Ciotti, prêt de 40 % de l’électorat adhérent. D’ailleurs, Nice est un bon laboratoire. Les électeurs de Ciotti n’ont aucune confiance, lui-même non plus, dans la nature de droite assumée de Pécresse. Quant aux amis d’Estrosi, qui a quitté Les Républicains, pour rejoindre la majorité présidentielle avec Edouard Philippe, ils quittent massivement le parti pour suivre leur leader local. Même gros malaise du coté de Muselier dans les Bouches du Rhône.
La droite assumée ne croit pas en Pécresse et les centre droit lui reprochent un positionnement de composition. Elle est suspectée d’être non sincère et de trahir sur les deux fronts par opportunisme électoral. La formule « Valérie Traitresse » circule déjà, ce sera son défi de convaincre du contraire et d’assumer son nouveau programme d’autorité au féminin.
C’est une femme, elle a gagné la petite primaire et 11 points dans les sondages. Elle pourrait même gagner contre Macron. Cela prouve que tout est possible, que de nombreux électeurs de droite sont prêts à replonger et à se faire cocufier une nouvelle fois. Dont acte. Quant à Valérie, il lui faudra freiner ses cotés Hillary, assurance frôlant la suffisance, sourires artificiels et formules péremptoires. Le vote « première femme présidente » n’a pas assuré la victoire de l’épouse de l’ancien président Clinton. Le vote des femmes n’est jamais assuré pour une femme. Marine Le Pen en sait quelque chose. Et on ne vous parle même pas de l’autre femme de pouvoir et de bilan assumé mais contesté et dévastateur pour sa candidature, Anne Hidalgo.
Ni Hidalgo ni Clinton, Pécresse connait les écueils et même si elle est sorti du port en tête grâce au bateau pilote Stéphanini, ces écueils sont toujours là et toute la course reste à « faire »… c’est le cas de le dire.
Pierre Boisguilbert
08/12/2021
Crédit photo : Jacques Paquier [CC BY 2.0]