Montréal a connu le 28 septembre la plus grande manifestation de son histoire, 500 000 moutons de Panurge, en majorité adolescents, défilant derrière leur icône Greta Thunberg pour « défendre la planète » massacrée à l’en croire par la criminelle inconscience des adultes. Pourtant, quelques jours plus tôt à la tribune de l’ONU, la championne autoproclamée de l’environnement avait montré son son vrai visage — ou son autre personnalité. Son discours accusateur tenait de l’imprécation hystérique.
A l’ONU, on était bien loin de la jeune fille légèrement autiste et si méritante, donneuse de leçons certes, mais inspirée par de nobles motifs et porte-parole d’une génération légitimement inquiète de l’évolution environnementale de la planète. Elle n’était pas inspirée : les yeux exorbités, la bouche tordue, elle était possédée. Elle a véhiculé un discours de haine générationnelle, accusant les adultes d’être des criminels climatiques qu’elle trainerait volontiers devant un Nuremberg de l’environnement. Elle n’arrivait pas à se contenir, celle qui séduisait commence à faire peur. Il faut se méfier du fanatisme de l’âge tendre, l’histoire pourtant nous l’a enseigné.
Savonarole, dans sa haine des mœurs de la Florence des Médicis et sa dénonciation des dépravations papales, instaura un régime de terreur appuyé sur le fanatisme de ses pleureurs, souvent des enfants. Savonarole envoie ses jeunes disciples, des enfants et adolescents en robe blanche devenus des experts en dénonciation de « mauvaises actions », piller les habitations, les palais et les commerces, afin d’en extirper tous les objets de luxe et d’hérésie — miroirs, bijoux, cosmétiques, riches atours, œuvres d’art représentant des épisodes mythologiques et donc païens, Le 7 février 1497, Savonarole organise un grand «bûcher de vanité», place de la Seigneurie, dans lequel sont jetés tous les attributs du luxe : jeux, instruments de musique, tableaux, sculptures et jusqu’aux ouvrages de Boccace.
A quand un petit Livre Vert ?
Plus près de nous, comment ne pas se souvenir de l’exploitation de la jeunesse par les régimes totalitaires avec l’exemple le plus frappant, celui des Gardes rouges de Mao ? Des groupes de garçons et filles, souvent âgés de 10-12 ans, et dont la majeure partie est constituée de collégiens et lycéens. Ils portent un brassard de coton rouge sur lequel figurent trois caractères jaunes qui forment l’expression « Gardes rouges ». Le nouveau slogan à la tête de l’État est « Pas de fondation sans destruction ». Inspirés par les principes du Petit Livre rouge, les jeunes excités ont pour vocation de revivifier la société chinoise, trop rigidifiée, en éliminant les Quatre Vieilleries. Ils débaptisent à Pékin les noms de rue et attaquent les monuments évoquant la Chine impériale. Ils confisquent les biens des anciens capitalistes. De nombreux enfants ont alors dénoncé leurs parents, les condamnant à l’emprisonnement ou à la mort. Leurs héritiers khmers rouges, qui szeront les chevilles ouvrières du génocide cambodgien (1,7 million de morts selon l’hypothèse basse) seront eux aussi très jeunes.
Car les jeunes, qu’on nous dit si ouverts et si tolérants, sont facilement fanatisables et donc fanatisés. A quand un Petit Livre vert pour le salut du monde par la destruction de ses actuelles fondations ?
Reste à savoir qui est derrière, car ils sont toujours instrumentalisés même s’ils échappent parfois à leurs marionnettistes.
On commence à se poser la question : qui est derrière Greta ? Le charme est sur le point d’être rompu, il était temps, mais c’est peut être déjà trop tard.
Quand on voit la petite Suédoise, on ne peut que penser à la formule de Cocteau sur Minou Drouet, éphémère poétesse très médiatisée : « Tous les enfants ont du talent… sauf Minou Drouet. »
Tous les enfants veulent sincèrement sauver la planète, sauf Greta Thunberg.
Pierre Boisguilbert
5/10/2019
Source : Correspondance Polémia
Crédit photo : Anders Hellberg [CC BY-SA 4.0]
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