Grand Remplacement : l’un y croit, l’autre le nie. Dans Monde et Vie, Jean-Paul Gourevitch (JPG) estime qu’il n’y a pas de Grand Remplacement puisque, selon lui, le flux d’entrée et de naissances immigrées ne représente que 0,46 % de la population française. Faux, lui a répondu Jean-Yves Le Gallou (JYLG). Les entrées d’étrangers et les naissances d’origine étrangère représentent 2 % de la population française d’âge comparable, c’est-à-dire de moins de 40 ans. Car c’est évidemment par la base démographique que se produit le Grand Remplacement.
Jean-Paul Gourevitch a souhaité répondre. Nous lui donnons bien volontiers la parole.
Polémia.
La réponse de Jean-Paul Gourévitch
Cher Jean-Yves Le Gallou,
J’ai lu ton article dans Polemia et repris par divers blogs. En revanche tu ne m’as pas lu ou lu incomplètement. Tu écris par exemple que j’évalue les « entrées nettes d’étrangers à 180.000 » ce qui te fait dire que je suis « totalement à côté de la plaque ».
Premièrement, mon texte porte 180.000 minimum ce qui n’est pas la même chose.
D’autre part, il ne s’agit pas d’étrangers mais du solde migratoire d’immigrés, ce qui – comme tu le sais très bien – n’est pas du tout la même chose, les étrangers non immigrés n’ayant pas vocation à s’installer pour une longue durée ou définitivement dans le pays d’accueil. Tu as vu que je n’ai pas contesté pour les entrées le chiffre officiel de 262.000 titres « auxquels il faut associer les migrants irréguliers rentrants ». Et je reprends mon texte très différent du tien
« L’analyse conjuguée des statistiques des demandes d’asile, de l’AME et des « étrangers malades » qui ne concernent d’ailleurs pas la totalité de ces migrants, les situerait en 2017 autour de 120.000. »
Je me permets de préférer mon analyse à la tienne (100 000 demandeurs d’asile + 50 000 mineurs clandestins se déclarant mineurs isolés) car tous les migrants irréguliers ne demandent pas l’asile et ton chiffre de 50 000 ne repose sauf erreur de ma part sur aucune statistique. Le rapport Doisneau-Godefroy de 2017 cité par La Croix ne conteste pas l’explosion du nombre de mineurs isolés mais se montre relativement plus précis : « Leur nombre a atteint le chiffre de 13 000 au 31 décembre 2016 et s’élève actuellement à environ 18 000 […]. À ce rythme, le nombre de MIE pourrait atteindre 25 000 d’ici à la fin de l’année, soit une multiplication par deux en l’espace d’un an. »
Le fait que tu aies doublé ce chiffre pour la même année 2017 est une extrapolation dont je te laisse la responsabilité.
Nous pourrions discuter sereinement et longtemps sur le solde migratoire, sur le fait que les immigrés qui meurent sont bien moins nombreux que ceux qui naissent (ce sur quoi je suis tout à fait d’accord) et sur le fait que tu comptes parmi les naissances les immigrés de troisième génération et pas moi.
Tu comprendras, j’espère, toi qui luttes avec toutes tes forces contre la désinformation, qu’une rectification est ici nécessaire et je compte sur ta loyauté pour la publier.
Bien cordialement.
JPG
Le point des divergences JPG/JYLG
1– JPG estime que JYLG exagère le nombre des « mineurs isolés » que JYLG chiffre à 50 000. La divergence s’explique : les « mineurs » isolés sont longtemps restés inconnus des statisticiens et des médias. Mais un rapport bipartite Etat/association des départements de France lève un coin du voile. Deux préfets et cinq inspecteurs généraux (Intérieur, justice, affaires sociales) évaluent à 50 000 le nombre de clandestins s’étant revendiqués « mineurs » isolés en 2017. Le rapport est encore confidentiel mais une association … immigrationniste a obtenu une version provisoire qu’elle a mis en ligne (voir page 5) : http://www.infomie.net/IMG/pdf/2018_01_22_mna_note.pdf
2-JPG retient un solde d’entrées d’étrangers de 180 000. JYLG rappelle que 412 000 entrées d’étrangers ont été recensées en 2017 : 262 000 titres de séjour délivrés (sans les mineurs de moins de 13 ans), 100 000 demandeurs d’asile (sans les mineurs de moins de 13 ans), 50 000 « mineurs » isolés : en tout au moins 420 000 personnes. Non compris les clandestins que le gouvernement cherche à recenser à Calais, Briançon, Nice ou Paris… L’estimation basse de JPG suppose qu’au moins 280 000 à 320 000 étrangers soient repartis en 2017.
3– JPG privilégie dans ses analyses les hypothèses basses dans un souci de modération et de crédibilité. Après 40 ans d’étude et d’expérience sur le sujet JYLG estime que la réalité a toujours dépassé les hypothèses basses et moyennes.
4– Pour les naissances, JPG retient les statistiques officielles portant sur la première génération (enfants nés d’étrangers) et deuxième génération (enfants nés de parents nés à l’étranger). JYLG retient un critère géo-ethnique : celui des enfants dépistés à la drépanocytose parce qu’issus d’ascendants venus d’Afrique, du Maghreb, d’Asie du sud, du Proche orient ou d’Amérique latine.
5- La divergence essentielle entre JPG et JYLG porte sur la population à prendre en compte pour évaluer le rythme du remplacement. JPG compare les entrées et les naissances étrangères ou d’origine étrangère à l’ENSEMBLE de la population résidant en France. JYLG considère que les naissances et les entrées d’étrangers (qui ont généralement entre 15 et 35 ans) doivent être comparées à la population française de souche de moins de 40 ans.
Polémia
29/05/2018