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Gérald Darmanin ministre : laxisme, ensauvagement et censure

Gérald Darmanin ministre : laxisme, ensauvagement et censure

par | 5 janvier 2025 | Politique

Gérald Darmanin ministre : laxisme, ensauvagement et censure

La « philosophie au marteau » préconisée par Friedrich Nietzsche dans le Crépuscule des idoles consiste à frapper les « idoles » afin d’écouter le son qu’elles rendent. Pourquoi ne pas reprendre cette méthode pour jauger l’action politique, en tant que ministre, du médiatique et ambitieux Gérald Darmanin ?

I – Ministre de l’Action et des Comptes publics (mai 2017 – juillet 2020)

Le titulaire de cette fonction est chargé de préparer et de mettre en œuvre la politique du gouvernement en matière de comptes publics, de modernisation de l’action publique et de la fonction publique.

La dépense publique française, qui correspond à l’ensemble des sommes dépensées par les administrations publiques (État, sécurité sociale, collectivités territoriales, organismes ou administrations rattachés), a décuplé depuis les années 1970.

Durant le mandat de ministre de plein exercice chargé du Budget de Gérald Darmanin, l’INSEE indique que les dépenses publiques se sont encore accélérées en 2017 (+2,3 % du PIB contre 1,2 % en 2016), ont ralenti en continuant de croître en 2018 (+1,3 %), ont augmenté en 2019 (+2,6 %) avant d’exploser l’année suivante avec le « quoi qu’il en coûte » voulu par Emmanuel Macron durant la pandémie (9,2 %). À lui seul, l’État dépense toujours plus : +70 milliards d’euros en 2017, +66 en 2018, +85 en 2019 et +182 en 2020.

Le bilan comptable du ministre du Budget ne tranche donc pas avec celui du ministre de l’Économie Bruno Le Maire. La dette publique, qui était de 2 218 milliards d’euros à la fin 2017, atteint plus de 3 300 milliards en 2024 (soit 113,7 % du PIB) !

II – Ministre de l’Intérieur et des Outre-mer (juillet 2020 – septembre 2024)

L’immigration : explosion des titres de séjour, des clandestins… et des régularisations

Peu après sa prise de fonction, après avoir prononcé devant la presse le terme « d’ensauvagement » popularisé par l’essayiste Laurent Obertone, le ministre a déclaré devant la commission des Lois qu’il le maintenait tout en renvoyant dos à dos ceux qui le dénonçaient et ceux qui le promouvaient en faisant « un lien entre insécurité et immigration ».

En 2022, 230 passagers en majorité africains de l’Ocean Viking refusés par l’Italie et accueillis à Toulon se sont « évaporés dans la nature », ce qui n’a pas empêché Gérald Darmanin d’ironiser ultérieurement au sujet de Giorgia Meloni, jugée « incapable de régler les problèmes migratoires pour lesquels elle a été élue ».

En 2023, les entrées légales annuelles sur notre territoire ont battu un record avec 323 000 titres de séjour accordés, sachant que l’immigration de travail est inférieure à 15 %.

Les demandes d’asile ont également atteint un sommet (146 000 demandes), tandis que le nombre d’immigrés clandestins a encore augmenté comme le révèlent les données de l’Aide médicale d’État où l’on observe une croissance de 28 % entre 2017 et 2022.

Par ailleurs, les étrangers illégaux régularisés étaient 27 000 en 2020, 32 000 en 2021, 34 000 en 2022 et encore 34 000 en 2023 (selon le site de Marc Vanguard, qui recense des statistiques et comparaisons utiles).

Les flux migratoires battent donc des records durant le mandat de Gérald Darmanin.

Gérald Darmanin, le voyou de la République

Les OQTF et les expulsion d’étrangers fichés pour terrorisme

En 2024, un rapport parlementaire a conclu à l’échec de la politique d’expulsion des clandestins, tout en soulignant l’obstruction des pays d’origine qui refusent de délivrer des laissez-passer consulaires (96 % des cas), les annulations judiciaires massives (comparé à 2019, quatre fois plus de personnes ont été libérées des centres de rétention administrative en 2023, soit 678 « sans-papiers » par mois) et les refus d’embarquement des étrangers sous OQTF (plus de 145 par mois en 2024). Le taux d’expulsion des Maghrébins est comparable à celui des autres étrangers, à savoir 7,6 % contre 7,7 % (Le Point, 26/11/2024).

En 2012, 22 % des OQTF ont été exécutées, 12 % en 2018 puis seulement 7 % par an durant le mandat de Gérald Darmanin à l’Intérieur (Marc Vanguard).

Par ailleurs, les mesures d’expulsion du territoire d’étrangers fichés pour terrorisme voulues par le ministre n’ont concerné que les clandestins et non tous les étrangers signalés, soit 850 sur 4 100 en 2021 (L’Observatoire de l’islamisation).

La situation à Mayotte

En avril 2023, dans ce département qui souffre d’une submersion migratoire et où la moitié de la population est étrangère et compte de très nombreux clandestins, le gouvernement a mobilisé 1 800 policiers et gendarmes pour mettre en œuvre l’opération Wuambushu (« reprise en main » en mahorais) dans le but d’expulser des Comoriens en séjour irrégulier vers leur île d’origine.

De son côté, le gouvernement comorien a exigé des compensations financières extravagantes pour reprendre ses ressortissants.

En septembre 2023, Gérald Darmanin a annoncé la destruction de 400 logements des bidonvilles (sur un objectif initial de 1 000), « 1 327 interpellations, dont la quasi-totalité des chefs de gang identifiés (55 sur 59) » et un recul des violences sur les personnes de 10 %.

Les médias de grand chemin eux-mêmes s’accordent pourtant sur le fait que l’opération Wuambushu n’a pas réussi à atteindre ses objectifs de réduction des bidonvilles et de l’immigration.

Une hausse des violences et de la consommation de drogues

Les violences aux personnes sont croissantes, tant pour les coups et blessures volontaires (en augmentation de 2 pour 1 000 habitants entre 2019 et 2023) que pour les violences conjugales (de 125 000 en 2016 à 275 000 environ en 2023). Le nombre d’homicides est quant à lui passé de 826 en 2017 à 996 en 2023 (Marc Vanguard).

Par ailleurs, la consommation de produits stupéfiants explose, notamment celle de la cocaïne qui concernait 5,6 % de la population en 2017 et 9,4 % en 2022 (Observatoire français des drogues et des tendances addictives).

Le fiasco du Stade de France

En 2022, le chaos survenu devant les entrées du stade lors de la finale de la coupe d’Europe des clubs de football a été attribué par le ministre aux supporters anglais, au grand étonnement de la presse internationale.

Comme l’observait le chroniqueur de Polémia Pierre Boisguilbert : « Quant aux supporters de Liverpool, si loin de l’image du hooligan aviné, ils se sont comportés avec un flegme qui n’a pas été celui, hélas, de toutes nos forces de l’ordre. L’essentiel est bien sûr de minimiser le rôle des hordes de racailles de banlieue venues dépouiller, massacrer et parfois dénuder les visiteurs. Certains ont même pu se filmer ayant passé les barrages des stadiers contrairement à ceux qui avaient payé des billets même faux. »

Les émeutes urbaines consécutives à la mort du jeune Nahel

En 2023, devant la commission des Lois du Sénat, le ministre a affirmé qu’il y avait eu beaucoup de « Kevin et Mattéo » parmi les casseurs et les incendiaires.

Le média suisse Les Observateurs a relevé qu’« il y avait bien des Kevin et des Matteo pendant les émeutes, ils étaient pompiers, collègues de Dorian Damelincourt, mort en service le 3 juillet, face aux flammes. » Ce caporal-chef de 24 ans luttait contre un feu qui s’était déclaré sur plusieurs véhicules…

Les dissolutions administratives

Ces mesures décidées par l’exécutif sont prévues par une loi de 1936 concernant les groupes de combat et les milices privées. Leur nombre a atteint des records depuis l’élection d’Emmanuel Macron en approchant la quarantaine !

Gérald Darmanin, qui en a proposé une grande majorité, a ainsi déclaré : « Je ne laisserai aucune milice, qu’elle soit d’extrême droite ou d’un autre courant radical, faire la loi à la place des procureurs et des policiers. »

Le Conseil d’État en a annulé quelques-unes, dont celles du mouvement écologiste des Soulèvements de la Terre ou du groupe antifasciste lyonnais Gale.

Atteinte à « l’ordre public immatériel » : l’Institut Iliade face au délire totalitaire de Darmanin

De façon générale, ces mesures administratives ont semblé viser tantôt l’islamisme radical, tantôt « l’ultradroite », comme pour mettre un signe d’égalité entre les deux catégories (en 2024, les neuf projets d’attentats déjoués par les services spécialisés impliquaient pourtant tous des islamistes radicaux).

En 2021, le ministre a déclaré être scandalisé par le mouvement des Identitaires de Damieu Rieu et de sa porte-parole Thaïs d’Escufon, en déplorant un « travail de sape de la République », notamment après des opérations anti-migrants dans les Alpes où des militants avaient mis en place des équipes de surveillance non violentes pour aider les forces de l’ordre à sécuriser la frontière. Une procédure de dissolution du mouvement était rapidement lancée, qualifiée par l’essayiste François Bousquet de « nouvel avatar de la cancel culture, cette fois-ci portée au plus haut niveau de l’État ».

Réagissant à l’une des dissolutions d’associations classées à l’ultradroite, Régis de Castelnau, qui fut un des avocats du Parti communiste et de la CGT, a affirmé la nécessité de « s’opposer à ces dérives en sachant que ce genre de mesures est clairement destinée à en banaliser l’usage ».

Les interdictions de manifestation et de réunion

En mai 2023, la préfecture de police a interdit une marche annuelle en l’honneur de Jeanne d’Arc, bien qu’aucun dérapage ne soit survenu les années précédentes.

Une circulaire du ministre de l’Intérieur avait en effet ordonné aux préfets de « prendre de arrêtés d’interdiction » lorsque « tout militant d’ultradroite ou d’extrême droite ou toute association ou collectif, à Paris comme partout sur le territoire, déposera des déclarations de manifestations ».

Cette interdiction ayant été levée par le tribunal administratif, 600 personnes environ ont pu défiler sans incident à Paris, au grand dam de Gérald Darmanin qui a jugé cet événement « nauséabond ».

Le document secret de Darmanin utilisé pour interdire les hommages à Thomas, tué à Crépol

Une semaine plus tard, c’est un colloque d’hommage à Dominique Venner, organisé par l’Institut Iliade et la Nouvelle Librairie, qui a été interdit (tardivement) par arrêté préfectoral. Cette décision rappelait la personnalité de l’essayiste en s’appuyant sur des faits remontant à la Guerre d’Algérie, à savoir une condamnation à dix-huit mois de prison pour le délit politique découlant de son appartenance à l’OAS (ironie du sort, ce rappel, hors contexte historique, est constitutif du délit de diffamation depuis l’amnistie de 1968 !). Au vu de ce profil jugé sulfureux, l’autorité préfectorale affirmait notamment qu’il existait « des risques sérieux pour que, lors de cet hommage, des propos incitant à la haine et à la discrimination » soient exprimés et qu’une « incitation à l’émeute » s’ensuive, le site des organisateurs mentionnant leur volonté d’« allumer des feux » lors de cet événement !

De fait, la citation complète est la suivante : « Si cette espérance nous anime, c’est aussi parce que nous faisons le choix d’en maintenir la flamme. Le 21 mai 2023 ne sera pas un simple événement d’hommage. Nous ne voulons pas vénérer des cendres mais allumer des feux. » Une profession de foi de black blocs ?

L’arrêté préfectoral et la circulaire ministérielle ont été attaqués devant les instances administratives par l’Institut Iliade, qui a également déposé une plainte pénale, avec constitution de partie civile, contre le Préfet de police.

III – Ministre de la Justice (décembre 2024 – ?)

Des syndicats de magistrats ont exprimé leur inquiétude devant l’arrivée d’un garde des Sceaux présumé partisan de la fermeté pénale, qui préconise des prisons de taille réduite pour les petits délinquants, un isolement renforcé pour les barons de la drogue et des délais d’audiencement des procès plus rapides.

Comme le dit Jean-Yves Le Gallou : « La technique est éprouvée : une annonce spectaculaire qui fait hurler la gauche. Les médias qui reprennent à l’unisson et, hop, le bon peuple est persuadé que le gouvernement agit. Nada ! »

Pour mémoire, c’est ce même ministre qui a porté la réforme de la police judiciaire, entrée en vigueur depuis un an, qui place celle-ci sous l’autorité pleine et entière du pouvoir exécutif, malgré de vives critiques de magistrats et de policiers. Ces derniers craignent fortement que la gestion de la délinquance du quotidien soit fortement priorisée sur la lutte contre le crime organisé par leur hiérarchie, désormais départementale, et par l’autorité préfectorale.

Comme le dit Thierry Renault, vice-président de l’Association nationale de la police judiciaire : « Fini les enquêtes au long cours permettant de démanteler un réseau criminel ou de retrouver un assassin. Fini la lutte si complexe contre la délinquance en col blanc ! Les nouvelles règles seront les saisines rapides et les enquêtes express. »

Cette réforme tombe d’autant plus mal qu’elle intervient dans un contexte où les observateurs qualifiés anticipent une montée en puissance sur le continent européen (ainsi que dans les Antilles françaises, notamment en Guadeloupe) de réseaux mafieux transnationaux ultra-violents et dotés de moyens technologiques perfectionnés.

Les déploiements spectaculaires de spécialistes des violences urbaines tels que la CRS 8 en vue de sécuriser temporairement telle ou telle cité sensible après une énième fusillade pourront peut-être, assortis à des discours martiaux, rassurer une partie de l’opinion publique mais ne remplaceront jamais le travail d’investigation nécessaire pour contrer les agissements du crime organisé et des délinquants financiers de haut vol.

***

Outre son « brillant » bilan ministériel, Gérald Darmanin peut se féliciter d’avoir bien servi l’anglophonie, ce qui lui a valu d’être le lauréat 2021 de l’Académie de la Carpette anglaise présidée par l’écrivain Philippe de Saint Robert. Ses services avaient ainsi mis en circulation une nouvelle carte d’identité dont les mentions écrites en français sont traduites en anglais, malgré les vives protestations de l’Académie française qui y voyait une « atteinte à la constitution ».

Lors des cérémonies des Bobards d’Or de Polémia en 2023 et 2024, les votants lui ont également décerné un Gérald d’Or « pour l’ensemble de ses mensonges » et le Bobard d’Or 2024.

Johan Hardoy
05/01/2025

Johan Hardoy

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