Scandale DSK, affaire Tron, le sexe et la politique sont à la une. Mais avant le désordre des comportements, il y a le désordre dans les esprits. Et la formidable contradiction entre le « jouir sans entraves » de 1968 et la demande de pénal des féministes. Explications.
La France et l’Europe vivent encore dans l’idéologie soixante-huitarde. Le grand carnaval libéral/libertaire impose encore ses normes : la « nouvelle morale » recommande de « jouir sans entraves » et banalise les expressions marginales de la sexualité et les comportements longtemps jugés déviants.
Ainsi, Daniel Cohn-Bendit a pu impunément se vanter de se faire tripoter par des petits enfants ; les pédophiles du Corral ont été puissamment défendus dans les médias ; Jack Lang est un parangon de vertu ; Frédéric Mitterrand doit une partie de sa carrière à son livre autobiographique La Mauvaise Vie où il narre des rencontres avec des mineurs ; de BHL à Finkielkraut, Polanski a bénéficié d’un prestigieux comité de soutien ; les mêmes hommes se sont retrouvés derrière DSK pour son histoire de « troussage de domestique », selon l’élégante expression de Jean-François Kahn. Au fond, tous ces gens-là n’ont fait que suivre la ligne idéologique dominante en l’adaptant à leurs orientations, à leurs goûts et à leurs amitiés. On en viendrait presque à comprendre qu’ils soient indignés des poursuites ou des critiques dont ils sont l’objet. Car eux sont fidèles à l’idéologie dominante, l’idéologie soixante-huit.
L’État donne des cours de sexualité dans les écoles
Longtemps l’éducation morale et surtout l’éducation sexuelle relevait de la famille. L’Etat se gardait d’entrer dans la chambre à coucher ou de recommander des « bonnes pratiques » sexuelles aux adolescents ou préadolescents. Cette époque est révolue. Les programmes obligatoires de l’Education nationale pour les lycées et les collèges (y compris privés) enseignent la sexualité.
Avec un triple biais :
- celui d’un choix relativiste qui serait à effectuer par chacun entre différentes orientations qui se valent toutes ;
- celui d’une prévalence de la fonction plaisir de la sexualité débouchant sur une quasi-négation des autres fonctions, qu’il s’agisse du lien sentimental inscrit dans la durée ou de la procréation ; et donc de la relation profonde entre la sexualité et la famille ;
- celui d’une vision simplement mécanique et purement prophylactique de l’acte sexuel.
Ministres de l’Éducation nationale et présidents de région et de conseil général partagent cette même vision parfaitement réductionniste : une vision, certes, différente mais aussi difficile à contester que celle de la police religieuse de l’Arabie saoudite ! …
Et les chiennes de garde du féminisme réintroduisent le pénal dans les comportements privés
Dans le même temps, la législation a évolué dans un sens répressif. Jusqu’en 1968, le doyen Vedel, éminent professeur de droit, expliquait à ses étudiants que « dans un viol, il y a toujours consentement » : un propos macho qui ne l’empêcha pas de poursuivre une carrière brillante et de devenir membre du Conseil constitutionnel.
Aujourd’hui – et c’est heureux – le viol est réprimé. Les violences conjugales et sexuelles aussi, même si ce type de délit est parfois plus délicat à définir. Mais, sous la pression des féministes, le législateur est allé plus loin : il a créé les délits de « harcèlement sexuel » et de « harcèlement moral ».
Les intentions étaient sûrement bonnes : protéger les faibles, affaiblir les forts. Mais les dangers sont grands :
- d’abord, parce qu’il s’agit de délits éminemment subjectifs ;
- ensuite, parce que c’est une invasion du pénal dans la sphère privée ;
- enfin, parce qu’un « geste déplacé », un « mot grossier » ou un « comportement inapproprié » sont, certes, regrettables mais ne relèvent pas du domaine pénal… déjà très encombré.
Le dernier propos d’homme libre de DSK, c’est « Quel beau cul ! », adressé à la cantonade à propos d’une hôtesse d’Air France. C’est certes un mot de malotru mais cela ne devrait pas relever de la correctionnelle !
La grande hypocrisie de la classe politico-médiatique
Or ces lois sur le « harcèlement » ont été votées ou soutenues par l’intégralité de la caste politico-médiatique. DSK et Georges Tron ont approuvé les lois sur le harcèlement sexuel. Les Amis de Polanski ont approuvé les lois sur le harcèlement sexuel. Les graveleux défenseurs socialistes de DSK ont voté les lois sur le harcèlement sexuel. Jean-François Kahn et ses amis de Marianne ont approuvé les lois sur le harcèlement sexuel. A côté de ces messieurs, Tartuffe était un amateur !
Ce constat met en évidence trois faits saillants :
- d’abord, le déni de cohérence de l’oligarchie dirigeante ;
- mais aussi sa logique totalitaire : multiplier les infractions pénales pour mieux contrôler la société, d’autant qu’on ne fait qu’un usage sélectif des poursuites pénales ;
- l’omerta protège le système : dans la caste politico-médiatique, à propos de DSK, tout le monde savait mais… personne ne parlait.
Les Français ne peuvent plus avoir confiance dans leurs médias
Ils ne peuvent pas avoir davantage confiance dans leur oligarchie politique qui recommande à leurs enfants la licence sexuelle tout en criminalisant de simples paroles ou gestes déplacés chez les adultes.
Le grand renversement
Dans le domaine des mœurs comme dans les autres, on ne voit guère de solutions sans un grand renversement. Moins de textes, moins d’ingérence de l’Etat, un meilleur respect des lois essentielles et une vision plus naturelle, plus humaniste de la vie et de la sexualité. Bref, le renversement du libéral/libertaire par le conservateur/identitaire. Sortons de la crise du sens.
Andrea Massari
Polémia