Par Albert Tureveux, fonctionnaire ER ♦ C’est un événement politique majeur. Un référendum d’initiative partagée pourrait être mis en place sur la vente d’Aéroports de Paris par l’Etat français décidé par Emmanuel Macron. Ce serait une première. Reste à convaincre 4,7 millions d’électeurs de signer la pétition.
Des fleurons très rentables cédés par l’Etat
Dans sa recherche effrénée de fonds budgétaires, le gouvernement Macron a conçu dans son projet de loi PACTE (plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises), un dispositif destiné à relancer la croissance économique en revigorant le secteur privé et d’élargir ce dernier en vendant un pan du secteur public : les aéroports de Paris, seconde valeur boursière de l’État après EDF. D’autres fleurons seraient cédés aux intérêts privés, comme la Française des jeux ou les parts détenues dans Engie… Le gouvernement escompte pour les seuls ADP engranger jusqu’à 200 millions d’Euros. Pour mémoire, la Loi PACTE, facilement adoptée par un parlement dominée par la majorité LREM à l’Assemblée nationale, a été promulguée le 22 mai 2019.
Cette décision est choquante pour beaucoup de Français pour qui les aéroports desservant la capitale relèvent historiquement du secteur public, depuis la création de la société Aéroports de Paris en 1945. Ils sont également considérés comme des outils stratégiques du développement économique. Ce démembrement, s’il a lieu, accentuera l’idée que l’État français renonce peu à peu à sa souveraineté et finalement à toute grandeur, sentiment que l’on a depuis longtemps.
Une vente absurde
C’est aussi une absurdité économique à l’éclairage des exemples précédents. Ainsi le secteur autoroutier, privatisé en 2005 à l’ère Chirac, qui rançonne sans scrupules les automobilistes, situation vigoureusement dénoncée par le mouvement des Gilets jaunes. Ainsi la privatisation de l’aéroport de Toulouse à un groupe chinois en 2015, opération calamiteuse dénoncée par la Cour des comptes en 2018…. Ces opérations à long terme seront très coûteuses à la fois pour le contribuable parce que l’État va se priver de ressources continues et surtout pour les usagers victimes des futures hausses de tarifs. Même si elles permettent de renflouer momentanément les caisses de l’État, ces opérations relèvent à la fois de l’obsession idéologique du libéralisme à outrance et d’un repliement de l’État sur des fonctions a minima, du renoncement à un État régulateur comme la 5e République l’avait voulu.
Mais cette privatisation d’ADP est aussi dangereuse pour notre sécurité. Les aéroports parisiens constituent la frontière de la France et de l’Union européenne, sujette aux risques actuels : terrorisme, migrations et autres trafics. Même si les forces de police continueront d’exercer leurs prérogatives de contrôle et de surveillance, leur efficacité au sein d’un environnement plus ouvert (et si les propriétaires sont étrangers ?) pourrait en subir des conséquences.
Une mobilisation sans précédent
Toutes ces considérations ont mobilisé l’opinion publique patriote et une partie de la classe politique opposée au gouvernement Macron. Une proposition de loi a été enregistrée le 10 avril 2019 à la présidence de l’Assemblée nationale par un large panel (248) de députés et de sénateurs de l’opposition de droite et de gauche. Fondée sur l’article 11 de la Constitution, cette proposition de loi vise à affirmer le caractère de service public national de l’exploitation des aérodromes de Paris. L’article unique qu’elle contient affirme que les aéroports de Paris revêtent les caractères d’un service public national au sens du neuvième alinéa du préambule de la Constitution du 27 octobre 1946. La proposition a été validée par le Conseil constitutionnel ouvrant le processus pétitionnaire aux citoyens.
Comme on le sait, le référendum n’est pas en odeur de sainteté dans l’âme de l’oligarchie mondialiste qui nous gouverne depuis l’échec cuisant de 2005. Récemment, le mouvement des Gilets jaunes a érigé en revendication majeure le RIC. Édouard Philippe a d’ailleurs affirmé en janvier lors d’une réunion du Grand débat national à Sartrouville (Yvelines), «le RIC, ça me hérisse ». On le comprend ! Toutefois, avec les nouvelles technologies numériques, en 2008, une réforme constitutionnelle a rajouté au référendum d’initiative parlementaire prévu à l’article 11, une autre formule : un référendum peut être organisé à l’initiative d’un cinquième des membres du Parlement soutenue par un dixième des électeurs inscrits sur les listes électorales. Nous sommes pour la première fois dans ce cas, à la grande joie des professeurs de droit public. Cependant, il faut bien avoir présent à l’esprit que ce dixième des électeurs représente actuellement 4,7 millions d’électeurs. C’est énorme ! Car si beaucoup de gens sont scandalisés par cette idée de nationalisation, manifester son opposition par une démarche sur Internet peut s’avérer compliquée ou intimidante. De plus, combien de gens sont au courant d’une telle possibilité, ouverte le 13 juin, mais sans publicité médiatique ?
Pétitionnez !
C’est pourquoi, il faut le plus large écho à cette pétition qui expire le 12 mars 2020. Elle est accessible sur une plateforme du ministère de l’intérieur :
https://www.referendum.interieur.gouv.fr/soutien/etape-1
La remplir est d’une difficulté raisonnable. Il faut se munir de sa CNI ou de son passeport et suivre les instructions. Un récépissé est ensuite adressé. Les seuls obstacles au succès de cette pétition seront pour certaines personnes le manque d’ordinateurs, des difficultés de compréhension, l’intimidation ou la paresse.
Alors, si cette vente des Aéroports de Paris vous révolte, mobilisez-vous.
Albert Tureveux
21/06/2019
Source : Correspondance Polémia
- Robert Ménard lance la conquête d’un 2e mandat avec un livre - 28 août 2019
- Pour Michel Onfray, nous vivons dans une dictature orwellienne - 17 août 2019
- Pauvreté et identité, impressions d’un voyage en Albanie - 31 juillet 2019