Vladimir Poutine incarne l’unité du pays, intègre tout son passé depuis la Russie tsariste et orthodoxe jusqu’à la victoire de son peuple sous le régime communiste. François Hollande est une contradiction ambulante.
« Réclamant l’unité du pays dans « l’esprit du 11 janvier », il n’hésite pas à condamner le maire de Béziers au nom des valeurs de la République, que celui-ci n’a nullement enfreintes, alors qu’il est à l’étranger, et dans un royaume particulièrement intolérant ».
Le 9 mai, on défilait à Moscou. La Russie célébrait le 70e anniversaire de la victoire chèrement acquise par le peuple russe contre le nazisme. Vladimir Poutine, après avoir assisté au défilé impressionnant d’une armée retrouvant sa puissance, a participé à un cortège de 250.000 personnes, avec comme eux, à la main, le portrait d’un combattant de la grande guerre patriotique, son père quant à lui.
Pendant ce temps, notre président, encore émoustillé par sa visite chez les rois du pétrole, ces grands défenseurs des droits de l’homme, et après avoir déposé des fleurs aux pieds de la statue du Général, s’en est allé chercher quelques soutiens chez ses électeurs des Antilles.
Après avoir donné une leçon, comme c’est son habitude, pour stigmatiser l’insuffisance des aides aux pays pauvres face aux risques climatiques, il part inaugurer un centre consacré à la mémoire de l’esclavage en Guadeloupe, un monument de la repentance. Peut-être aurait-il pu y inviter ses hôtes princiers du Golfe afin de les informer d’un sujet dont ils ignorent tout, à l’évidence. Vous avez dit « Zanzibar » ? Comme c’est bizarre !
Le périple se poursuivra à Cuba, cette démocratie exemplaire, alliée marxiste inconditionnelle des Soviétiques et dont l’armée a porté la guerre sur la terre africaine, pendant que les opposants, les intellectuels notamment, croupissaient en prison. Ses dirigeants sont les mêmes, et toujours communistes. La gauche française, l’héritière inconsolable de 1793, n’a jamais caché sa sympathie pour cette dictature. Du royaume wahhabite à La Havane, on chercherait en vain la ligne qui permet à François Hollande de donner sans cesse, urbi et orbi, des leçons de morale politique. Si on résume, les Français devraient se battre la coulpe sur leur passé et leur présent, mais les régimes criminels seraient fréquentables ?
Non ! Pas tous ! Il y a Assad à Damas et Poutine à Moscou ! C’est la raison pour laquelle notre président a boudé, comme ses collègues occidentaux, la commémoration de la victoire russe de 1945. Poutine était venu l’année dernière commémorer le débarquement en Normandie, et dans son discours du 9 mai, il a remercié avec élégance les États-Unis, le Royaume-Uni et la France pour leur participation à la victoire contre le nazisme. L’absence des chefs d’État ou de gouvernement occidentaux à une manifestation qui fait vibrer les Russes au plus profond d’eux-mêmes est une faute, une insulte qui renforce le pouvoir de Poutine et accroît les risques de conflit. Le président russe n’était pas seul. Il avait à ses côtés les chefs d’État des deux pays les plus peuplés de la planète : la Chine et l’Inde.
On peut, certes, mesurer le degré de démocratie de la France et de la Russie. On peut aussi comparer leurs dirigeants. Vladimir Poutine incarne l’unité du pays, intègre tout son passé depuis la Russie tsariste et orthodoxe jusqu’à la victoire de son peuple sous le régime communiste. François Hollande est une contradiction ambulante. Réclamant l’unité du pays dans « l’esprit du 11 janvier », il n’hésite pas à condamner le maire de Béziers au nom des valeurs de la République, que celui-ci n’a nullement enfreintes, alors qu’il est à l’étranger, et dans un royaume particulièrement intolérant.
Alors que le chômage vient encore d’augmenter en France, quand celle-ci pourtant ne respecte pas les critères européens pour la dette et le déficit, le voilà qui rappelle à l’ordre le brillant vainqueur des élections britanniques. Il insistait sur la 5e place de la France dans l’économie mondiale. Pas de chance, c’est aujourd’hui le Royaume-Uni, auquel il voudrait donner des leçons. Il annonçait l’inversion de la courbe du chômage. On a eu celle des accidents de la route ou celle des détenus en prison. François Hollande se trompe de politique, mais il se trompe aussi sur sa fonction. On peut critiquer la politique de Poutine, non la manière dont il habite son rôle et son statut.
Christian Vanneste
Source : Boulevard Voltaire
12/05/2015