Par Éric Delcroix, juriste, essayiste et écrivain ♦ L’hystérie de la classe politico-médiatique devant les insultes dites homophobes de la part de supporteurs de clubs de football a quelque chose de beaucoup plus consternant que lesdites insultes. La vulgarité des manifestations de supporteurs dans ce sport de mercenaires cosmopolites n’est pas nouvelle et va bien à la seule activité dans laquelle on puisse faire fortune avec moins de 80 de quotient intellectuel (QI).
Mais nos belles âmes, qui se voulurent « Charlie » après le massacre de journalistes perpétré par les frères Kouachi (2015), oublient qu’elles affectaient alors d’être hostiles au délit de blasphème. Comment peut-on couvrir le droit au blasphème contre Mahomet, voire contre le Christ, et ne pas l’accepter quant il vise, ici et par exemple, les homosexuels en général ?
Insultes, diffamation et blasphème
Avant les nouvelles lois scélérates*, à savoir la loi Pleven dite antiraciste de 1972 et la loi subséquente Perben de 2004 qui a étendu le statut de communauté protégée aux homosexuels, ceux-ci étaient, à titre personnel et comme tout-un-chacun, protégés par la loi du 29 juillet 1881 contre les insultes et les diffamations.
Mais, maintenant, le système pervers des lois anti-discriminatoires conduit à reconnaître des droits à des communautés raciales (pardon, « racisées »), religieuses, nationales, ethniques, de sexe, de mœurs ou même de tares (tant est vaste le champ du « handicap » retenu par la loi).
La fameuse Nuit du 4 août (1789) avait aboli les distinctions des trois ordres sociaux, noblesse, clergé et tiers-état. Il aura fallu attendre 1972 pour que la République, se reniant sans vergogne, rétablisse des statuts communautaires, privilégiés par des protections juridiques spécifiques.
L’hétérosexuel, nouveau roturier à la merci de la bien-pensance
Les banderoles déployées dans certains stades offusquent les nouveaux parangons de la bien-pensance issue de l’américanisation (esprit puritain), au point que la classe politico-médiatique en oublie comme par enchantement son hostilité affectée de « Charlie » à la répression du blasphème.
Aussi ces nouvelles dames patronnesses hurlent-t-elles contre le tiers-état des stades, présumés hétéros, qui se moquent de la nouvelle noblesse que forment les LGBT ! Veulent-ils reconstruire la Bastille et y interner des Gilets jaune et autres croquants de vilaine roture ?
D’aucuns voudront nuancer sans raison mon propos, prétendant que la protection communautaire ici critiquée est réciproque, car protégeant symétriquement les hétérosexuels. Mais ce n’est là qu’un jeu de bonneteau juridique : personne ne sera poursuivi et condamné pour avoir vilipendé comme catégorie, même en termes péjoratifs, les don Juan, les hommes à femmes ou les nymphomanes. Non, personne !
Laissez le foot spectacle à sa vulgarité intrinsèque et cessez de revenir, en invoquant quelque lèse-majesté LGBT, sur la saine licence du blasphème et l’abolition des ordres sociaux.
Eric Delcroix
02/09/2019
* L’expression « lois scélérates », apparue en 1894, s’applique ici, puisque visant historiquement les lois partiales intégrant le mobile (alors anarchiste) à la constitution ou à l’aggravation de l’infraction.
Source : Correspondance Polémia
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