Point de vue analytique de Philippe Christèle
♦ Ce qui frappe dans les résultats du 2e tour des élections régionales, c’est la prime accordée systématiquement aux positionnements les plus droitiers. Preuve par l’exemple, tant au FN que chez Les Républicains.
Au sein du bloc de droite dite « traditionnelle », ce sont les positionnements les plus assumés à droite qui sont en succès. La première preuve vient de Laurent Wauquiez qui a non seulement battu la gauche mais limité le succès du FN dès le 1er tour, comptant sur son territoire d’élection, le seul département (la Loire) ayant vu une décrue du vote FN par rapport aux départementales. On pourrait citer le cas de Valérie Pécresse, qui n’a cessé de faire une campagne très à droite et a été servie sur ce thème par les déclarations de Bartolone sur la race blanche, plaçant de facto la campagne de son adversaire sur un terrain encore plus identitaire que prévu initialement par elle-même. Les contre-exemples sont évidemment, parmi les candidats Républicains et assimilés, les défaites des centristes Vigier et Sauvadet (la victoire sur le fil de Morin en Normandie ayant pu aggraver le score) ou des candidats « société civile » tels que le cataclysmique Reynié en Languedoc-Roussillon ou la nouvelle juppette du show-biz Virginie Calmels.
Au sein du FN, on peut observer le même effet dans deux catégories. Il y a celle des duels ou des quasi-duels. Marine Le Pen en Nord-Pas de Calais ou Florian Philippot dans le Grand Est n’ont quasiment pas amélioré leur score, là où Marion Maréchal Le Pen, en PACA, a pris près de 5 points, témoignant ainsi d’une capacité à rassembler un minimum au-delà du score initial.
Autre exemple en comparant la Normandie et l’Ile-de-France. Dans ces deux régions, la pression du duel droite/gauche aurait pu écraser le candidat du FN. Ce qui ne s’est pas passé pour Nicolas Bay, qui fut une des principales révélations de cette campagne régionale et qui présente un positionnement droitier, s’est en revanche, pour son malheur, réalisé chez Wallerand de Saint-Just qui s’était plu à jouer à contre-courant du positionnement droitier (sottise des « banlieues patriotes » ; critiques contre la Manif pour Tous, …) et n’a récolté qu’une érosion électorale et une sévère désillusion au second tour.
Le FN a, il est vrai, du mal à percer son « plafond de verre ». Cette question va évidemment occuper les réflexions des stratèges du mouvement. Puissent les quelques analyses brossées ci-dessus leur rappeler que tenir la position sur les fondamentaux est politiquement porteur, et qu’on ne brisera pas le plafond de verre en cherchant des positionnements plus « soft », plus « protecteurs » ou plus « apaisés ».
Là est le piège. Tenir bon sur les fondamentaux, voire les adapter encore davantage à une réalité européenne, reste à coup sûr la bonne voie. La vraie révolution attendue du FN est surtout culturelle dans sa pratique de l’action politique, sa capacité d’attraction, d’ouverture vers des alliés ou satellites et de souplesse manœuvrière. Et c’est encore une autre histoire…
Philippe Christèle
14/12/2015
Correspondance Polémia – 14/12/2015
Image : Laurent Wauquiez et Valérie Pécresse