Samedi 3 décembre 2022 avait lieu le 8e Forum de la Dissidence sur le thème « Face au système Macron ». Voici l’intervention de Nicolas Demade lors de cet événement.
Faire face au Grand Endoctrinement scolaire
Introduction
La volonté d’une part d’adapter l’enseignement aux nécessités du marché et d’autre part d’élaborer l’égalité promise par la République en nivelant par le bas ont suffi à détruire l’un des meilleurs systèmes scolaires au monde que la France avait mis 200 ans à élaborer.
Car n’en doutons pas, la décadence de cette École française est un crime prémédité, commis en toute impunité et couronné de succès.
La société libérale n’a pas besoin d’un peuple cultivé. Elle a besoin de consommateurs semi-illettrés, susceptibles d’être déplacés comme des pions dans un système ubérisé des pieds à la tête, abrutis de télévision et de réseaux sociaux, manipulés à chaque élection pour la plus grande gloire de la caste en autoremplacement.
Nous ne pouvons pas nous plaindre de l’inefficacité de l’École : elle remplit admirablement son rôle à l’intérieur d’un certain type de société. On ne la modifiera pas sans changer de paramètres politiques.
L’École ne sera que ce que la société saura devenir : soit l’instrument d’une dissolution rapide dans l’individualisme et le communautarisme, soit l’outil d’une résurrection.
Les étapes de l’effondrement progressif de la France dans le domaine de l’instruction.
Deux grandes dates à retenir dans cet effondrement :
Juillet 1975 : René Haby décrète le « collège unique ».
Avril 1976 : Giscard d’Estaing décide du regroupement familial. La combinaison soudaine du collège unique et du regroupement familial, en irriguant le champ scolaire avec des enfants qui parlaient un français très approximatif et en les mêlant à des petits Français de niveau fort hétérogène, a donné le désastre que l’on sait. Tout ce qui suit dans la politique scolaire, selon Jean-Paul Brighelli, découle de cette décision giscardienne.
Depuis, les ministres se sont succédés, toujours sous l’influence des pédagogistes.
L’abandon de l’apprentissage alphasyllabique de la lecture et de l’écriture, du « bon usage » de la langue, de l’enseignement chronologique de l‘histoire, la raréfaction de la dissertation, jugée trop élitiste, remplacée par l’écriture d’invention et désormais l’écriture inclusive, la réforme des mathématiques, l’abandon des langues anciennes, toutes ces tendances ont trouvé des relais dans les médias et sur le net. Leur progression et leur succès ont coïncidé avec la demande du système libéral, qui n’a besoin que de 10% de cadres et de 90% de consommateurs.
D’où l’instauration depuis des lustres d’un système à deux vitesses : quelques havres privés ou publics où se retrouvent les enfants de l’élite (dont ceux des pédagos) et une masse d’établissements déshérités, entretenus à grands coups de projets avides de budgets où sont regroupés les enfants du limon. Le pédagogisme est la garantie de l’entre-soi, en haut comme en bas. Désormais, quand on est né dans le ghetto, on y reste. Mais on bénéficie de pédagogies souriantes.
Le niveau général s’est effondré ; l’ascenseur social est cassé, le nivellement par le bas a amené une raréfaction des bons élèves. La connivence culturelle, le piston, la situation sociale de papa-maman sont désormais facteurs premiers. C’est ainsi que l’on remplace l’aristocratie républicaine pour une oligarchie d’incapables.
Les solutions au redressement
Les solutions sont connues : revenir à la méthode de lecture syllabique, au par-cœur, à la rigueur des mathématiques, à la syntaxe rigoureuse, à l’histoire chronologique et à la géographie physique, étudier les classiques et étudier à nouveau le grec et le latin, arrêt total de l’utilisation des écrans, écriture à la main. Il faut refonder l’école de la transmission.
Il existe trois axes d’action :
Premièrement, récrire les programmes et les manuels. Les programmes doivent être rédigés en termes simples et concis. Dans les disciplines fondamentales, il faut revenir aux niveaux d’horaires d’il y a 40 ans : par exemple, en CP, quinze heures de Français au lieu de neuf actuellement. Programmes et manuels doivent posséder une forte structure interne à chaque matière, une cohérence d’une matière à l’autre, et une progressivité régulière d’année en année. Particulièrement à l’école primaire, ils doivent privilégier l’apprentissage des éléments, et aller toujours du simple vers le plus élaboré.
Deuxièmement, récuser la doctrine de « l’élève qui construit lui-même ses savoirs » et redonner leur place à des enseignements explicites, structurés et progressifs.
Troisièmement, rétablir partout un bon niveau d’exigence, et donc de travail. Les maîtres doivent pouvoir décider du passage d’un élève dans la classe supérieure en fonction de son intérêt bien compris et sans subir de pression. Un élève ne doit pas passer en CE1 avant de savoir lire et écrire. S’il ne sait pas lire, il faut qu’il redouble, sans quoi il n’apprendra jamais. De même, un élève ne doit pas entrer au collège avant de maîtriser les savoirs fondamentaux indispensables à la poursuite des études. C’est pourquoi il faut établir à la fin de l’école primaire un contrôle des connaissances – avec dictée, questions de grammaire, petite rédaction, petit problème et questions d’arithmétique – et la création d’un cours de rattrapage pour les élèves qui échoueraient.
Mais ces réflexions ne pourraient s’appliquer que si le système politique change.
Nous n’y sommes pas.
Alors que faire pour nos enfants hic et nunc ?
D’abord repenser l’école.
Remettre l’école à sa juste place
Selon Louis Lafforgue (mathématicien français, ayant reçu la médaille Fields en 2002) s’appuyant sur Pascal il existe 3 ordres : l’ordre des corps, l’ordre des esprits et l’ordre de la charité ou ordre de la sagesse. Trois ordres qu’il situe dans une hiérarchie et à une distance infinie les uns des autres.
L’école appartient évidemment à l’ordre des esprits, qui est celui de la pensée.
La pensée est une lente construction humaine, une tradition, un héritage que chaque génération reçoit de la précédente, qu’elle retravaille, enrichit, transforme et approfondit. L’école est par définition le lieu où les nouvelles générations sont introduites dans les traditions culturelles de l’humanité qui portent la pensée.
Il existe aujourd’hui une grande confusion entre l’ordre des esprits et l’ordre des corps.
On la perçoit évidemment dans la tentation de l’utilitarisme vers lequel beaucoup voudraient pousser l’école, et la poussent effectivement.
Cet utilitarisme jaloux est d’ailleurs à très courte vue. La pensée ne trouve à déployer toute sa puissance sur les corps que si l’on respecte la distance qui la met plus haut, et qu’on la laisse libre de suivre sa propre logique. Il est donc probable qu’en refusant cette distance, l’utilitarisme ne cherche pas tant à développer les richesses matérielles, comme il le prétend, qu’à nier qu’il n’existe rien au-dessus de ces richesses.
Il faut au contraire que notre société comprenne et reconnaisse la distance infinie qui met l’ordre de l’esprit au-dessus des biens matériels. Cela signifie évidemment que, par l’entremise de ses instances politiques, elle établisse comme par le passé l’école en tant que lieu séparé et voué à la transmission des formes de la pensée aux nouvelles générations, qu’elle y envoie tous ses enfants pendant un certain nombre d’années où ils sont exempts de tout travail productif, et qu’elle y consacre une part importante de ses ressources sans en attendre de contrepartie immédiate. Elle doit veiller à ce que ces années soient réellement dédiées à l’étude, et donc attendre des maîtres qu’ils donnent aux élèves de solides nourritures intellectuelles et soient exigeants envers eux. Elle ne doit pas accepter que le contenu des enseignements soit dicté par des impératifs économiques à courte vue.
L’ordre des esprits auquel introduit l’école ne comprend pas seulement l’intelligence. Il englobe aussi la volonté et le caractère. L’école doit entraîner les élèves à goûter le travail bien fait et la rigueur, à accepter et même à désirer que l’on soit exigeant envers eux, et à devenir de plus en plus responsables d’eux-mêmes. Dans la perspective de la vie active, le bagage sans doute le plus indispensable est l’habitude du travail, de la rigueur, de l’attention prêtée aux personnes et du soin accordé aux tâches et aux choses.
L’école doit donc permettre aux enfants des déshérités de se rendre maîtres de toutes les ressources du langage, de la culture et du savoir. Elle doit permettre que les plus brillants de ces enfants ne soient pas automatiquement aspirés par les classes dirigeantes de la société, qu’ils continuent de se considérer comme liés aux classes populaires, et qu’ils disent ce qu’elles pensent mais ne savent pas expliquer.
Une école redevenue école de l’instruction, de la culture et du savoir, doit élever dans l’ordre de l’esprit beaucoup des enfants des pauvres. Certains deviendront alors de grands intellectuels qui se souviendront de leurs origines, choisiront de ne pas se fondre dans les classes dominantes et pourront parler au nom du peuple, avec le raffinement d’une pensée élevée.
Ne serait-ce que dans le but de permettre l’émergence de telles personnalités, et plus fondamentalement parce que l’ordre intellectuel est d’une nature différente de celui de la société, l’école doit ignorer la distinction entre les classes sociales, dispenser à tous les enfants rigoureusement les mêmes enseignements solides et approfondis – indépendamment des conditions économiques dans lesquelles ils vivent –, et leur présenter les mêmes hautes exigences.
Une école qui se consacre à transmettre des connaissances établies et objectives, construit en vérité l’homme en toutes ses dimensions. Elle lui donne le langage, la culture et le savoir, qui sont les conditions de la pensée. Elle le rend capable de liberté, de responsabilité et d’action, autrement dit elle le rend maître des corps. Et enfin elle lui donne le pressentiment de l’appel plus haut qu’il porte en lui.
Une solution concrète pour parents en déroute
L’éducation nationale aujourd’hui représente un danger pour nos enfants, nous l’avons vu précédemment.
Sa réforme n’est pas à l’ordre du jour. Même si elle doit, rester un objectif à long terme.
En attendant un changement politique, il nous faut agir pour nos enfants, les inscrire dans les écoles hors contrat qui ont fait leurs preuves ou en créer d’autres si elles n’existent pas.
Les écoles privées hors-contrat, à l’inverse du privé sous-contrat, se créent indépendamment de tout projet étatique et ne bénéficient d’aucune subvention publique. Elles jouissent d’une liberté pédagogique et éducative totales. On dénombre 2 377 établissements scolaires hors-contrat. L’interdiction de l’instruction en famille (sauf motifs dérogatoires) et l’obligation de scolarisation des enfants des trois ans au lieu de six ont entraîné une hausse des créations d’écoles élémentaires libres. En France, on compte désormais 90 000 enfants scolarisés dans un établissement hors-contrat.
Il faut donc soutenir nos écoles hors contrat. De par leur nature, elles coûtent extrêmement chers. Mais pour les garder ouvertes aux profils extérieurs, aux profils ouvriers, aux profils ruraux, il est de notre devoir de la rendre accessible.
Et ce devoir ne peut passer que par un soutien actif des entrepreneurs patriotes. Sans en attendre aucune contrepartie. Quitte à ne pas acheter sa résidence secondaire, quitte à faire une croix sur ses vacances au ski, quitte à renoncer au dernier XC90…
Nous n’y arriverons pas sans sacrifice.
Il nous faut aussi, dans nos propres milieux, faire notre propre autocritique, notre propre révolution.
Qui aujourd’hui souhaite que ses propres enfants deviennent maître ou maitresse ?
Qui aujourd’hui encourage ses enfants à s’orienter vers les filières manuelles ?
Qui aujourd’hui met en garde ses enfants sur les carrières au sein des « big four » ou dans les carrières financières ?
Qui aujourd’hui encourage ses enfants à rester sur la terre de ses ancêtres ?
Qui aujourd’hui serait heureux que son enfant devienne agriculteur ?
Mais hauts les cœurs ! Nos anciens nous ont transmis les trésors de la civilisation européenne ! A nous de les transmettre ! A nous de fournir les outils à nos enfants pour qu’ils se forgent un esprit libre.
Libre de refuser l’immigration-invasion sur notre continent à l’instar de Thaïs d’Escufon ou de Damien Rieu.
Libre de refuser la propagande, qu’elle soit d’état, sanitaire, universitaire ou médiatique à l’instar de Nicolas Faure, Pierre Gentillet, Jean-Luc Coronel de Boissezon ou encore Jean-Yves Le Gallou.
Libre de refuser le jacobinisme et transmettre nos joyaux régionaux à l’instar de Yann Vallerie ou de Virgile Dernoncourt.
Libre de répondre avec humour aux boomers à l’instar d’un fringant Jean-Eudes Gannat.
Libre de transmettre le Beau, le bon et le vrai à l’instar de Renaud Camus et Michel Geoffroy.
Libre de résister à l’instar d’Aurélien Verhassel et des jeunes lillois de la Citadelle.
Notre responsabilité est immense.
A la victoire !
Nicolas Demade