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Face au déracinement, fonder une communauté – Victor Aubert – VIe Forum de la Dissidence

Face au déracinement, fonder une communauté – Victor Aubert – VIe Forum de la Dissidence

par | 3 décembre 2020 | Économie, Politique, Société

Face au déracinement, fonder une communauté – Victor Aubert – VIe Forum de la Dissidence

« Assimilation ? Séparation ? Communautarisation ? Remigration ? » Voilà le thème du VIe Forum de la Dissidence. Cet événement – ayant exceptionnellement eu lieu dans les locaux de TVLibertés, Covid-19 oblige – entendait donc étudier les différentes possibilités de régler la grave question identitaire et démographique à laquelle la France est confrontée depuis des décennies. Au cours de cet événement, Victor Aubert – professeur de philosophie, président d’Academia Christiana et jeune père de famille – est revenu sur la nécessité de fonder une communauté.
Polémia

 

La communauté est une nécessité anthropologique

Aristote nous a appris que l’homme est un animal politique. Avant de se penser comme un individu « libre et autonome », l’homme reçoit d’autrui les soins nécessaires à la vie. La famille est le premier échelon communautaire au sein duquel l’enfant apprend à devenir homme. La communauté est une nécessité psychologique et sociale. Bien que l’homme soit capable de solitude et d’auto-affirmation, il est inexorablement attiré par l’autre et ne peut se réaliser sans donner ni aimer.

Qu’est-ce qu’une communauté ?

La communauté repose la nécessité, mais aussi sur les liens du sang, la proximité géographique, une culture et des vertus partagées ainsi que des aspirations spirituelles. La communauté implique la conscience de partager un destin commun. Le lien communautaire n’est pas un lien contractuel qui reposerait sur un choix purement rationnel ou l’intérêt individuel. La communauté n’est pas une somme d’atomes égoïstes et interchangeables. La communauté ressemble à un organisme vivant : les parties ont des fonctions différentes mais elles ne sont pas étrangères les unes aux autres. Les parties sont au service du bien du tout et c’est ce principe qui leur donne leur unité. La communauté existe à différents échelons, comme ces petites patries charnelles, qui s’imbriquent les unes dans les autres, telles des poupées russes. Je suis membre d’une famille, d’un clan, d’une paroisse, d’une ville, d’une province et d’une nation qui appartient elle-même à un ensemble civilisationnel plus vaste.

Comment l’individualisme a-t-il été enfanté ?

L’individu roi est le plus terrible des enfants que la modernité ait portés jusque-là dans ses flancs. Il veut ne rien devoir à personne mais il attend tout de l’État. L’État, ce monstre froid dont la bureaucratie et les prestations sociales ont remplacé les solidarités humaines de proximité. Pensons à toutes ces normes européennes, si contraires au bon sens le plus élémentaire, qui détruisent chaque jour des pans entiers de l’économie locale au profit des grandes multinationales.

La société industrielle et l’expansion du marché ne cessent de créer de faux « besoins », que l’on devrait satisfaire pour atteindre des paradis artificiels. Ce qui, autrefois, était donné par la communauté, est devenu payant : garde d’enfants, prêt de matériel, covoiturage, maisons de retraite… La publicité omniprésente nous persuade qu’il faut consommer sans cesse. Nouvelle tablette, nouvel aspirateur, lave-vaisselle, poussette, baskets… À renouveler dès la sortie d’un nouveau modèle. Le prix de notre addiction à la consommation, c’est l’aliénation à des métiers lucratifs souvent vides de sens, dans des entreprises où la compétition règne, l’autre devenant un rival.

La communauté a-t-elle totalement disparu de la société moderne ?

Le déracinement déracine tout, sauf le besoin de racines ! Depuis l’avènement de l’immigration de masse, nous assistons à une communautarisation des populations d’origine immigrée. La société multiculturelle ne parvient pas à assimiler les individus. Trop nombreux pour en sentir le besoin. La repentance, l’ethnomasochisme et l’oubli de notre passé ne donnent à personne l’envie de se sentir Français. Peuplant les banlieues de nos métropoles et maintenant de nombreux quartiers dans nos villes moyennes, les populations immigrées se groupent et font communauté. Nous ne les avons pas « parquées », elles ont fait bloc, reproduisant ici les cadres traditionnels de la vie au bled. Quand ces lieux ne sont pas colonisés par des commerces exotiques, ils deviennent des zones de non-droit à cause des trafics et des violences infligées par haine antiblanche. Les indigènes – nous ! – fuient vers les campagnes ou le péri-urbain préservé.

Faut-il lutter contre le séparatisme ?

La République est « une et indivisible », elle ne reconnaît aucune communauté. Le président Macron nous l’a bien rappelé dans son discours sur les séparatismes. Le projet républicain consiste à imposer ses valeurs à l’ensemble des citoyens : fin de l’école à la maison, restriction de liberté pour les écoles libres, diabolisation de toute forme de dissidence.

Dans son Essai de physiologie sociale, le philosophe paysan Gustave Thibon compare la nation à un organisme vivant. Ce dernier tombe malade quand un organe tend à mener sa vie propre. La dysharmonie ne peut durer indéfiniment. Certains cancers ne guérissent que par ablation.

Lorsqu’un organisme vivant est confronté à un corps étranger, celui-ci peut être assimilé, dans le cas de l’aliment comestible, ou bien combattu s’il est toxique.

Dans un organisme malade, l’unité dégénère en centralisation et la pluralité en anarchie. Cette pseudo-unité qu’est la centralisation se fait généralement autour de l’élément le plus corrompu. Un corps malade est asservi aux exigences du moins sain de ses organes, une nation malade est gouvernée par la lie de ses habitants.

Le mal appelle un remède artificiel, « la lutte contre les séparatismes », « les valeurs républicaines », et le remède artificiel, à son tour, après un coup de fouet factice, aggrave le mal. La dissolution anarchique cherche dans un étatisme glacé un refuge contre elle-même.

Que faire ?

Rester seul, c’est disparaître. La vie urbaine dans nos mégalopoles ressemble de plus en plus à une mauvaise soupe dans laquelle le mélange des ingrédients aurait abouti à une absence totale de saveur. Les identités sont dissoutes au profit d’une culture de masse abêtissante et vulgaire : Hanouna, Netflix, Disney, McDonald’s, et H&M.

Le rêve du multiculturalisme, c’est l’extinction des différences dans le métissage et l’aliénation à la société du spectacle et de la consommation.

Notre seule chance de survie est donc la communauté. La communauté à elle seule redonne un sens à nos vies : sa chaleur nous console de la froideur de l’anonymat. Être membre d’une communauté, c’est être utile à ceux qui partagent une même conception de l’existence et du devoir.

Consacrer nos énergies à bâtir une communauté, c’est s’assurer qu’elles ne seront pas gâchées dans des combats perdus d’avance.

Fonder nos communautés, c’est retrouver notre autonomie et devenir acteur de nos vies. C’est se passer au maximum des infrastructures et des mécanismes imposés par le système. Mais c’est aussi mettre en place des structures collectives pour rendre possible un autre mode de vie, fondé sur la décence commune, la mesure, l’altruisme et la simplicité volontaire. Je terminerai par ces mots de Xavier Eman : « Les premières pierres de ces communautés seront autant de monastères et de phalanstères conservant et entretenant la flamme de la civilisation au cœur de la longue nuit de la barbarie libérale. »

Victor Aubert
Allocution diffusée le 27 novembre 2020

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