En interviewant à Moscou le 8 février dernier le président Vladimir Poutine, le journaliste américain Tucker Carlson n’a pas seulement réalisé le scoop du siècle. Il a aussi donné au monde occidental une grande leçon de journalisme. Décryptage de Michel Geoffroy, auteur de La Super-classe mondiale contre les peuples, La Nouvelle guerre des mondes et Bienvenue dans le meilleur des mondes.
Une leçon de courage, d’abord
En effet, Tucker Carlson n’a pas hésité à braver l’État profond en donnant la parole au président sans doute le plus diabolisé par l’Occident et en lui permettant d’exposer son point de vue en détail, pendant deux heures, alors que nos médias ne cessent de censurer et d’occulter ce qui ne va pas dans le sens de la doxa.
Tout le monde a donc pu voir un Vladimir Poutine maître de lui-même, détendu, qui s’appuyait sur une vision historique globale et qui n’avait rien du fou ou du malade que nous décrivent nos médias à l’envi.
Avec cette interview, Tucker Carlson a donc porté un coup très dur à la propagande occidentale et le Système ne s’y est pas trompé. CNN a d’ailleurs déclaré « avoir le sentiment qu’on a tous basculé dans un monde bizarre » depuis cette interview : où va-t-on en effet, si les journalistes donnent la parole aux diabolisés !
Ce coup est d’autant plus fort qu’il s’agit d’un entretien ayant un impact mondial, déjà visionné au bout de trois jours par plus de 200 millions de spectateurs… Une audience qui écrase celle des médias mainstream.
Une leçon de professionnalisme, ensuite
L’entretien fut, en effet, un échange sérieux et non pas une joute artificielle comme en fabriquent à la chaîne les médias, pour nous faire croire que le pluralisme existe encore en Occident.
Vladimir Poutine, au début, a d’ailleurs demandé ironiquement à Tucker Carlson s’il s’agissait d’un entretien sérieux ou d’un talk-show… Comme le journaliste lui a assuré son intention de conduire une vraie discussion, le président russe a longuement développé ses analyses et ses arguments, sans agressivité mais aussi sans langue de bois.
Cette interview a donc amélioré notre compréhension des événements (ici, la connaissance de la position russe), donc tout le contraire de ce que font en permanence nos médias ou nos « experts » de plateau qui se bornent à commenter en boucle la propagande de l’Ukraine ou de l’OTAN.
Respect mutuel et temps long
La conduite de l’entretien a également tranché sur les pratiques habituelles des journalistes occidentaux, arrogants et impolis, surtout vis-à-vis des dissidents et des opposants.
En effet, Tucker Carlson n’a pas interrompu constamment son interlocuteur pour le contrer et le réduire au silence. Cette interview était, au contraire, respectueuse de l’interlocuteur ; ce qui n’a pas empêché le journaliste américain de conduire l’entretien, de poser ses questions, mais dans un style détendu et non pas dominateur.
Nos médias présentent cela négativement en disant que Tucker Carlson a été dominé par Vladimir Poutine : mais c’est parce qu’ils lui reprochent de ne pas avoir empêché le président russe de parler, de ne pas avoir assuré « la maîtrise de l’antenne », comme on dit en France !
Enfin, l’interview a duré un peu plus de deux heures : elle s’est inscrite dans un temps long, permettant l’argumentation et le débat, tout en soutenant continuellement l’attention. Donc, tout le contraire du zapping médiatique occidental permanent (agrémenté de coupures publicitaires !), qui ne permet jamais de comprendre quoi que ce soit (et telle est sa fonction réelle).
Une leçon politique, enfin
L’interview du président russe par Tucker Carlson revêt enfin une dimension politique évidente, au moment où l’échec militaire de l’Ukraine ne semble plus faire de doute et où l’élection présidentielle américaine se profile. C’est bien sûr ce qui met en furie les bellicistes occidentaux, le parti démocrate américain et… le journal Le Monde. Carlson ne roule-t-il pas pour Trump ?
Tout au long de l’entretien, qui est, rappelons-le, visionné dans le monde entier, Vladimir Poutine a en effet eu le loisir de détailler les menées belliqueuses de l’Occident vis-à-vis de la Russie, mais aussi de rappeler que son pays était prêt à toute négociation au sujet de l’Ukraine, négociation qui avait été interrompue à la demande des Occidentaux[1]…
Preuve de la portée de cette interview : le département d’État américain s’est senti obligé de répondre immédiatement à cette offre de paix réitérée, pour la rejeter évidemment, confirmant par là même les affirmations du président russe ! La vérité finit toujours par triompher…
Le 8 février dernier, Tucker Carlson a donc montré que le grand journalisme – sérieux, professionnel, courageux – n’était pas encore mort outre-Atlantique. Un exemple que certains, chez nous, devraient méditer.
Michel Geoffroy
14/02/2024
[1] Notamment du Premier ministre britannique, Boris Johnson.
Crédit photo : Entretien entre Tucker Carlson et Vladimir Poutine
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