Il y a quelques jours, Jean-Yves Le Gallou, président de Polémia, répondait à plusieurs questions de Breizh-Info sur les derniers évènements politiques majeurs en France et à l’étranger. Voici cet entretien.
Polémia
Bilan des élections européennes et législatives
Breizh-info.com : Tout d’abord, quel regard portez-vous sur les élections qui se sont succédées ?
Jean-Yves Le Gallou : Reportons-nous aux chiffres ! Pour les élections européennes on part de 25 % (2014) et 23 % (2019) pour la droite nationale.
On arrive, en 2024, à 31 % pour le RN plus 5 % pour Reconquête : un très gros tiers de l’électorat. Pour le législatives, le RN passe de 2 députés en 2012, à 8 en 2017, 89 en 2022 et maintenant 143 avec les alliés.
Breizh-info.com : Un succès indéniable, alors, et pourtant contesté ?
Jean-Yves Le Gallou : Oui en politique « Est, ce qui parait » selon la formule de Jean-Marie Le Pen. Or il y a eu un écart, donc une déception, entre les espérances du premier tour et la réalité du second. D’autant que Mélenchon a imposé le narratif d’une victoire du Nouveau front populaire et que Marine Le Pen et Bardella ont reconnu des erreurs, parlé de « fiasco » et de fait concédé une défaite. Allant même jusqu’à purger le délégué général Gilles Pennelle et à qualifier une partie de leurs candidats de « brebis galeuses ». Une expression bien malheureuse d’autant qu’elle oublie au passage qu’en médecine vétérinaire quand il y a un animal malade on abat tout le troupeau… C’est un peu ce qu’ont fait les électeurs…
Rassemblement national : « brebis galeuses » et poules mouillées
Breizh-info.com : Quelles portes de sortie sont-elles envisageables ?
Jean-Yves Le Gallou : En l’état actuel des forces parlementaires, on s’achemine vers un nouveau gouvernement d’extrême centre avec le soutien du ventre mou LR.
À terme, la perspective d’une possible victoire de Mélenchon peut créer une dynamique de « vote utile » au détriment de Marine Le Pen dans le cadre d’une future élection présidentielle. Sur fond de déception du RN et de crainte de LFI, il se trouvera bien un candidat LR pour tenter une « Sarkozy » : des saillies viriles dépourvues d’aucune suite. Entre La droite qui n’arrive jamais (Yves-Marie Adeline) et celle qui ne fait jamais rien (celle de Chirac), la situation est un peu décourageante pour les électeurs qui se retrouvent dans La France d’après (de Sarkozy) …
Indépendamment de ces spéculations, le vrai sujet, c’est l’endettement, le déficit et les perspectives de doublement de la charge de la dette d’ici 2027 (de 40 à 80 milliards d’euro).
Polémia organisera son forum de la dissidence le 16 novembre 2024 sur ce thème : « Faire face au déficit en sabrant dans les dépenses nuisibles. »
Il y a près de cinq ans, Polémia annonçait la dictature Macron
Une France scindée en trois
Breizh-info.com : Il semblerait que, quels que soient les résultats, la République française soit définitivement fracturée politiquement en trois blocs, qui ne peuvent, ni ne veulent plus vivre, penser, agir ensemble. La République française est-elle au bord de la partition, de la sécession ?
Jean-Yves Le Gallou : Ces trois blocs ne sont pas également cohérents :
- Le bloc national l’est, c’est la France profonde, la France périphérique qui veut persévérer dans son être et est lasse d’être pressurée et méprisée.
- Le bloc d’extrême gauche, c’est l’alliance des banlieues de l’immigration et de la petite bourgeoise à prétention intellectuelle : à terme ils n’ont ni la même vision du monde, ni les mêmes intérêts. Un pronostic : les dirigeants blancs de LFI seront grands remplacés comme l’a été Raquel Garrido dans le Val de Marne.
- Le bloc central, c’est un « vote de luxe », le vote qui valorise quand on en parle, lors de l’apéro entre amis ou à la cafétéria d’entreprise, mais qui repose lui aussi sur une incohérence : avec ses mains on vote extrême centre, avec ses pieds on choisit son logement et l’école de ses enfants sur des critères qu’un mauvais esprit pourrait qualifier de « racistes ». Cette hypocrisie est insupportable.
Il y a donc des marges de manœuvre et de progression pour le bloc national. À condition de rallier une partie des élites ce qu’avait réussi à faire Eric Zemmour en 2022 et que Marine Le Pen parvient beaucoup plus difficilement à réaliser. Pourtant il n’y a jamais de grand changement social ou politique sans emporter la conviction d’une partie des élites. À suivre.
La force du « cordon sanitaire »
Breizh-info.com : Pour le moment il y a toujours le cordon sanitaire et l’évacuation des forces nationales
Jean-Yves Le Gallou : C’est évidemment un problème majeur : la neutralisation de la partie la plus nationale de l’électorat qui est sortie du jeu.
Dans les années 1990 dans les villes, il y avait quatre quarts : un quart national, un quart de droite, un quart de gauche, un quart de vote immigré. En sortant le quart national du jeu on a remis les clés des villes à l’immigration clientélisée. D’où la multiplication des constructions de mosquées de la part de maires islamo-gauchistes ou islamo-droitistes (c’est tout comme).
Aujourd’hui, en 2024, la nouvelle exclusion du RN refait de la gauche l’arbitre des élégances ; et, au sein de la gauche, cela place LFI en maître du jeu car ce parti part avec un socle de 6 à 8 % d’électorat immigré, pour le moment captif, ce qui lui donne un avantage décisif sur ses concurrents.
Nul homme n’aura fait plus de mal à la France et à son identité que Chirac et ses épigones, les Wauquiez et les Marleix (Alain), et tous ces LR honteusement réélus avec le soutien de Mélenchon.
Le retour de la violence en politique
Breizh-info.com : On observe aussi, et la tentative d’assassinat de Trump ou de Fico en sont de parfaits exemples, le retour au galop de la violence en politique.
Jean-Yves Le Gallou : La violence est inséparable de la politique. Dans les périodes de paix civile, il s’agit simplement de violence symbolique.
Dans les périodes de troubles : épurations, exécutions et assassinats ou tentatives d’assassinat reviennent à l’ordre du jour. Nous y sommes.
Breizh-info.com : Cette violence s’explique-t-elle justement par les trop grandes différences entre les aspirations sociétales des différentes composantes de notre société ?
Jean-Yves Le Gallou : Sans doute mais aussi par les campagnes de diabolisation de l’extrême gauche et des médias. Ce qui légitime la violence c’est la reductio ad hitlerum ! A défaut d’avoir pu assassiner Hitler en 1933 de petits antifas ou des zinzins – ce n’est pas incompatible – se disent exerçons nos talents sur Trump, Fico, Orban ou les militants identitaires ou du RN.
Le RN face à la dédiabolisation
Breizh-info.com : Le Rassemblement national a tout fait depuis des années pour se dédiaboliser, sans résultat manifeste puisque le « cordon sanitaire » semble tenir bon, avec 2/3 des Français qui rejettent ce parti.
Jean-Yves Le Gallou : La dédiabolisation est un échec total. Pour une raison simple : ce n’est pas le diabolisé qui est responsable de la diabolisation c’est le diabolisateur.
Et le diabolisateur contrôle les médias. Certes Il y a de longues périodes d’accalmie. Mais ce sont précisément ces épisodes de calme qui rendent d’autant plus efficaces, les retours de flamme, les violentes campagnes de diabolisation de deuxième tour (présidentielle 2017, présidentielle 2022 et législatives 2024).
Breizh-info.com : Finalement, le RN ne gagnerait-t-il pas à être plus droit dans ses bottes, sans renier les hommes ni les idées qui ont fait de ce parti celui qu’il est aujourd’hui ?
Jean-Yves Le Gallou : Le RN donne l’impression que son DRH c’est Nicolas Massol, brillant journaliste du journal anarcho-bancaire Libération, flanqué de deux phasmes antifas, Plottu et Macé : sur un seul tweet de Massol, tel ou tel cadre ou tel candidat ou cadre du RN va se trouver éliminé en quelques minutes. C’est évidemment un processus de sélection à rebours. Qui explique l’impression de faiblesse trop souvent donné par certains responsables RN. Peut-on faire confiance pour rétablir l’ordre à des gens qui se montrent si souvent soumis à des forces hostiles ? Et qui affalent les voiles au premier coup de vent. Triste de trouver des marins d’eau douce, là où il faudrait des marins de gros temps.
Breizh-info.com : À aucun moment dans la période électorale traversée, il n’a été question d’abroger les lois liberticides qui encadrent le débat politique en France. N’est-ce pas pourtant le point de départ vers un changement radical de politique ? Un point de départ vital, sans quoi rien n’est possible ? Comment expliquez-vous cette trouille de la droite à porter des idées radicales, tandis qu’en face, la gauche s’assume totalement ?
Jean-Yves Le Gallou : Pour lutter contre la diabolisation il faut s’opposer aux armes de la diabolisation en particulier les lois liberticides qui la légitime. Une opinion peut être discutée, controversée, combattue, durement combattue même, mais elle ne doit jamais être considérée comme un délit. Ou alors on est en Union soviétique ou en Corée du Nord. C’est un peu le rêve de LFI, il est vrai…
Il est quand même étonnant qu’en France en 2024 on ait pu voter en première lecture à l’Assemblée nationale une loi (la loi Lefebvre) criminalisant les propos privés, y compris la blagounette de restaurant d’entreprise. Quelle infamie ! Honte à ceux qui l’ont proposée, votée ou qui n’ont pas eu le courage de s’y opposer comme Julien Odoul. Au fait pour quel bénéfice ? Les stratégies d’évitement ne sont pas fiables dans la longue durée. À trop reculer on n’engendre point !
Antisémitisme et diabolisation : la vraie ligne rouge, c’est l’immigration
Breizh-info.com : Que proposez-vous pour combattre la diabolisation ?
Jean-Yves Le Gallou : La contre diabolisation. Au lieu de paraître reconnaître le bien-fondé de leur diabolisation, les dirigeants du RN auraient dû engager une entreprise de contre diabolisation de leurs adversaires politiques ET médiatiques.
Coté politique, la matière ne manquait pas :
- Contre les racailles islamo-gauchistes de LFI.
- Contre les écologistes saboteurs de l’énergie nucléaire (Tondelier, Voynet, Jadot) et donc responsables de la hausse du prix de l’énergie et de la baisse du pouvoir d’achat.
- Contre les agents de l’étranger (Glucksman agent de l’OTAN en Géorgie, Jadot menant des actions anti françaises avec Greenpeace).
- Contre les Endettors de l’extrême-centre : Attal, Lemaire, Philippe qui ont conduit la France au bord de la faillite
Il fallait aussi décrédibiliser et diaboliser Le Parti des médias et mettre en cause des rédactions d’extrême gauche qui cachetonnent pour des oligarques milliardaires. La gauche parle des « médias Bolloré », alors pourquoi ne pas parler des « médias Saadé », des « médias Arnault », des « médias Kretinsky », des médias Bouygues : l’argent du fuel lourd et du charbon, du béton et du luxe servant d’arbitre des élégances écologiques, sociétales et sociales.
Découvrez le « Manuel de lutte contre la diabolisation » de Jean-Yves Le Gallou
Avenir de la gauche et du centre
Breizh-info.com : En surfant sur le communautarisme, notamment musulman, la gauche et l’extrême gauche font-elles un pari risqué selon vous ? Il suffit de voir en Angleterre…les listes musulmanes qui ont supplanté en partie les travaillistes dans certaines régions….
Jean-Yves Le Gallou : Les Mélenchon, les Delogu (Marseille) et les Guiraud (Roubaix) tout comme les Beschiza (Aulnay) et les Jeanbrun (La Hay les Roses) seront grands remplacés. On ne les pleurera pas ! Pour utiliser une expression dont ils usent et abusent : ils auront le déshonneur et la guerre.
Breizh-info.com : Que peut-on attendre de la rentrée politique et des mois à venir ?
Jean-Yves Le Gallou : Des surprises ! Y compris un gouvernement d’extrême-centre… stable. En attendant la crise financière…
Celle-ci serait possible dès aujourd’hui mais l’heure de son déclenchement dépend de puissances étrangères et de forces obscures. Merci les Endettors qui nous amenés là !
Entretien avec Jean-Yves Le Gallou par Breizh-Info
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