Massimo Luce, journaliste
♦ Stop ! Arrêtez, s’il vous plaît ! La coupe – pas de foot – est pleine !
J’ouvre la radio le matin, et on me bassine avec l’Euro 2016. Je zappe de chaîne en chaîne, mais c’est toujours le même refrain. Le journal régional m’est livré et sur toutes les pages – ou presque – il est question de l’Euro 2016 : tout tourne autour de cet événement. D’abord toutes les publicités : animations dans les centres commerciaux de Nice et de la région, drapeaux, maillots, boissons, même les banques qui s’y mettent, partout Euro 2016. Puis je lis les articles. Tout tourne encore autour de l’Euro 2016 : la grève, la sécurité, les transports, les réservations dans les hôtels, tout dépend de l’Euro 2016. La coupe est pleine au supermarché : yaourts à l’Euro, saucissons à l’Euro, bière à l’Euro. Même la prestigieuse Monnaie de Paris, créée en 864 par l’Edit de Pîtres de Charles le Chauve, et à ce titre la plus ancienne institution française et la plus vieille entreprise du monde, s’est mise au pas cadencé du tout Euro.
Ségolène Royal, interrogée hier le 9 juin 2016 par i-télé, s’inquiète de voir « l’intérêt national mis en jeu » par les grévistes. Oui ! « L’intérêt national » !
L’intérêt national, ce n’est pas les négociations secrètes avec les Etats-Unis sur le Traité Transatlantique, l’envoi de soldats français aux côtés des terroristes d’Al Nosra pour combattre l’armée régulière en Syrie, une immigration massive incontrôlée, un chômage qui bat tous les records, tout comme les déficits, l’insécurité omniprésente, la dégradation de l’enseignement public, etc., l’intérêt national pour tous nos dirigeants, c’est … l’Euro 2016 !
Mais l’Euro 2016, on s’en « foot » !
Quel est donc l’intérêt de ce barnum envahissant ?
Quelques mercenaires venus de l’étranger où ils jouent habituellement et qui vont courir – pas trop longtemps – après une balle pour plusieurs milliers d’euros à la minute. C’est une véritable insulte aux spectateurs qui sont encore assez stupides pour payer ce spectacle futile, et qui ne gagneront pas en une vie tout l’argent que ces mercenaires capricieux et apatrides gagneront en quelques heures.
Je suis également outragé par la référence pernicieuse à la France et à notre drapeau. Alors que toute l’organisation ne se préoccupe que d’envoyer un message mondialiste, cosmopolite, pluri-ethnique, le sentiment national est sollicité à cette mercantile occasion à l’inverse de ce qu’il représente en réalité. L’esclandre d’Eric Cantona à l’encontre du sélectionneur Didier Deschamps le qualifiant de raciste, au prétexte qu’il n’y avait pas assez de joueurs maghrébins dans l’équipe de France et reprise à satiété par tous les médias, est révélatrice de cette hystérie bien pensante. Cela n’a plus rien à voir avec le sport ou la nation, c’est de la propagande politiquement correcte. La soumission au grand « melting pot » mondial régi par le Veau d’Or.
J’ai peine pour les Français qui paieront pour prendre part à cette mascarade dépravée. Je ne connais même pas le nom d’un seul de ces mercenaires qui se « footent » bien pas mal de la France qu’ils connaissent à peine pour la plupart. Quant à moi, même avec des billets gratuits, je n’irai pas au cirque. Même si on me payait, je n’irais pas non plus. J’éviterai les bars qui se sentent obligés par mimétisme de prendre le relais de cette gesticulation grand-guignolesque avec leur écran de télévision. J’aurai tellement mieux à faire pendant ce temps-là.
Massimo Luce
11 juin 2016
Source : Nice Provence Info, 11/06/2016