Paul Voltor, essayiste
♦ Macron a fait son coup d’éclat… Il n’a pas compris, contrairement à Valls, que les Français n’attendent qu’un coup d’Etat. Il crée son mouvement. En Marche… Comme Emmanuel Macron. Le système de la finance apatride a engendré son mannequin pour faire le marketing de la soumission annoncée au capital, l’élite internationale a désormais sa mascotte. Et ce n’est pas pour rien si les premiers soutiens reçus par le ministre dans son aventure sont ceux de patrons du monde de l’entreprise, comme le fondateur de Meetic, Marc Simoncini.
Macron est le candidat du corporate. C’est un winner qui veut nous faire winner. Macron s’est mis en marche, on l’a compris. Il veut aller de l’avant et croit peut-être à la possibilité d’un grand bond en avant pour notre pays.
L’abolition de la politique
Abolir le clivage droite-gauche au centre revient à abolir la politique au profit de la seule et unique technocratie. Macron-candidat n’annonce que le renforcement de cette dictature à visage humain, le renforcement du pouvoir de la bureaucratie bruxelloise. On est toujours dans le même paradoxe de recevoir un discours hyper financier et de vivre comme en Union Soviétique. Macron, c’est Juppé sans la tronche en feuille d’impôt, et c’est surtout Juppé avec la garantie d’appartenir au camp du bien. Il ne peut pas être véritablement méchant, il a été ministre d’un gouvernement de gauche… Il est simplement la raison souriante. Tout le chantage de la campagne sera de dire avec le sourire qu’il faut être raisonnable, que l’on ne peut pas sortir du système tout seul. Tout le chantage du vote utile, du vote raisonnable, du vote « Alain Minc », qui doit d’ailleurs jubiler de voir la synthèse de toutes les compromissions à nouveau incarnée dans le sillage des Balladur, Delors …
Macron, ce n’est pas un libéral, c’est bien pire, c’est le fer de lance de la marchandisation de tout ce qui peut l’être. Il est donc un piège tendu aux gens de droite qui reconnaissent la vertu d’une saine concurrence, la vertu du travail et de l’effort et se plaignent de ces corps intermédiaires sclérosés sclérosants.
Négation de l’exception personnaliste
Le problème de l’idéologie du camp Macron, de ce centre autocentré, est d’avoir fait un hold-up sur le libéralisme. Pensant que l’on ne peut être que communiste ou libéral, nous ne pouvons être dans le temps de l’après communisme que libéraux. Sauf qu’il ne s’agit pas désormais de souscrire à quelques bonnes règles de fonctionnement de l’économie, il s’agit de rendre marchand absolument tout sans aucune exception, et sans aucune contrainte. Le libéralisme, selon le camp Macron, c’est quelque chose qui nie l’exception personnaliste. Exception culturelle étendue et poussée dans ses retranchements : la personne humaine doit échapper à la marchandisation. Et à titre d’application, cela signifie notamment qu’un peuple n’est pas remplaçable une fois les soldes terminés monsieur Macron ; qu’une famille n’est pas la communauté à éliminer à tout prix pour ne disposer que d’individus uniquement attachés à la masse ; cela signifie qu’un salarié n’est pas un Input (de vos process à créer de la plus-value virtuelle) comme les autres ; cela signifie qu’une femme ne peut pas vendre son corps ou son ventre ; qu’un pauvre n’est pas une réserve d’organes pour les riches ; qu’un enfant n’est pas un droit pour quiconque ; qu’un embryon n’est pas une variable d’ajustement ou une simple réserve de cellules.
Pour Macron, l’arrivée massive de migrants est « une opportunité économique ». Pour mieux concurrencer les pays émergents à bas coûts, et combattre les délocalisations, faisons baisser les salaires des Français en déplaçant la main d’œuvre des pays à bas coûts vers chez nous, en remplaçant le peuple. Sachant que cette opération aggrave conjoncturellement les finances publiques, et justifie donc encore davantage les discours sur la nécessité d’accepter la précarisation des emplois et la boucle est bouclée. Il faut faire des efforts, savoir se serrer la ceinture comme les autres pays, précariser pour résoudre le chômage, c’est la nouvelle solidarité. Ok, mais le jour où nous aurons fait sécession avec le capitalisme apatride, le système voudra faire de nous une marchandise en devenir. En attendant, on risque bien de se scléroser autant que les corps intermédiaires et refuser toute loi travail à venir. Une fois que l’on a remplacé un peuple, on pourra remplacer l’humanité, n’en doutons pas.
Unissons les extrêmes plutôt que le centre
Il serait urgent que les indignés qui passent leur nuit debout parlent aux sentinelles et veilleurs debout qui les ont précédés dans cette station, que les sentinelles parlent aux indignés. Que chaque camp neutralise son pédigrée idéologique pour tenter de partager une même conception de l’homme et de la société. Les gens de droite ont été piégés par leur anticommunisme et ont récolté la déconstruction des valeurs auxquelles ils étaient attachés par la transformation de la société en supermarché. Nous ne pouvons pas dénoncer l’immigration de masse sans dénoncer la financiarisation mondialisée de l’économie.
Les gens de gauche ont été piégés par le politiquement correct et ont récolté la destruction des acquis de la République au profit de la transformation de la société en supermarché. Comme toujours, effectivement, le clivage gauche-droite est un piège qui permet au système, derrière une alternance, de se conserver et de se maintenir. La stratégie de Macron est simplement la révélation que le système est devenu tellement puissant qu’il peut ne plus se cacher. S’il faut dépasser le clivage aujourd’hui, c’est pour replacer la personne humaine au centre de toute politique. C’est peut-être en unissant les extrêmes que l’on y parviendra. Dire en commun que nous refusons la mise en esclavage d’une humanité d’apatrides, et donc qu’il ne pourra y avoir de justice sociale sans refus de l’idéologie multiculturaliste et du jeunisme des bonnes mœurs des modernistes, et donc qu’il ne peut y avoir patriotisme et défense de la famille sans le souci de la justice sociale.
Paul Voltor
10/04/2016
Source : Mauvaise nouvelle.fr
Voir aussi : Emmanuel Macron, expert en sorties fracassantes… et en rétropédalage
Correspondance Polémia – 13/04/2016
Image : Emmanuel Macron