Par Jacques Martin-Bricet, avocat en droit pénal, intéressé par les questions d’immigration ♦ L’idée était singulière et attrayante : créer un nouveau modèle d’écoles hors contrat en banlieues, où l’on apprend aux écoliers issus de l’immigration extra-européenne à « aimer la France ».
Mais la promesse d’assimilation de ces enfants a fait long feu. Le réel a fini par s’imposer. Pour complaire aux riches donateurs et aux exigences religieuses des élèves, le projet s’est aseptisé presque totalement.
Le projet d’assimilation de la jeunesse extra-européenne des banlieues se heurte une fois de plus au mur de la réalité.
Depuis quelques semaines, la Fondation Espérance banlieues défraie la chronique. Fondée en 2012 et abritée par la Fondation pour l’école (qui défend la liberté scolaire et une éducation de qualité en France), l’organisme qui gère 16 écoles dans des banlieues, a été l’objet d’un audit indépendant et de plusieurs articles de presse dénonçant de graves dysfonctionnements (abus de confiance, conflit d’intérêt et rémunération illégale du Président Eric Mestrallet).
Le Conseil d’Administration de la Fondation pour l´école a décidé, le 9 avril dernier,de dissoudre sa fondation abritée, la Fondation Espérance banlieues. Persistera cependant une autre structure l’AREB (Association du Réseau Espérance banlieues), née en 2017 , qui sera détachée de la Fondation pour l’école et continuera à gérer le réseau des 16 écoles labellisées « Espérance banlieues ».
Amputée d’une de ses structures qui permettait de défiscaliser grassement l’Impôt sur la Fortune, « Espérance banlieues » survivra grâce à ses très grands donateurs (au premier rang desquels la Fondation Bettencourt-Schueller).
Il est certain que le fait de soutenir« Espérance banlieues » permet aux bourgeois effrayés devant la prise en main de la banlieue par les islamistes de se donner bonne conscience à peu de frais.Mais que vaut vraiment Espérance banlieues ?
De l’espérance au désespoir
L’idée était singulière et attrayante : créer un nouveau modèle d’écoles hors contrat en banlieues, où l’on apprend aux jeunes générations actuelles, fils et filles d’immigrés, à « aimer la France » à travers sa langue et son histoire.
Puisqu’il faut donner des gages au système, les écoles « Espérance banlieues » ne sont pas en reste. Melissa Theuriau et Jamel Debbouze sont mobilisés au chevet d’Espérance banlieues. Elles sont devenues des parangons de l’école de la diversité heureuse.
La mission civilisatrice sauce « Espérance banlieues » se résume désormais au lever du drapeau tricolore le matin, une fois par semaine, quand ça se passe bien… Certaines écoles ont déjà convenu de ne pas le faire aussi régulièrement qu’affiché pour ne pas « froisser le voisinage »… L’uniforme est quant à lui « adapté » aux jeunes de banlieues : un « super sweat à capuche ». En mode « banlieues »…
Et les enfants de l’école pilote Espérance banlieues prennent maitre Gims comme un modèle !
Par ailleurs, la religion qui « ne doit pas être un problème » dans ces écoles, on l’évoque sans crispation aucune. A tel point que le jour de l’Aïd, les équipes enseignantes se posent la question de faire une journée pédagogique, pour éviter que les cours aient lieu !
Le modèle veut même que l’on aille plus loin dans l’expression des opinions personnelles des uns et des autres, mais à quel prix ? Celui de la finalité des écoles « Espérance banlieues » qui était d’assimiler. Rien que ça !
On préfère donc l’expression des singularités qui fait le terreau du communautarisme à la nécessité de la concorde nationale…
Le mythe de l’assimilation
Le projet d’Esperance banlieues n’est pas seulement de se substituer à l’Ecole de Jules Ferry là où elle a échoué, mais aussi de se substituer aux populations immigrées pour s’emparer de leur destin, à des fins d’assimilation.
Toute école hors contrat est censée être une émanation de la société civile (tout citoyen peut en créer une dans le cadre de la loi).
Ce type d’école est de surcroît choisi et non subi par les parents, premiers éducateurs de leurs enfants.
Or les écoles « Espérance banlieues » sont fondées par des personnes extérieures aux quartiers où elles s’implantent. Les parents, en très grande majorité d’origine immigrée musulmane, y voient une école privée accessible (75 € par mois) qui protégera leurs enfants des miasmes de l’école publique impersonnelle, anti-religieuse et progressiste (théorie du genre, écriture inclusive…).
C’est au fond le meilleur parti pour éduquer les enfants des musulmans les plus conservateurs…
Quid de la France, de son histoire et du meilleur de sa culture ? Ils sont réduits au statut de « codes du pays d’accueil » (la France, sic). Entre l’ambition de faire de ces enfants des Français et la réalité, il y a un gouffre. Au fond, Espérance banlieues était une promesse d’assimilation à la France. C’est devenu la promesse de l’insertion professionnelle. Car les parents et enfants d’immigrés ont bien conscience des difficultés de leurs quartiers, des lacunes des écoles publiques, et du mal à trouver un emploi quand on parle mal le Français. C’est beau de prétendre donner un avenir aux jeunes. Mais Eric Mestrallet se félicite de ce que les « grands frères » protègent même les écoles Espérance banlieues … Pourquoi ? Surveiller, rappeler qui domine le territoire, bien perdu de la République.
Alors croire qu’il est possible d’assimiler tout une banlieue qui vit depuis des décennies dans le rejet de tout ce qui s’apparente à la France, avec le degré de pression sociale qui y règne (islam, voile, drogue, tontine, etc.) relève au mieux du fantasme, au pire de l’aveuglement.
Une gestion désintéressée ?
Les récentes révélations publiques sur la gestion d’Espérance banlieues interrogent sur les raisons réelles de son expansion. Qui y trouve son compte ?
Assurément le Président de la Fondation Espérance banlieues, Eric Mestrallet, qui touchait près de 5 000 euros par mois en se présentant partout comme un entrepreneur venant se pencher généreusement sur le sort des enfants de banlieues. Il est par ailleurs très révélateur que cette rémunération ait été demandée expressément par « des bienfaiteurs de premier plan », dont fait partie la Fondation Bettencourt-Schueller, de l’Oréal.
Qui paie, commande, et le modèle « Espérance banlieues » s’étendra grâce à l’argent public qu’il cherche à obtenir, grâce au soutien des grandes fortunes mondialisées…
Au fond, nous sommes face, à une triple soumission : soumission aux codes du système, soumission au Grand-remplaçant, et soumission aux multinationales friquées. Le projet qui fête ses 6 ans est mort-né de ses compromissions.
Jacques Martin-Bricet
20/04/2019
Source : Correspondance Polémia
Crédit photo : Capture d’écran du site Espérance banlieues