Élections municipales de 2014, Valls premier ministre, remigration, politique intérieure… Renaud Camus répond aux questions de Boulevard Voltaire.
Si l’on écoutait le Parti socialiste avant les municipales, ces élections ne devaient pas les sanctionner puisque les gens avaient pleinement conscience des enjeux locaux. Le moins que l’on puisse dire est qu’ils se sont trompés. Quelle leçon en tirer ?
Il n’y a rien de bien neuf sur ce point. Les élections locales ont toujours été un mélange d’enjeux locaux et de réponses à de grandes questions nationales, voire existentielles ou « civilisationnelles ». Il peut arriver que des personnalités d’exception trouvent le moyen d’intervenir en même temps de façon pertinente dans les deux champs (le local et le national), sans rien lâcher. Et là, je suis un peu embarrassé pour citer l’exemple qui me vient immédiatement en tête, parce que dans cette maison je ne voudrais pas paraître trop complaisant pour la direction : mais vraiment le modèle de ce qu’il faut faire, le paradigme, la grande leçon pour nous tous, c’est Robert Ménard à Béziers et toute son équipe. Béziers, c’était pour moi l’élection emblématique, à l’occasion de ce scrutin. Le résultat me confond de gratitude pour le Ciel et d’admiration pour les hommes (et les femmes, et les femmes).
Manuel Valls premier ministre : cela vous inquiète ou vous fait plaisir ?
Bon, évidemment, à première vue, on se dit que mieux vaut Manuel Valls que Christiane Taubira, ou que je ne sais quel remplaciste à tout crin. Mais justement, c’est cela qui est inquiétant. Je crains le syndrome Sarkozy : que Manuel Valls ne soit un Sarkozy vaguement à gauche et ne fonctionne, à l’instar de Sarkozy, comme un leurre, un piège pour les antiremplacistes modérés et prudents, ceux qui pensent qu’il y a bien un petit problème avec le Grand Remplacement — des cinglés comme ce pauvre Camus n’ont pas complètement tort — mais quelques mesurettes suffiraient à nous en protéger (et si, en plus, elles sont prises par un homme « de gauche », c’est l’idéal, moralement, on est couverts, ce ne peut pas être du racisme, qui est avant tout une question de position sur l’échiquier politique).
Ce genre de raisonnement nous a déjà fait perdre cinq ans et plus avec Sarkozy. Je crains qu’avec Valls nous n’en perdions autant. Et pas un instant ne me sort de l’esprit le geste merveilleusement éloquent de Marine Le Pen imitant de la main le mouvement de balancier d’une horloge, à propos du changement de peuple : tic-tac, tic-tac, tic-tac…
Il a eu en son temps des propos assez durs, sur les Roms notamment. Pensez-vous que, premier ministre, il réformera la politique d’immigration de la France ?
Il ne s’agit plus de « réformer la politique d’immigration », pour la centième fois : ça, ce sont les mesurettes auxquelles je faisais allusion à l’instant. Il s’agit non seulement d’arrêter complètement l’immigration, mais de renverser les flux migratoires, d’inaugurer la remigration. Il s’agit de savoir si on s’accommode de la colonisation en cours, de la passation de pouvoir entre une civilisation et d’autres, ou bien si on les refuse, avec l’énergie du désespoir. Or, cette énergie-là, Manuel Valls ne l’a pas, pas plus que ne l’avait Sarkozy. Il en a quelquefois la posture, comme l’autre, à des fins de carrière et de stratégie électorale. N’oubliez pas que, naturalisé tardivement lui-même, il est l’homme des naturalisations de masse. On me reproche de faire un rapprochement entre ces deux points. Mais ce reproche ne fait que refléter la grande illusion antiraciste, qui ne tient absolument plus : les êtres ni les peuples ni les nations ne sont des jetons, des entités interchangeables qui pensent, et qui agissent, et qui sont, en toute indépendance de leur histoire, de leurs origines. Jamais les races n’ont été si taboues, jamais les individus n’ont à ce point chanté dans leur arbre généalogique (comme dit le poète)…
Bernard Cazeneuve à l’Intérieur : une bonne chose ?
Par chance, sur les quatre mille signes que vous m’allouez généreusement, il ne m’en reste que onze pour répondre à cette question-là : euhhhhh…
Propos de Renaud Camus recueillis par Boulevard Voltaire
02/04/2014