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Enjeu économique de l’immigration : trois bobards des « Échos »

Enjeu économique de l’immigration : trois bobards des « Échos »

par | 27 avril 2011 | Économie

Enjeu économique de l’immigration : trois bobards des « Échos »

Le quotidien économique et financier Les Échos a consacré sa « une » du 26 avril et quatre pages aux enjeux économiques de l’immigration. L’occasion de défendre trois bobards : « L’immigration nette ne dépasse pas 100.000 personnes par an », « L’immigration ne pèse pas au total sur les comptes sociaux », « Seule l’immigration est capable de répondre à la pénurie de main-d’œuvre ». Polémia démonte ces bobards repris sur de nombreux médias audiovisuels dont BFMTV, Europe 1, RTL.

« L’immigration nette ne dépasse pas 100.000 personnes par an » : FAUX

Selon les statistiques du ministère de l’Intérieur, plus de 200.000 titres de séjour ont été délivrés en 2010. Dans le même temps, 50.000 personnes ont sollicité un titre de « réfugié politique », soit 250.000 personnes, non compris les entrées clandestines non déclarées. Certes, il a pu y avoir des départs de France. Mais il faut savoir que les trois quarts des entrées ont vocation à être permanentes puisqu’il s’agit :

  • du regroupement familial ou nuptial (les mariages de franco-étrangers avec des hommes ou des femmes du pays d’origine de leur famille) ;
  • de délivrance de titres de réfugié ou de travail qui ouvrent eux-mêmes droit au regroupement familial ;
  • restent les étudiants qui entrent au rythme de 50.000 par an mais qui ressortent lorsqu’ils ne grossissent pas la masse des clandestins (cas de certains « étudiants » chinois ou africains notamment).
    L’arithmétique conduit donc à retenir le chiffre de 200.000 entrées nettes comme un minimum.

Certes, les tenants de la thèse officielle évoquent les chiffres de l’INSEE : 75.000 entrées nettes en 2010… Mais il s’agit de données provisoires appelées à changer. Ainsi, de 1999 à 2005, l’INSEE avait évalué les entrées nettes à 90.000 par an en moyenne, avant, en 2008, de corriger ces chiffres d’un « ajustement » (sic) de 660.000 personnes, soit 95.000 par an de plus. Nous ne pouvons qu’inciter le lecteur à se reporter à ce tableau, ô combien éclairant, sur les méthodes statistiques de manipulation de l’opinion.

Il y a donc eu, selon l’INSEE, de l’ordre de 180.000 entrées nettes de 1999 à 2005. On voit mal comment leur nombre aurait pu baisser depuis, alors même que les délivrances de titre officiel ont augmenté. Tout se passe comme si l’INSEE inscrivait clairement sa démarche dans un déni de réalité : sous-évaluer, année après année, les chiffres de l’immigration et les réévaluer, une fois tous les sept ans, en catimini, sous la rubrique pudique « Ajustement ».

« L’immigration ne pèse pas au total sur les comptes sociaux » : FAUX

Passons sur les nombreuses études sur le sujet : du Rapport Milloz de 1990 aux chiffrages récents de Jean-Paul Gourévitch qui évalue à plus de 30 milliards d’euros le surcoût de l’immigration. Les statistiques de l’INSEE (de 2006) suffisent à montrer la sur-sollicitation des systèmes sociaux (sauf les retraites, mais il s’agit alors de dépenses différées) par les immigrés venus du Maghreb et d’Afrique : 7,5% des dépenses de l’assurance maladie (alors même qu’il s’agit d’une population jeune), 12,6% des dépenses de l’assurance chômage, 25,1% du RMI.

Ces chiffres ne donnent qu’une faible idée du surcoût économique et social de l’immigration :

  • ils sont déjà anciens ;
  • ils ne prennent pas en compte la question de la deuxième génération (enfants d’immigrés nés en France) dont le taux de chômage est particulièrement élevé (trois fois plus élevé pour ceux venus d’Afrique, du Maghreb, de Turquie que pour ceux venus d’Europe du Sud, selon le recensement de 1999) ;
  • ils ne prennent pas en compte les prestations familiales alors qu’en 2009 13% des naissances en France étaient de mère étrangère ;
  • ils n’intègrent ni les autres dépenses sociales des communes et des départements ni les dépenses de logements sociaux ;
  • ils ne prennent pas en considération les dépenses d’infrastructures nécessaires (routes, transports en commun, écoles, hôpitaux, logements, prisons) à l’accueil de populations supplémentaires ; investissements dont le montant a été évalué à quatre fois le salaire annuel d’un travailleur par le prix Nobel d’économie Maurice Allais.

« Seule l’immigration est capable de répondre à la pénurie de main-d’œuvre » : FAUX

L’argument est le plus éculé qui soit : « Ils font les travaux que les Français ne veulent pas faire ». Or la situation varie d’une région à l’autre : il y a des régions de France où l’on trouve des Français de souche (ou des immigrés de seconde génération) pour travailler comme terrassiers, aides cuisiniers, femmes de ménage ou aides soignants, et d’autres (l’Ile-de-France) non.

Par ailleurs, n’est-il pas surprenant de constater que la Seine-Saint-Denis, qui compte 115.000 chômeurs, soit aussi le premier département d’arrivée de l’immigration ? Cela s’explique : l’immigration nouvelle tire les salaires à la baisse, rendant l’accès à l’emploi sans intérêt pour ceux qui bénéficient de filets sociaux. Curieusement, les mêmes qui déplorent le chômage de masse dans les banlieues militent pour la poursuite de l’immigration.

Il y a pourtant un moyen simple, en économie libérale, de pourvoir les emplois dont « personne ne veut » : les revaloriser en augmentant les salaires et en améliorant les conditions de travail. Ce dont précisément le MEDEF ne veut pas : ce qui explique l’article de commande des Échos.

Immigration : privatiser les profits, collectiviser les pertes, le choix des oligarques

L’immigration est un élément de la mondialisation. C’est une délocalisation à domicile. Là aussi, c’est une logique financière qui s’applique : maximiser les profits immédiats des firmes (en baissant les salaires) ; transférer les charges collectives (sociales, d’investissement) à l’État, c’est-à-dire aux contribuables.

Il est naturel que Les Échos, dont le propriétaire Bernard Arnault, patron de LVMH, quatrième fortune mondiale, est un éminent représentant de la superclasse mondiale (SCM), promeuve une telle position : un point de vue que la caste journalistique coupée des réalités défend sans vergogne. Régis Fortin, rédacteur en chef des Échos éditorialise ainsi : « Pour une partie de la population (…) ces évidences (les bobards que nous avons dénoncés – NDLR) sont inaudibles et (…) personne ne se risque à la moindre pédagogie sur le sujet. »

Un peu de pédagogie pour l’oligarchie

Nous aimerions, nous aussi, faire un peu de pédagogie pour les puissants et leur poser les questions suivantes : Régis Fortin a–t-il déjà vécu en banlieue ? Combien y a-t-il d’enfants d’immigrés noirs ou maghrébins dans l’école de ses enfants ? Combien de clandestins, tunisiens par exemple, Bernard Arnault est-il prêt à loger dans son hôtel particulier de 2000 m2 rue Barbet-de-Jouy ?

Les oligarques craignent la révolte du peuple : ils ont raison !

Polémia

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