« Bien entendu c’est off » ; ce que les journalistes politiques ne racontent jamais, par Daniel Carton : encore trop off pour être honnête.
Le titre est alléchant, la 4e de couv’ l’est tout autant. Publié dans la foulée des différentes introspections des journalistes et intellectuels français, ce livre éveille la curiosité. On l’aurait pu penser surfant sur les concepts de transparence de la nouvelle gouvernance raffarinienne.
Las, les espoirs seront déçus. Au prix d’à peine quelques coups de griffe aux dépens des valeurs déjà mortes de la politique française (Rocard, Tapie, Noir ou Giscard), l’auteur nous administre une touchante introspection sur les splendeurs et misères de ces courtisans que sont trop souvent les journalistes politiques.
Bien que bousculé dans sa conscience au soir de sa carrière, Daniel Carton se garde bien de montrer que le roi est nu. Tout au plus a-t-il l’honnêteté ou la naïveté de commenter les choix de ses confrères à vouloir briser ou pas « cette muraille habituellement dressée entre ceux qui savent et ceux qui voudraient savoir mais ne sauront jamais »
Le cas de Le Pen est le plus flagrant :
« Cette muraille, n’a-t-on pas su la fracasser pour aller livrer bataille à Le Pen ? On a eu le courage de dire, d’enquêter, de disséquer, de prévenir. Tout y est passé. Personne ne peut dire qu’il n’a pas su. Le Monde était en première ligne et nous en étions fiers. Avec Le Pen, pas de off. Jamais de off. Si le zèle mis à débusquer les ennemis de la République ne se retrouve jamais pour confondre ses charlatans et ses profiteurs, la presse ne pourra plus continuer longtemps, comme elle l’a fait entre les deux tours de la présidentielle, à battre sa coulpe sur la poitrine des autres. Le Pen est devenu une exception journalistique. Il serait bon d’étendre cette exception à d’autres » (pages 112-113).
Un constat certes intéressant, mais très feutré et bien tardif. Ce ne sont pas avec ces coups de carton que la muraille va s’effondrer !
Philippe Christele
24/02/2003
« Bien entendu c’est off ». Ce que les journalistes politiques ne racontent jamais, Daniel Carton, Albin Michel, 200 pages, 15 euros