Sur les plateaux télévisés le ressenti au matin du 16 janvier était glacial. Ce n’était pas le Moscou-Paris mais le Des Moines-Paris. Le général Hiver s’était mis au service de Trump.
Et pourtant, depuis trois jours, 80 % des journalistes des médias audiovisuels nous expliquaient le contraire. Le terrible coup de froid qui paralysait l’Iowa allait empêcher Trump de gagner le premier caucus du camp républicain. Comme ces idéologues ne veulent jamais voir que ce qu’ils souhaitent et non la réalité, ils se sont une nouvelle fois plantés. Pourtant leur raisonnement était impeccable. Le froid glacial allait décourager les partisans de Trump, beaufs âgés des vastes plaines américaines, alors même que les centres urbanisés, mieux éduqués, allaient voter pour ses rivaux. Eh bien, il faut croire que les arriérés des champs sont plus déterminés que les citadins… ou alors que ces derniers votent comme eux, insensibles aux analyses sociologiques, de haut vol pourtant, des journaleux français.
Le résultat était donc glaçant, comme on dit dans les bonnes rédactions. Lundi soir, Donald Trump a écrasé le premier round des primaires républicaines, dépassant la barre symbolique des 50 % et confirmant plus que jamais pour remporter l’investiture et affronter Joe Biden lors de la présidentielle du 5 novembre. En terminant deuxième, à 21 %, Ron DeSantis évite une humiliation absolue et continue – pour l’instant – sa campagne, contrairement à Vivek Ramaswamy qui a jeté l’éponge pour se ranger derrière Trump. Troisième à 19 %, Nikki Haley, elle, mise tout sur le New Hampshire la semaine prochaine, où elle espère talonner, et faire douter, l’ancien président.
Non seulement Donald Trump dépasse la majorité absolue, autour de 51 %, mais l’ancien président a presque réalisé un carton plein, en s’imposant dans tous les comtés de l’Iowa sauf un – 98 sur 99. Avant Trump, le plus gros score pour un républicain était 41 % (George W. Bush en l’an 2000), et le plus gros écart sur un second n’avait jamais dépassé 13 points. « Je pense qu’il est temps maintenant pour tout le monde, pour notre pays de s’unir […]. Qu’il s’agisse des républicains ou des démocrates ou des libéraux ou des conservateurs », a déclaré l’ancien président, qui regarde déjà vers le 5 novembre et une probable revanche face à Joe Biden. Ce dernier a d’ailleurs réagi sur X : « Donald Trump est le net favori de l’autre camp », a jugé Joe Biden, en appelant aux donations pour lutter « contre les républicains extrémistes du Make America great again (MAGA) ».
Le journal Le Monde ne cache pas son inquiétude ni sa hargne. « Dans l’Iowa, l’ancien président des États-Unis a confirmé son statut de favori de la course à l’investiture républicaine pour l’élection du 5 novembre. Un résultat aussi embarrassant qu’inquiétant pour la démocratie américaine… Pour la première fois, des électeurs étaient appelés à se prononcer sur un ancien président dont le dernier acte avait été de fouler aux pieds des principes cardinaux de leur pays : le respect des résultats d’une élection et le transfert pacifique du pouvoir dans le cadre d’une alternance. Trois ans plus tard, les électeurs républicains ont oublié les images dégradantes des partisans du président sortant prenant d’assaut le Capitole, à Washington, pour empêcher la certification de la victoire pourtant indiscutable de Joe Biden. Pis, une bonne partie d’entre eux continue de souscrire à la théorie du complot délirante d’une élection volée entretenue par le battu. » Salauds d’électeurs !
Tout ira mieux sans doute quand les « petits Blancs » seront totalement minoritaires dans le pays qu’ils ont fondé. Mais rien n’est moins sûr. Car voilà que, nouvelle abomination, Trump est en passe de gagner le vote hispanique. Désormais Donald Trump espère s’appuyer sur ce vote hispanique pour battre Ron DeSantis, tout en essayant de rassembler ce vote pour l’élection générale face à Joe Biden en novembre 2024. La stratégie de l’ancien président américain est de diversifier son soutien basé jusqu’ici sur l’électorat blanc et rural. Du jamais vu pour un candidat républicain récemment. Lors de l’élection de 2020, Donald Trump a recueilli 32 % de l’électorat hispanique traditionnellement acquis aux démocrates. C’est le meilleur résultat pour un candidat républicain depuis Gorges W. Bush il y a près de deux décennies. Les déboires judiciaires de Donald Trump semblent lui attirer la sympathie des Latino-Américains, qui pour beaucoup ont fui des régimes répressifs et se reconnaissent dans la défense du milliardaire qui se dit victime d’une vendetta politique. « C’est une persécution politique comme au Venezuela et au Nicaragua », explique Fabio Andrade, un homme d’affaires américano-colombien membre de l’association Republican Amigos.
34 millions, c’est le groupe racial minoritaire le plus important qui se sent cependant plus proche souvent des Blancs réacs que des Noirs et des woks. Outre son succès auprès de l’électorat hispanique, Donald Trump est soutenu par 22 % de l’électorat noir, selon un sondage du New York Times et du Siena College. Trump candidat post-racial… Obama, au secours !
Pierre Boisguilbert
18/01/2024
Crédit photo : Domaine public
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