Le président français a été plus hors-sol que jamais à Marseille. Emmanuel Macron s’est rendu dans la cité phocéenne lors d’une visite surprise pour que les Français relie sa personne à une opération prétendument XXL contre le trafic de drogue.
Emmanuel Macron a complètement marginalisé ses ministres et a effacé les autres présences, notamment celle de Gabriel Attal, cela devient une habitude. Tout cela est « téléphoné », il s’agit de communiquer sur le secteur sécuritaire où il est jugé comme nul dans la perspective des européennes. Il les a peut-être perdues d’ailleurs lors de cette visite surréaliste.
Ce qui s’est passé montre que le président ne comprend rien ou refuse de comprendre ce qui se passe dans ces quartiers aux populations issues très largement de l’immigration. La façon dont il a été traité comme une bête curieuse mais non respectée lui ouvrira-t-elle les yeux ? On peut en douter.
« Calmez vos petits CRS »: un jeune interpelle Emmanuel Macron à Marseille pic.twitter.com/LMqCin6sN7
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On remarquera tout d’abord que le président a été bien mieux accueilli à La Castellane qu’au Salon de l’agriculture. Mieux accueilli par des immigrés urbains que par des paysans de souche. Il y a bien deux pays.
En fait, c’est une célébrité, le Mbappé de la politique, qui a été saluée plus que le président avec des autographes et des selfies. Qu’en pensent ceux qui ont tellement critiqué Bardella ?
Macron est venu parler de la guerre contre les trafiquants de drogue, mais qui lui en a parlé ? Comme si ce n’était pas le vrai problème pour les habitants, en tout cas pour ceux qui se sont déplacés dans le cadre de l’espace ultrasécurisé pour le président. Un jeune a dénoncé avec d’autres la violence policière. Macron est resté souriant, il a presque approuvé et demandé qu’on y regarde de plus près. Le président a dialogué un long moment avec ce jeune, casquette à l’envers, aussi vindicatif qu’arrogant contre les CRS, les policiers vont apprécier. Est-ce le rôle d’un président de prendre en compte ce type de parole ? Les Français apprécieront.
« On essaye de faire le maximum […] on a appelé à un cessez-le-feu »: Emmanuel Macron répond à une habitante émue par la situation dans la bande de Gaza pic.twitter.com/teJpOZeJsX
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Une question ou deux sur la guerre en Ukraine, loin de la guerre contre la drogue. Mais surtout un thème récurrent : Gaza. Ce qui mobilise la population de La Castellane, ce n’est pas le trafic qui tue dans leur ville, c’est le sort des Palestiniens de Gaza. Et l’on a eu un président embarrassé, tentant de justifier la position française. Pas question de fâcher. Il n’a jamais évoqué la montée de l’antisémitisme. Les Français qui ont suivi cette visite de trois heures seront sans doute éberlués par le comportement du président. Il y a peut-être perdu les européennes. Dans cette France de la diversité qu’il apprécie tant, pas beaucoup de diversité, mais une imprégnation communautaire très forte avec une idéologie très marquée en faveur d’une sensibilité arabo-musulmane. Il aura évité la célébration du cessez-le-feu en Algérie du 19 mars, porte ouverte aux pires atrocités… Pour cette visite, quel choix de date il aurait mieux fait d’aller voir des harkis. 19 mars, c’est la journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc… Le président, lui, était à La Castellane.
Macron refuse la défaite avec des coups de menton, pas seulement de l’Ukraine mais aussi contre les narcotrafiquants. Cependant, cette guerre-là, il est incapable de la gagner sur notre propre sol. Il fait de la communication et parle en adaptant son discours au public. Un public qui le photographie mais l’apostrophe et ne le respecte pas. Il est cependant légitimement le président de tous les Français… De tous, vraiment ?
Pierre Boisguilbert
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