Sophie Queribus, infirmière franco-allemande
♦ Les élections allemandes du 24 septembre s’annoncent ternes. Car sans enjeu. Merkel comme son (pseudo) rival Schulz partagent la même vision mondialiste et immigrationniste du monde. Le seul vrai débat possible porterait sur l’avenir du peuple allemand et de sa civilisation, la civilisation européenne d’expression allemande. Ce débat-là, ni les partis politiques (sauf l’AfD forcément diabolisée !), ni les médias n’en veulent.
Un vote sans passion dans une Allemagne se dirigeant entre repentance et autoflagellation vers le collapsus final. Des berceaux vides sur un tas d’or. Sophie Queribus, franco-allemande, apporte son éclairage pour Polémia.
Polémia
Dans quelques jours auront lieu les élections législatives en Allemagne, et Madame Merkel, dont on se souvient peu que le grand-père maternel Ludwig Kazmierczak a porté l’uniforme contre l’Empire allemand à la fin du premier conflit mondial, elle-même mariée deux fois, sans enfant – comme la plupart des dirigeants européens actuels – et au passé plus que trouble du temps de la RDA, demande au peuple allemand de la replacer pour la quatrième fois à la tête du pays. Et elle sera sans doute confortablement réélue (et/ou formera une pseudo « coalition » de politiciens dont les divergences ne sont qu’apparentes), ceci nonobstant les récents débordements du G20 ou autres actualités indélicates, péripéties bien accessoires au regard des actes qu’elle commet à la tête de l’Etat depuis trois mandats.
Chacun en France et dans le monde aura constaté la relative apathie montrée par le peuple allemand face à la plus marquante des décisions de la chancelière : l’organisation, depuis quelques années, de l’entrée massive en Allemagne de plusieurs millions d’immigrés extra-européens, communément appelés « migrants » ou « demandeurs d’asile », venant de pays où leur vie serait menacée, laissant pour la plupart femmes et enfants sur place, et y retournant pour les vacances, et dont certains pensent que dans leur grande majorité ils constituent surtout une immigration économique et démographique, secteurs où dans une certaine mesure ils sont plutôt bienvenus en Allemagne… En effet, le patronat est satisfait de pouvoir à moyen terme utiliser (ou exploiter, selon les points de vue) une main-d’œuvre peu exigeante pour remplir les basses besognes pour lesquelles beaucoup de jeunes Allemands surdiplômés, ou surchoyés car enfants uniques de familles financièrement aisées, seront bien trop qualifiés ou riches pour les accomplir ; et les « économistes » tablent sur ces immigrés pour avoir les enfants que les Allemands n’ont et n’auront pas, permettant ainsi faussement au solde naturel de s’équilibrer et à l’économie de se maintenir.
Les électeurs, subissant cette introduction massive de populations d’autres religions et d’autres cultures organisée par leur chancelière, s’apprêtent donc à la réélire, elle qui, avec son parti en ordre derrière elle malgré d’apparentes divergences d’opinion de certains de ses membres, utilise d’ailleurs pour cette campagne des slogans électoraux souhaitant et vantant par exemple « la sécurité » pour le pays, et use et abuse du drapeau tricolore allemand en fond d’affiches. En comparaison des votes français récents, ce plébiscite à venir peut paraître surprenant et tient bien sûr à plusieurs composantes que l’on ne peut toutes cerner.
Conformisme et apathie
Le conformisme est sans doute une cause essentielle de l’apathie citée plus haut, le mot d’ordre de la vie de certains Allemands pouvant se résumer caricaturalement en ces quatre termes : sécurité, ordre, tranquillité, confort. Le discours politique en Allemagne, tel que retransmis par les médias, est empreint d’un calme et d’un verbiage qui rendent celui que nous vivons en France hautement précis et percutant ; en résumé, il est d’un consensus et d’une fadeur difficiles à imaginer pour des esprits gaulois. Et de nombreux électeurs aimant à ne rien changer choisissent donc de revoter pour le pouvoir en place, parce que l’apathie règne et que peu de choses changent si rapidement au quotidien qu’elles puissent prendre au dépourvu la capacité d’adaptation normale de tout individu ; et lorsque des désagréments liés aux décisions du pouvoir de Madame Merkel sont à supporter (pertes progressives et continuelles de pouvoir d’achat, de protections sociales, de souverainetés, arrivée massive d’étrangers à assimiler, criminalité en hausse, etc.), certains les attribuent même à un mal nécessaire et sont presque contents de s’astreindre à un effort pour le bien commun.
Car, au fond, depuis de nombreuses générations, l’Allemand aime se sacrifier et donner, et sa nature est d’être responsable, organisé, propre et « bon » – tout en appréciant, certes, de le faire savoir. L’image est un peu caricaturale, mais on peut pourtant constater, lorsqu’on les voit vivre tant aujourd’hui qu’autrefois, que de nombreux Allemands sont altruistes et particulièrement xénophiles, contrairement à ce que beaucoup de récits issus de la seconde guerre mondiale propagés par les classes politico-médiatiques dominantes essaient de nous faire croire.
Éducation/rééducation à la culpabilité !
Et c’est là peut-être une deuxième raison profonde à la poursuite d’un vote consensuel : l’éducation/la rééducation vécues depuis 1945, difficilement imaginables pour un Français. Ainsi, le mental d’un Allemand, produit de la société actuelle, est quasi impossible à ressentir, parce que l’imprégnation vainqueur/vaincu est débutée outre-Rhin dès le plus jeune âge. Hitler avait imposé l’interdiction de la scolarité à domicile afin d’apporter le savoir à tous ; cette spécificité en Europe est aujourd’hui parfaitement utilisée par le pouvoir pour formater un mental particulier et uniforme : un mental de coupables et d’assassins, associé à un comportement de soldats de la bien-pensance manipulables à l’envi.
Car un Français peut aujourd’hui encore, sans être automatiquement taxé de « nazi », s’affirmer patriote, entre autres grâce à un passé national glorieux face à l’ennemi allemand de 1945, et se ressentir fier héritier du Roi Soleil, de Lavoisier ou de Pasteur. Mais on ne transmet pas assez à l’enfant, puis à l’adulte allemand, qu’il est aussi héritier de Goethe, de Koch ou de Röntgen et qu’il pourrait être patriote ; caricaturalement, on lui enseigne qu’il est l’héritier de malades antisémites obsessionnels, cruels et sadiques. Aujourd’hui, être allemand dans et parfois aux yeux du monde, c’est être avant tout coupable, de ce-que-tout-le-monde-sait. Chaque Allemand posséderait le mal suprême en lui. Dans son sang même.
Or c’est un sentiment contre nature que de se penser uniquement comme coupable, sans acte, dans son être et dans son identité ; on est ainsi parvenu à rendre artificiellement le mental allemand malade. Artificiellement, car personne ne peut aujourd’hui raisonnablement accuser un Allemand contemporain d’avoir pris part à la politique hitlérienne – et les écrits religieux eux-mêmes libèrent les fils des fautes commises par leurs pères – pourtant, on lui affirme jour après jour combien ses pères étaient mauvais, et combien son être est ainsi potentiellement porteur de nouveaux crimes comparables. Lorsqu’on pense en France entendre souvent parler de la seconde guerre mondiale, on n’imagine pas ce qui se fait en Allemagne. L’imprégnation éducative et médiatique y est sidérante, rappelant des incantations religieuses toutes faites utilisant le passionnel et non le rationnel, empêchant ainsi la moindre analyse par la pensée, et le rappel de l’abomination commise est constant, pouvant ainsi expliquer cette « maladie morale » allemande ainsi qu’une certaine morosité de l’Allemand, un sérieux exagéré, un manque de gaîté, une apathie… Car si déjà, du temps de Voltaire, on pouvait évoquer « l’esprit français » contre « la lourdeur germanique », on a atteint aujourd’hui une absence d’« esprit allemand » totalement abyssale. On ne savoure pas la vie en souriant quand on sait ce que ses pairs, voire ses pères, ont fait. On ne peut pas vivre « trop » heureux ni « faire de l’esprit », quand on porte cela en soi, c’est mal. Un paradoxe, donc, incroyable : on utilise la bonté naturelle inhérente à l’Allemand pour le faire se juger soi-même et se détester, parce que décrété, par d’autres, intrinsèquement mauvais.
L’auto-germanophobie
L’esprit allemand semble difficilement parvenir à retourner la situation et à penser « Mais si je me sens si bon, est-il possible que mes ancêtres aient pu faire tant de mal, et n’est-ce pas l’affaire d’une poignée d’hommes seulement ? ». D’où peu de descendance et des regards plutôt indifférents voire parfois malveillants envers les enfants (évoqué dans un précédent article), car tel le Docteur Pascal de Zola qui se demandait si et comment la tare se transmettrait, en voyant des enfants blonds, certains Allemands y voient inconsciemment ou non l’incarnation d’assassins. Donc si l’on est bon et que l’on est porteur de gènes d’assassins, on doit mourir. Et durant l’agonie, il faut s’en repentir, être morose et conscient du mal que l’on a fait, et donner, au monde entier et surtout pas à soi-même, du moment que par là on peut expier. Et on pourra en même temps sermonner chacun sur ce qui est bien, et continuer à se sentir « meilleur » que les autres, meilleur dans sa bien-pensance et dans sa repentance.
D’autres peuples portent dans leur passé de sombres conflits culturels, religieux ou raciaux avec d’autres ethnies ou peuples et ne s’en portent pourtant pas forcément plus mal, mais pour l’Allemand la culpabilité qu’on lui apprend à ressentir paraît bien lourde. Et plus le temps passe, plus l’imprégnation « germanophobe » semble grandir. On peut rappeler les résultats d’un sondage du Zeit Magazin, résumé dans un article du site www.20minutes.fr datant pourtant déjà de 2010 (« les jeunes allemands ont plus honte du nazisme que leurs aînés ») pour comprendre l’ampleur du phénomène et plus particulièrement la lente migration d’un sentiment de culpabilité collectif vers un sentiment de culpabilité individuel : « Les jeunes Allemands reconnaissent plus que leurs aînés la culpabilité de leurs proches pendant le Troisième Reich. Ainsi 78% des plus de 45 ans estiment que leur famille n’a rien fait de mal sous les nazis. Ils sont moins à le penser chez les 20-44 ans (68%) et encore moins chez les 14-19 ans (56%). »
Il ne s’agit pas ici de prétendre que seule l’Allemagne, dans son peuple et sa culture, est touchée par une disparition progressive, attendu que tous les pays occidentaux autrefois régnant sur le monde sont touchés par ce phénomène. Il s’agit juste de préciser que certains mécanismes utilisés pour la manipulation mentale y diffèrent. Dans les autres pays européens, ne pouvant utiliser la culpabilisation (encore que…) du vaincu à une grande échelle, c’est par d’autres moyens que le quatrième pouvoir oriente l’individu vers la fin de sa culture et de son identité. Et ils y sont tout autant efficaces, comme chacun peut le constater au quotidien, mais ils y produisent des mécontentements électoraux visibles – même si tout autant vains – qui ne sont pas de cette envergure en Allemagne.
A quelques jours d’une étape démocratique importante, on ne peut en tout cas qu’espérer, pour la survie d’un peuple qui a tant apporté à la pensée, à la culture et à la science européennes, que les Allemands, qui verraient en quelque sorte d’un œil favorable la fin du monde qu’ils ont connu, car ce serait « bien fait », ne soient pas majoritaires dans les urnes, et qu’un sursaut libérera les consciences de ce carcan mortifère en amenant sur le devant de la scène politique ou culturelle des figures réellement germanophiles, patriotes, et… enfin anticonformistes !
Sophie Queribus
18/09/2017
Correspondance Polémia – 18/07/2017
Image : Munich – Un enfant de migrants habillé par une bénévole dans un centre de collecte de vêtements.